Page:Farrere - Mademoiselle Dax.djvu/207

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

M. Barrier ! – Pourtant, d’elles et de moi, n’est-ce pas moi de beaucoup, la plus à plaindre ?

« Six pages déjà ! comme je dois vous ennuyer ! Pardon !… Soyez bon tout de même, répondez-moi, dites-moi des choses douces, comme celles que vous me disiez à Saint-Cergues, quand nous nous promenions ensemble chaque matin… Vous vous rappelez le soir de l’orage, dans le chalet des Chats ? Vous vous rappelez, sur le Signal, l’Alpenglün !

« Aidez-moi, secourez-moi, tirez-moi de peine !

« ALICE DAX.

« P.-S. Écrivez poste restante, bureau de la rue de Sèze, aux initiales AMDG. »


La lettre échappa des mains de Fougères et tomba sur le genou de mademoiselle de Retz. Les deux amants ne disaient mot, pensifs l’un et l’autre.

Mademoiselle de Retz, la première, rompit ce silence, Elle ramassa la lettre tombée, en relut deux lignes, et, la jetant sur le lit, prononça :

— Pauvre gosse !

Debout, les mains nouées derrière la nuque, elle songea dix secondes. Son corps immobile et nu semblait un beau marbre vivifié par le soleil. Tout à coup, elle fit trois pas en avant, et vint s’appuyer à son bureau. Une douzaine de feuillets très griffonnés, très raturés, couvraient ce bureau : les premières notes du nouveau roman, Toute seule

Mademoiselle de Retz remua ce fatras. Un souci