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lui, il n’y en a pas de plus vénérable que celui de l’homme qui aspire de tout son désir, de toute son intelligence, de toutes ses forces, vers Dieu et vers la vérité.

C’est le spectacle donné par Pascal : c’est par là que son génie demeure encore bienfaisant sous l’immense tristesse qui l’obsède.

D’ailleurs, l’agitation inquiète communiquée aux âmes qui contemplent de près les luttes de cette intelligence supérieure, peut devenir une préparation salutaire pour celui qui veut arriver à la sérieuse connaissance de soi-même.

Nul n’a senti plus profondément que Pascal, et n’a retracé en caractères plus lisibles la grandeur et la misère de l’homme. Ce texte ancien, souvent traité par les Pères de l’Église, semble tout nouveau dans sa bouche et devient le triomphe de son éloquence. Pascal est irrésistible chaque fois que, prenant d’un côté la nature humaine et de l’autre la sagesse des livres saints, il explique l’une par l’autre, et de ce rapprochement fait sortir, comme d’une sorte d’équation mathématique, la vérité et la divinité des Écritures. Il déroule pour ainsi dire les pages les plus secrètes du cœur, et, versant sur ce mystérieux palimpseste les flots de la parole sacrée, il fait revivre et reparaître, sous les caractères confus tracés par les passions, les traits primitifs écrits de la main de Dieu même.

Le grand écrivain qui, de nos jours, a répandu sur les austérités de la religion chrétienne les éblouissantes couleurs de son imagination, et qui semble avoir puisé dans Pascal(e) l’idée même de son bel ouvrage, s’est pareillement attaché à démontrer que la doctrine des livres saints est la plus conforme à la nature de l’homme, ou plutôt la seule appropriée