Page:Farrere - Mademoiselle Dax.djvu/89

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beauté de ses femmes ; – pour l’âme fière et honnête de son peuple ; – et pour la haute muraille byzantine toujours debout qui l’entoure et l’isole de notre race, de notre siècle, – et de nos fièvres, et de nos neurasthénies, et de nos gangrènes…

Il se tut. Madame Terrien, accoudée sur un genou, et la joue dans sa main, le regardait de côté, sérieuse :

— Mon petit Fougères, vous êtes un drôle d’être… Est-ce que vous les pensez vraiment, ces choses que vous venez de dire ?… ou si c’est de la littérature ?

Il allongea les lèvres, indécis. Elle trancha :

— Oui, n’est-ce pas ? Moitié l’un, moitié l’autre… Je vous aime beaucoup, Fougères, mais ça me ferait tant de plaisir de vous sentir sincère tout à fait…

Il se rebiffa en riant :

— Chère petite dame, vous ne me sentez pas sincère tout à fait, quand je dis que je vous aime tendrement, vous et Gilbert ?

Elle hocha la tête :

— Oui, oui. Ce n’est pas de votre affection que je doute. Vous avez un bon petit cœur, je sais bien… mais une tête, une tête !… Il n’y a pas un seul grain de plomb dedans. Vous voilà tout ému de tendresse pour votre ville barbare. Pourtant vous n’y songiez pas il y a cinq minutes. Et je sais bien qu’avant d’y retourner, il vous faudra des semaines de boulevard, de petits théâtres, de Maxim’s et de Montmartre, si ce n’est pas un bon mois de Nice ou de Monte-Carlo…

— Les extrêmes se touchent.

— Vous secouez la poussière de vos mépris sur la