Page:Farrere - Mademoiselle Dax.djvu/38

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Dax tourna à petits pas dans sa chambre, en quête d’un passe-temps. Sur la table à écrire, un volume de madame Augustus Craven s’offrait. Mademoiselle Dax hésita : cette lecture, – passionnante d’ailleurs, – n’était-elle pas bien profane, dangereuse peut-être, pour un soir de confession ? Mieux valait travailler… La tapisserie attendait dans sa corbeille : des moutons au petit point, éparpillés agréablement dans l’ovale d’un magnifique dossier de fauteuil… oui, travailler… ou méditer…

Mademoiselle Dax s’accouda à la fenêtre. La maison, – un petit hôtel particulier, neuf et confortable, – donnait sur l’avenue du Parc, qui est proprement un quai le long du Rhône. La chambre de mademoiselle Dax s’ouvrait sur ce quai. Mais deux rangs de platanes touffus faisaient écran, et mademoiselle Dax voyait, tout juste, à ses pieds, un triangle de trottoir prolongé d’un parallélogramme de chaussée, le tout bien limité et encadré de feuilles vertes. Rien davantage. Point de quoi distraire une âme en méditation.

On frappa à la porte.

— Le Salut Public, mademoiselle…

Le Salut Public est, à Lyon, le grand journal du soir ; format, style et nuance des Débats. – Mademoiselle Dax avait permission officielle de lire tous les jours cette feuille bien pensante, – le feuilleton excepté, toutefois ; les feuilletons de journaux ne conviennent pas aux jeunes filles.

Mademoiselle Dax déploya le Salut Public.

L’article de fond… la politique… le bulletin financier…