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chap. xii. — la vallée.

nature si puissante et si variée, l’homme éprouve successivement deux sensations tout à fait opposées et qui cependant dérivent toutes les deux du sentiment de la grandeur et de la perfection du Créateur de toutes choses.

Il est forcé de s’incliner et de reconnaître sa petitesse quand il se trouve face à face avec les prodiges de la création ; mais son front se relève bientôt, et alors il s’enorgueillit en reconnaissant qu’il est de tous les êtres créés le plus complètement intelligent, le mieux doué dans son ensemble et celui dont la nature perfectible doit dominer et soumettre tous les autres êtres, qui n’ont en partage que des instincts, des sensations et une intelligence restreinte à l’individu ou à l’espèce, mais non sujette au perfectionnement.

Ainsi, moi, presqu’un enfant, seul, abandonné, sans ressources, sans amis, au milieu de solitudes immenses, j’avais pu, armé seulement de cette confiance en Dieu qui n’est que la connaissance et la conviction de sa grandeur et de sa toute-puissance, j’avais pu, dis-je, en implorant sa protection, sauvegarder mon existence et me remettre en état de continuer, avec une espèce de sécurité, le pénible et long voyage qui me restait encore à faire.