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belle aux cheveux blonds.

pignon blanc au milieu d’un bouquet de sapins verts : elle a une étage, pas plus ; les fenêtres laissent çà et là passer au vent leurs blancs rideaux : canards, oies et poulets picorent à qui mieux mieux au pied du balcon, pendant que la porte mi-entr’ouverte laisse apparaître une femme, la fée de la chaumière, qui s’en vient causer avec les fleurs du jardin, pendant que les enfants dorment là-haut ; car je veux qu’il y ait des enfants…

— Oh ! Jules, vous allez trop vite, fit Rose qui, les joues empourprées comme une cerise de juillet, venait d’accepter le bras du taciturne marguillier Nicolas Grondin, arrivé en tapinois auprès des deux rêveurs, pour rappeler d’un air timide et gauche à mademoiselle que la gigue promise frétillait déjà sur l’indiscrète chanterelle des violons.

Longtemps Jules suivit des yeux celle qui le faisait tant hésiter sur le choix d’un avenir, car il voulait le lui faire rose, comme son nom.

Les chassés-croisés de la joyeuse compagnie qui sautait et trépignait autour de lui, laissaient entrevoir par ci par là une jolie robe d’indienne frappée sur le dos de laquelle retombaient en nattes dorées une chevelure blonde et massive.

C’était Rose, sans contredit la plus fraîche et la plus mignonne fillette des environs, même à une bonne distance à la ronde.

Tout le monde le savait ; Jules le premier ; seuls Rose et le dévot marguillier semblaient l’ignorer.