Page:Fauche - Le Mahâbhârata, tome 1.djvu/583

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Ils ne reconnurent pas le prince dans son aspect misérable, et, l’interrogeant à la ronde : « Qui es-tu, seigneur ? lui dirent-ils ; et de qui es-tu le fils ? » 5254.

Ékalavya répondit :

« Sachez, héros, que je suis le fils de Hiranyadhanoush, que je suis le roi des Nishâdas, le disciple de Drona, et que je me fatigue à étudier le Dhanour-Véda. » 5255.

Après que les Pândouides en furent venus à le connaître d’une manière indubitable, ils reprirent le chemin de la ville et racontèrent circonstanciellement à Drona toute cette merveilleuse aventure. 5256.

Mais Arjouna, le fils de Kountî, ne perdait pas le souvenir d’Ékalavya ; il vint trouver seul en secret son maître et lui dit sur un ton affectueux : 5257.

« Un jour ta révérence, m’ayant embrassé, m’a tenu ce langage, que précédait un mot d’amitié : « Un de mes disciples ne sera jamais supérieur à toi. » 5258.

» Pourquoi y a-t-il un potentat dans ce monde même, qui est supérieur à moi ? Ta révérence a un autre disciple : le fils du roi des Nishâdas ! » 5259.

Drona de songer un instant, reprit Vaîçampâyana, et d’arrêter sa résolution ; puis, accompagné de l’Ambidextre, il s’en alla vers le prince des Nishâdas. 5260.

Il vit, portant le djâta, son corps souillé de taches, et revêtu d’une peau, Ékalavya, qui, son arc à la main, décochait continuellement des flèches. 5261.

Celui-ci, à la vue de Drona, qui vient à lui, s’avance à sa rencontre ; il prend ses pieds et touche du front la terre. 5262.

Quand il eut honoré Drona suivant l’étiquette, le Nishâdain lui annonce qu’il est un de ses disciples et se tient