Page:Farrere - Mademoiselle Dax.djvu/35

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même à midi, on ne pouvait pas y éteindre les lampes ! Au plafond, les abat-jour de carton vert découpaient sans trêve leurs ronds de lumière crue…

Là-bas cependant, dans l’entrepôt, l’acheteur plaidait longuement et bruyamment sa cause ; et la voix coupante de M. Dax succédait à cette plaidoirie :

— Trente-six vingt.

Mademoiselle Dax inquiète entendit des jurons sonores. Le gros fabricant furieux se précipitait vers la porte :

— Jamais de la vie ! Allez vous faire foutre !

Il bouscula la jeune fille au passage, et, soudain honteux, s’excusa :

— Oh ! pardon, mademoiselle !… je ne songeais plus que vous étiez là… je vous demande bien pardon…

Il bredouillait, toute sa colère fauchée par le sourire de cette jeune figure fraîche. Et comme M. Dax, à son tour, sortait de l’entrepôt :

— Allons, mon vieux, ne nous fâchons pas, ça ne fait jamais que cent quarante-quatre francs de différence… Je vous les prends à votre prix, vos seize balles ! C’est conclu, là ! Elle est à vous, cette jolie grande fille ?

Une seconde durant, mademoiselle Dax eut l’intuition baroque d’avoir aidé mystérieusement, elle chétive, à cette vente glorieuse des seize balles de soie. Mais l’acheteur parti, M. Dax lui ôta sans tarder cette idée ridicule de la tête.

— À toi, maintenant. Pourquoi es-tu ici, à me gêner ?

Mademoiselle Dax parla très bas. Il lui semblait que