Page:Farrere - Mademoiselle Dax.djvu/37

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VI


Debout devant son armoire à glace, – faux Louis XV, modèle très riche, – mademoiselle Dax dépingla son chapeau.

La glace reflétait une belle fille, grande, souple, charnue, les yeux noirs très doux, les cheveux bruns très lourds. Mais mademoiselle Dax ne goûtait pas du tout sa beauté vigoureuse et se désolait de n’être ni blonde ni pâle. Son idéal artistique était délicat à l’extrême ; elle l’avait découvert un jour sur l’image d’une tablette de chocolat, laquelle image, intitulée Mélancolie, figurait une vierge diaphane, inondée d’une chevelure romantique.

Mademoiselle Dax jeta son chapeau sur son lit, – faux Louis XV, assorti à l’armoire à glace, – et regarda la pendule d’albâtre qui trônait sur la cheminée entre deux candélabres assortis, tel un prêtre en surplis flanqué d’une paire d’enfants de chœur. – Chance, d’être rentrée inaperçue, d’avoir pu passer la porte, et monter les étages, et se réfugier ici, sans que « m’man » à l’affût se dressât dans l’escalier ou le corridor, sans qu’éclatât, sous n’importe quel prétexte, une de ces scènes hargneuses dont la maison retentissait du matin au soir ! – La petite pendule était rassurante : il restait une bonne heure avant le dîner. Contente, mademoiselle