Page:Farrere - Mademoiselle Dax.djvu/27

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recueillie, mademoiselle Dax eût mieux aimé la solitude des quais.

Elle suivit quand même le lycéen, qui décrétait, sec :

— Au bord de l’eau, il n’y a que les moules.

Rue de la République, Bernard se dérida. À lui, la foule plaisait et aussi les toilettes des femmes, et les vitrines des magasins, et le bruit oisif des promeneurs. Rasséréné, il daigna marcher près de sa sœur ; après tout, elle était belle fille, quoiqu’il préférât les femmes fardées. Lui, son canotier un peu en arrière, son poing sur sa hanche et sa serviette jetée négligemment sous son bras, il jouait le jeune homme, l’étudiant. Tous ces gens qu’on croisait les prenaient peut-être pour amant et maîtresse ? à quatorze ans, il était aussi grand qu’elle exactement. Il se redressa, et, soudain aimable, s’offrit à la débarrasser de son ombrelle.

— Tu sais, – dit Alice, – il faudra que je passe chez p’pa : j’ai une commission de m’man.

Bernard, immédiatement ironique, s’apitoya :

— Ma pauvre fille ! tu as toujours le chic pour les corvées,toi !

— Mais tu viendras avec moi ?

— Tu ne voudrais pas, ma chère ! j’ai mes devoirs de vacances à commencer.

L’année scolaire était presque finie ; mais Dax (Bernard) était un élève modèle, – ayant on ne peut mieux compris tout ce que les prix et les bonnes notes lui pouvaient octroyer de menus agréments à la maison :