Page:Farrere - Mademoiselle Dax.djvu/83

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doit coûter cher de loyer ; c’est grand comme une église !… Et sûrement les meubles sont à eux… Sans compter les deux sans-le-sou qu’ils hébergent. Je suppose que la femme et le mari sont séparés de biens…

Le crépuscule naissait. La forêt chargeait de parfums la brise humide. Chaque sapin, chaque fougère, chaque brin d’herbe était comme une cassolette.

— Quand même, – conclut madame Dax, – ce ne sont pas des relations pour nous. À la campagne, passe. Mais en ville, il y a assez de personnes sensées, Dieu merci ! pour qu’on se dispense de fréquenter les bohèmes. Bah ! ces Terrien nous rendront notre visite, et, après, ce sera fini… Alice, bonté divine ! qu’est-ce que tu as à marcher les yeux au ciel, sans jamais daigner me répondre un mot ?

Mademoiselle Dax regardait obstinément le sommet du Signal, visible au plus haut des collines. Le crépuscule doré, la musique du vent et des cloches, les parfums forestiers la pénétraient toute, tandis qu’elle se répétait, avec une étrange émotion douce, que, fort probablement, pour peu qu’elle sût s’y prendre, elle rencontrerait, là-haut ou ailleurs, presque chaque matin, ceux que sa mère nommait des bohèmes…