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un dialogue entre un incrédule et un homme convaincu[1]. On sent que les objections qu’il place dans la bouche de l'incrédule ne sont autres que les siennes propres. Elle a été la sienne cette anxiété qui juge qu’il est possible et raisonnable de croire, et en même temps éprouve l’impuissance à croire. On suit pas à pas la route que Pascal a parcourue, et l’on comprend comment les pratiques et les austérités de la vie religieuse furent pour lui les prolégomènes plutôt que les conséquences de la foi.

« Je suis fait de telle sorte, dit l’incrédule, que je ne puis croire. Que voulez-vous donc que je fasse ? »

Voici la réponse que Pascal adresse à l’incrédule, ou plutôt se fait à lui-même : elle est d’une incomparable profondeur.

« Apprenez au moins votre impuissance à croire, puisque la raison vous y porte, et que néanmoins vous ne le pouvez ; travaillez donc à vous convaincre, non pas par l’augmentation des preuves de Dieu, mais par la diminution de vos passions. Vous voulez aller à la foi, et vous n’en savez pas le chemin ; vous voulez vous guérir de l’infidélité, et vous en demandez les remèdes : apprenez-les de ceux qui ont été tels que vous, et qui n’ont présentement aucun doute. Ils savent ce chemin que vous voudriez suivre, et ils sont guéris d’un mal dont vous voulez guérir. Suivez la manière par où ils ont commencé : imitez leurs actions extérieures, si vous ne pouvez encore entrer dans leur dispositions intérieures : quittez ces vains amusements qui vous occupent tout entier....»

  1. Tom. II, pag. 222.