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LE MAHA-BHARATA.

» L’autorité suprême, à cause de toi, nous vivants, elle fut enlevée comme des vilvas à des manchots, comme des vaches laitières à des boiteux ! 1270.

» Un si grand malheur plut ainsi à ta majesté ! Et nous sommes allés pour ta satisfaction, fils de Bharata, dans le juste et l’agréable. 1271.

» Nous affligeons nos amis, nous réjouissons nos ennemis, taureau des Bharatides, en nous comprimant nous-mêmes par les leçons de votre majesté. 1272.

» Nous n’avons pas reçu les ordres de ta majesté pour tuer ces Dhritarâshtrides eux-mêmes, et c’est un méfait, qui nous afflige. 1273.

» Observe, sire, ta conduite d’homme faible, vraie conduite de gazelle, qui n’est pas suivie par les gens, qui se tiennent dans la force, et dont ni Krishna, ni Bîbhatsou, ni Abhimanyou, ni Srindjaya, ni les deux fils de Mâdrî, ni moi ne nous réjouissons. 1274-1275.

» Ta majesté s’est identifiée avec le devoir : « Voilà le devoir ! » dis-tu, continuellement tourmenté par ton vœu. Et nous, hommes pusillanimes, sire, est-ce que nous ne sommes pas tombés de l’humilité dans une vie d’eunuques ? L’humilité est sans fruit : elle tue la fortune ! Et ces hommes, qui n’ont pas la force de nous enlever la couronne, n’en font pas moins des choses agréables pour eux-mêmes ! 1276-1277.

» Ta majesté est clairvoyante, elle a de la force, elle voit le courage, qui est en nous ; mais, toute à la bonté, sire, elle ne s’aperçoit pas des infortunes à venir. 1278.

» Ces fils de Dhritarâshtra, qui nous voient tout supporter, nous, de qui la vigueur peut suffire à tout, ils nous regardent comme des gens qui manquent de force : c’est