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IX


Au théâtre, ils prirent place dans deux fauteuils voisins l’un de l’autre, au troisième rang de l’orchestre, du côté des violons. Le rideau était déjà levé. Mais la représentation commençait à peine. On jouait le Werther de Massenet.

— Ne me jugez pas, monsieur, – avait dit à Fougères son hétéroclite compagnon, – ne me jugez pas sur ma prédilection pour cette œuvre d’un lyrisme peut-être artificiel. Mais l’ombre du grand Gœthe flotte au-dessus de nos harmonies modernes. Et il y a de la philosophie à glaner dans tous les Werther dramatiques ou musicaux…

Et, dès qu’il fut assis, il se tut, pour écouter voluptueusement.

La salle était presque obscure. Fougères qui ne la connaissait point, la vit confusément, vaste et assez belle, ancienne, très ornée de vieilles dorures noircies.

L’auditoire était nombreux ; quoique l’heure ne fût guère avancée, les places vides étaient rares ; car les Lyonnais dînent tôt, et prisent d’ailleurs l’exactitude.

Le parterre était plein, les galeries regorgeaient, et Fougères, cherchant des yeux les élégances, aperçut des robes dans toutes les loges. Mais les lampes en veilleuse éclairaient trop peu pour qu’on pût juger