Page:Farrere - Mademoiselle Dax.djvu/33

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— Bonjour, Dax.

Un gros homme, braillard et cordial, tendait une main familière. M. Dax se leva, dépliant son long corps sec, et donna deux doigts :

— Vous venez pour les trames de Canton ?

C’était un fabricant, un acheteur, – et l’affaire était d’importance.

— Oui, je veux revoir la soie… Mais si vous acceptez trente-six francs, « usage », c’est conclu ?

— Non.

M. Dax avait pour principe, commercial et général, de ne jamais dire deux mots quand un suffisait.

Il fit pourtant signe à l’homme de peine, qui le précéda dans l’entrepôt, une lampe électrique à la main.

Les balles de soie s’empilaient en bel ordre, posées géométriquement les unes sur les autres. Des intervalles ménagés permettaient de circuler en tous sens. C’était comme une ville tirée au cordeau, – une ville de soie, – avec des rues très étroites. Au bout d’une de ces rues, M. Dax s’arrêta devant une balle éventrée, qui laissait voir ses matteaux couleur d’or, tout à fait pareils à des nattes de femmes blondes, tordues et tressées, somptueuses.

M. Dax arracha un matteau et froissa dans sa main la soie crissante.

— Voilà, – dit-il, – vous la reconnaissez ? Deux bouts, 22/24. Trente-six francs vingt.

— Sacrebleu ! – exclama le fabricant, – vous ne la donnez pas, votre soie !… Voyons, Dax, disons des choses sérieuses. Vous savez qu’il y a baisse, hein ?