Page:Farrere - Mademoiselle Dax.djvu/233

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une muette ! – Figurez-vous que j’ai reçu votre lettre à Monte-Carlo… mercredi dernier… le soir, très tard… Si tard que je ne l’ai pas lue tout de suite. J’ai attendu le lendemain matin. Mais j’ai tout de même pris le premier train ce matin-là !

Au mot « Monte-Carlo », mademoiselle Dax a buté du pied contre un caillou. Et voici qu’elle parle enfin, d’une voix un peu rauque.

— Vous avez laissé mademoiselle de Retz à Monte-Carlo ?

— Oui, naturellement… c’est-à-dire non… mademoiselle de Retz avait quitté Monte-Carlo avant moi…

— Avant vous…

Les joues brunes de mademoiselle Dax sont devenues pourpres.

— Avant vous… Mais alors, vous n’étiez plus… ensemble ?…

— Non, non… naturellement non !… C’était fini… Souvenez-vous… Je vous l’avais dit à Saint-Cergues : un caprice… ç’a été un caprice, et rien de plus.

Mademoiselle Dax a levé les yeux. Elle les baisse de nouveau, elle murmure :

— Pourtant… elle est bien jolie mademoiselle de Retz.

— Bah !… – fait Fougères…

Encore un silence, moins long que tout à l’heure. Fougères sent très bien qu’il est préférable de ne point laisser mademoiselle de Retz s’implanter dans la conversation.

— Donc, vous le voyez, je n’ai fait qu’un saut de