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vécu dans l’obscurité et vous êtes enfermé dans votre pensée pour y mourir, nous préférerions mille fois avoir vécu comme vous, avoir souffert comme vous, mourir comme vous, au milieu de l’âge, si nous avions à choisir entre votre destinée inachevée et l’existence séculaire de Voltaire, avec la gloire qui l’assista jusqu’au bord de la tombe, les richesses dont il fut entouré, les plaisirs qui l’enivrèrent, mais aussi avec les amers sourires qui s’échappaient sans fin de son âme, comme des flèches mortelles contre tout ce qu’il y a de plus noble et de plus consolant en ce monde !

Mais il ne faut imiter ni Voltaire ni Pascal. On peut méconnaître Dieu aussi bien en exagérant la vertu qu’en l’insultant, et il y a plus de véritable grandeur à vivre sagement pour elle, qu’à mourir par le suicide du glaive comme Caton et Brutus, ou par le suicide de la pensée comme Pascal.

Paris, 15 mars 1842.