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Page:Fauche - Le Mahâbhârata, tome 3.djvu/185

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VANA-PARVA.

» Telle est, dans son action d’être, Bharatide, la perlection du monde. Cette perfection est appelée ici la voie, qui est par portions dans les conditions du temps. 1260.

» Jadis mon père donna l’hospitalité à un brahme savant, et c’est lui, éminent Bharatide, qui fit connaître à mon père toutes ces leçons, qu’il avait reçues autrefois de Vrihaspati même. Il les communiqua à mes frères, et je les entendis alors par suite de mon commerce avec eux dans notre palais. 1261-1262.

» Adonnée aux œuvres, amenée par le désir de l’entendre, ce brahme, sire, me les dit, en me caressant, assise sur le sein de mon père. » 1263.

À peine a-t-il entendu ces paroles d’Yajnasénî, Bhîmaséna, poussant des soupirs et bouillant d’impatience, s’approche du monarque et lui dit avec colère : 1264.

« Suis la voie accoutumée des gens de bien, la route légitime d’un roi. Que nous sert d’habiter une forêt de pénitence, à nous, qui sommes privés ici des choses du juste, de l’utile et de l’amour ? 1265.

» Ce n’est, ni par la force, ni par la droiture, ni par le devoir même, mais en recourant à une tricherie aux dés, que Douryodhana nous a enlevé ce royaume. 1266.

» Ce royaume nous fut ravi comme un morceau de chair par celui, qui mange les restes des offrandes, comme une proie enlevée par un faible chacal à des lions vigoureux.

» Te couvrant avec un atôme de devoir, abandonnant l’utile, l’origine du juste et de l’amour, pourquoi te laisses-tu, sire, consumer dans les douleurs ? 1267-1268.

» Ce royaume, défendu par Tare Gândîva, que n’aurait pu enlever Çakra lui-même ; il a été ravi, sous nos regards, à ton inattention ! 1269.