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Ces paroles, qui renferment une des grandes règles de la vie religieuse, et dans lesquelles Pascal s’est rencontré avec les docteurs de la théologie pratique, expliquent en même temps les austérités, autrement incompréhensibles, dont il s’imposa le joug.

Si, à cette époque de sa vie, on l’eût rencontré, sans le connaître, agenouillé comme la plus simple femme, dans un coin de l’église où reposent aujourd’hui ses cendres, puis que, le suivant jusqu’en sa demeure, on l’eût vu se retranchant toutes les choses superflues de la vie, se réduisant à une sorte de pauvreté volontaire, parlant avec humilité aux gens attachés à son service, leur épargnant, quoique faible et malade, la plus grande partie des soins qu’ils devaient à sa personne, on n’aurait sans doute point imaginé qu’un des plus puissants esprits qui aient existé était caché sous ces apparences vulgaires.

N’eut-on pas jugé, comme l’a fait Voltaire, qu’une pareille conduite émanait d’une intelligence que la superstition avait rétrécie et gâtée ? Bien loin de là, cependant : ces pratiques, si étranges dans Pascal au premier coup d’œil, étaient pour lui une voie de plus pour arriver jusqu’à cette vérité suprême que sa raison lui faisait entrevoir. Il voulait incliner vers la foi sa volonté et son cœur, sans lesquels les raisonnements de l’esprit sont une lettre morte, une lumière qui ne brille par moments que pour faire paraître, quand elle s’éteint, l’obscurité plus profonde ; il demandait à de pieuses habitudes, le repos que lui refusait la dévorante curiosité de son esprit.

Du sein de la révélation où il s’est réfugié contre les sollicitations du doute, Pascal, comme d’autres apologistes de la