Durant la seconde moitié du dix-neuvième siècle, le féminisme prit les proportions d’un mouvement mondial, quoique à la vérité timide et en général assez peu actif.
Presque partout il a été un mouvement bourgeois ; en ce sens qu’il était dirigé et suivi par des bourgeoises. Cela s’explique fort bien. Seule la femme de la bourgeoisie était assez instruite et éclairée pour comprendre la situation inférieure dans laquelle était placé son sexe et vouloir la modifier. La masse des ouvrières et des paysannes, plongées dans l’ignorance, élevées dans les préjugés, subissaient sans murmure le millénaire esclavage dans lequel était tenu leur sexe.
Sans agitation violente, le féminisme obtint peu à peu des succès ; victoires au compte-gouttes si l’on peut ainsi dire. Les universités ouvrirent l’une après l’autre leurs portes aux jeunes filles. Tout d’abord très peu en profitèrent ; les mœurs étaient à cet égard en arrière des lois ; la bourgeoisie ne voyait pour, ses filles d’autre carrière que le mariage ; seules, quelques exceptions ; personnalités supérieures ou plus simplement filles de savants, de professeurs osaient s’asseoir à côté des jeunes gens sur les bancs des facultés.
La grande guerre a précipité la victoire du féminisme universitaire comme du féminisme en général.
La situation des classes moyennes devenue instable par la crise des changes ; le mariage rendu plus problématique par la grande hécatombe de jeunes hommes déterminèrent la bourgeoisie à donner à ses filles une profession libérale qui leur permît, au besoin, de vivre sans le secours d’un homme. Les jeunes filles envahirent les universités où elles étaient parfois durant les années de guerre plus nombreuses que les jeunes gens. L’étudiante longtemps mal tolérée, considérée par les professeurs et les collègues comme une originale, a obtenu aujourd’hui droit de cité ; le baccalauréat est devenu la sanction des études secondaires pour les deux sexes.
Depuis le milieu du dix-neuvième siècle, des États de l’Amérique avaient accordé aux femmes le vote politique ; mais le mouvement était lent.
L’Angleterre, où déjà Stuart Mill avait obtenu en faveur du vote des femmes une forte minorité à la Chambre des Communes réussit à donner au mouvement dit des « Suffragettes », une extension inconnue jusque-là à aucun mouvement féministe. Sans atteindre à l’émeute sanglante qu’elles repoussaient en principe, les féministes anglaises firent pendant une dizaine d’années une propagande des plus actives. Une suffragette sacrifia délibérément sa vie en se jetant sous un cheval du Derby d’Epsom, afin que sa mort serve à la cause du vote des femmes. C’est là une forme originale de propagande par le fait.
La guerre, qui mobilisa pour la première fois les hommes par millions força les États à recourir à la main-d’œuvre féminine. La ménagère déserta sa cuisine pour l’usine et l’atelier, où, pour la première fois, elle eut le plaisir de gagner de hauts salaires dont elle pouvait disposer à son gré, puisque les hommes étaient absents.
L’ouvrière commença alors à comprendre le plaisir de la vie indépendante, même lorsque cette indépendance est chèrement achetée par un long séjour à l’atelier.
Dans l’industrie, dans les emplois divers où on voulut bien l’accepter, les femmes montrèrent qu’elles étaient une force sérieuse de production. Bien des préventions anti-féministes tombèrent, et nombre de pays ont accordé aux femmes le droit de vote, et même l’éligibilité.
Aujourd’hui, les femmes votent, même en Turquie,
La France, à cet égard, reste en arrière, ce qui prouve que nous sommes en réalité un pays très conservateur.
Les anarchistes, qui ne reconnaissent pas la valeur du suffrage universel, ne s’intéressent pas aux revendications politiques des femmes. Mais la société présente n’est pas l’anarchie, et il est naturel que les femmes éprises de justice et d’égalité, revendiquent le droit dans la société d’être ce que sont les hommes.
Si les Françaises n’ont pas eu de succès jusqu’ici sur le terrain politique, la guerre a marqué dans les mœurs un mouvement très net d’affranchissement féminin.
Les modes, tout en restant très féminines, se sont en partie affranchies de tout ce qui dans la mise entravait les mouvements de la femme. Plus de lourds chignons, mal retenus par des épingles ; plus de corsets baleinés qui comprimaient la taille ; plus de jupons empesés ; plus de longues robes incommodes.
Par le sport, la jeune fille a cessé de mettre sa coquetterie dans la faiblesse. Nombre de sports réputés masculins, sont pratiqués par des femmes ; elles forment des sociétés et briguent des championnats.
Enfin, la jeune fille, renonçant aux vieux préjugés, se détermine à vivre la vie sexuelle. La vieille fille éternellement vierge, n’existe plus guère aujourd’hui. Nombre de jeunes personnes, loin de mettre en le mariage tout l’espoir de leur existence, le repoussent, au contraire, comme un esclavage. Mais, à défaut de mari, elles prennent volontiers un ami et elles ont appris à éviter les charges de la maternité. ‒ Doctoresse Pelletier.
FENIAN n. m. (d’un vieux mot irlandais, fiami, qui servait à désigner une caste de guerriers). Les fenians étaient les membres d’une association révolutionnaire nationaliste, qui se forma secrètement, en 1861, et dont le but était d’arracher l’Irlande à la domination anglaise. Les fenians eurent leur époque héroïque. De 1865 à 1868, ils se signalèrent par des attentats contre les fonctionnaires du roi et la lutte, ouverte et franche, leur étant interdite, ils usèrent de l’action directe. Ils furent naturellement vaincus par des forces supérieures et leur association s’éteignit. Mais l’idée subsista ; elle fut reprise d’abord par la ligue des Invincibles, ensuite par la ligue agraire et, en dernier lieu, par les Sinnfeiners, qui luttent courageusement pour l’indépendance irlandaise.
FÉODALITÉ n. f. — I. Comme vivant sous le régime féodal, on classe assez souvent des peuplades comme Abyssins, Albanais, Druses, Kurdes, Rifains, etc. Dans l’antiquité, les anciens Gaulois, les anciens Germains, les Achéens (c’est-à-dire les Grecs avant Homère) avaient le même régime social. Le plus souvent, avec le temps, cette organisation disparaît, ou, tout au moins, ne persiste que dans quelques pays montagneux, dont la nature favorise l’indépendance des tribus, et, au point de vue économique, maintient la vie pastorale.
La féodalité primitive, que j’appellerai ainsi, pour l’opposer à la féodalité proprement dite, celle du moyen-âge européen, comporte la division de la peuplade en tribus ou clans (ou gentes, chez les latins primitifs) indépendants. Chaque clan ou tribu groupe des familles d’hommes libres sous l’autorité d’un chef héréditaire (pater latin, roi ou seigneur) ; et tous se considèrent comme descendants d’un même ancêtre, ont les mêmes emblèmes (ou totems).
Les tribus sont souvent en dispute et en guerre, les unes contre les autres. Il n’y a accord, dans la tribu, ou entre les tribus, que lorsqu’il s’agit d’organiser un