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Page:Faure - Encyclopédie anarchiste, tome 2.djvu/115

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ETH
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milieu dans lequel circule la matière plus dense (ions, électrons). Il a la propriété de transmettre les vibrations électromagnétiques — par ondes stationnaires — de même que la vague se propage à la surface de l’eau sans entraîner les corps flottants. L’éther a des propriétés, donc il existe, et son action n’a pas plus le droit d’être négligée dans l’étude des phénomènes qui sont de son ordre de grandeur (lumière-électricité), que le liquide pour l’étude des corps flottants, que le gaz pour l’étude du vol.

Faute d’avoir compris ces vérités élémentaires, les savants ont discuté longuement ces dernières années.

Michelson, en cherchant la vitesse de la lumière, trouve qu’elle est la même dans tous les sens, ce qui semble prouver que l’éther est entraîné avec la terre.

L’observation des satellites de Jupiter montre au contraire que l’éther est fixe. Comment concilier ces hypothèses ? Lorentz établit alors des équations mitigées d’où il ressort que les corps se contractent dans le sens des déplacements de la terre dans l’éther. Hypothèse incontrôlable, puisque les instruments de mesure se contractent de la même manière.

Einstein, un peu choqué de cette hypothèse peu physique, explique alors que… tout se passe comme si les corps se contractaient.

Les équations traduisent correctement les phénomènes, mais leur explication est mauvaise.

Warnant et Miller, retenant une expérience de Fizeau qui montre l’entraînement de l’éther par les fluides, établissent à leur tour que l’atmosphère entraîne l’éther par ses mailles moléculaires, de telle sorte que le vent d’éther, qui est de 30 km/sec. à la limite de l’atmosphère devient nul à la surface de la terre — (Michelson) où il est totalement entraîné — le maximum du vent d’éther étant situé dans une direction faisant environ 40° avec l’horizon. Cette explication physique, réconcilie toutes les expériences en apparence contradictoires et élimine les considérations d’espace-temps ou de quatrième dimension, le temps n’étant pas une dimension puisqu’il est compris implicitement dans leur établissement.

On désigne aussi sous le nom d’éther un produit extrêmement volatil, obtenu par distillation du pétrole vers 60°.

Les éthers sels s’obtiennent par réaction d’un acide sur un alcool.

Les éthers-oxydes s’obtiennent par déshydratation des alcools par l’acide sulfurique.

Leur action sur l’organisme est semblable à celle de l’alcool, provoquant la turpitude, des nausées, et préparant la folie.

ETHNOGRAPHIE n. f. (du grec ethnos, nation, et graphein, d’écrire). L’ethnographie est l’étude des peuples des différentes nations du monde, abstraction faite des formes politiques qui les régissent. Au point de vue révolutionnaire, l’ethnographie est une des sciences les plus utiles, car elle nous fait connaître les caractères particuliers des peuples des différentes nations ; leur manière de s’alimenter, de se loger, leurs moyens d’échange, de transports ; leurs jeux, leur commerce, leur industrie, leurs mœurs, etc., etc… En quelques mots, l’ethnographie est l’étude de toutes les manifestations matérielles de l’activité humaine. Si nous disons que les connaissances ethnographiques sont essentielles au révolutionnaire, c’est que, grâce à elles, il peut déterminer, non seulement ses relations avec ses frères étrangers, mais aussi ses moyens de lutte et de libération. La libération d’un peuple ou d’une race, est intimement liée à sa condition ethnographique et la lutte ne peut emprunter le même caractère, dans un pays de civilisation occidentale que dans les régions orientales où dominent encore les préjugés religieux ou

familiaux. C’est en étudiant la culture intellectuelle et morale des peuples qui nous sont éloignés, que nous pouvons savoir dans quelle mesure nous pouvons leur être utiles et les aider dans leurs tentatives d’émancipation. Et c’est pourquoi les anarchistes communistes doivent étudier la vie de leurs frères étrangers. La Géographie Universelle, d’Élisée Reclus, est un des plus formidables monuments ethnographiques qui aient été produits jusqu’à ce jour.


ETHNOLOGIE n. f. (du grec ethnos, nation, et logos, discours). L’ethnologie est une science dont l’objet est l’étude des caractères physiques des races humaines. Bien que les classifications soient rendues difficiles par les nombreux mélanges qui se sont opérés à travers les siècles, on s’accorde au moins sur l’existence de trois races bien distinctes les unes des autres : la race blanche, la race jaune et la race noire. On suppose que de ces trois races sont nées les races intermédiaires qui sillonnent le globe.

L’ethnologie est une science qui ne se libère pas toujours de certains préjugés nationalistes, et les ethnologues ont souvent cherché à démontrer la supériorité de la race blanche, sur les autres. L’histoire, cependant, oppose un démenti formel à une telle prétention. Alors que la race blanche vivait encore à l’état de sauvagerie, la Chine avait déjà une civilisation qui dominait le monde, et même de nos jours, l’évolution rapide du Japon démontre indubitablement que la race jaune n’est en rien inférieure à la race blanche. En ce qui concerne la race nègre, elle sortira à son tour de l’obscurité dans laquelle elle est maintenue par les puissances colonisatrices, et prendra place également dans le grand concert humain. Tant que l’ethnographie se contente de classer les divers groupes d’après leurs affinités naturelles, elle n’est nullement nuisible ; mais il arrive souvent que, sous le couvert de « caractères ethnologiques », des nations se disputent la propriété d’un territoire, et alors l’ethnographie n’est plus que la complice d’une politique de vols et de rapines.


ÉTIQUETTE n. f. (de l’allemand stechen, piquer). L’étiquette est un petit écriteau que l’on place sur certains objets, sur des marchandises, des sacs, des fioles, pour en indiquer le prix ou le contenu.

Ce mot s’emploie au sens figuré, pour désigner la qualité ou la fonction d’un individu. « Se parer d’une étiquette révolutionnaire. » « Prendre une étiquette républicaine. » « L’habit ne fait pas le moine », dit un vieux proverbe ; nous pouvons dire que l’étiquette ne fait pas l’homme et qu’elle est bien souvent trompeuse.

Nous pouvons constater, en effet, que de nombreux individus s’étiquettent républicains, socialistes ou communistes, sans qu’aucun de leurs gestes ou de leurs actes soient en conformité avec le républicanisme, le socialisme ou le communisme. M. Aristide Briand, socialiste en son jeune âge, conserva toute sa vie l’étiquette socialiste, cependant que son action politique et sociale fut nettement conservatrice et réactionnaire. Malheureusement, le peuple se laisse encore subjuguer par les mots et se contente de regarder l’étiquette sans s’inquiéter de ce qu’elle couvre ou de ce qu’elle cache.

Les anarchistes souffrent également du malaise provoqué par l’étiquette que prennent certains individus n’appartenant ni de près ni de loin à nos organisations révolutionnaires. Quantité de nos camarades prétendent que cela n’a qu’une faible importance, mais nous ne sommes pas de cet avis.

Si l’anarchisme a été discrédité, si, dans le peuple des campagnes, il est devenu synonyme de bandit, d’assassin et de criminel, c’est que l’étiquette anar-