Aller au contenu

Page:Faure - Encyclopédie anarchiste, tome 2.djvu/215

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
FLA
823

croyants, faux-intellectuels et avec les exploiteurs, les dictateurs, les surhommes qui, dans toutes les branches de l’activité humaine, imposent la tyrannie de leur imbécillité et de leur puffisme. Seul le véritable mérite sera honoré suivant les services qu’il rendra ; seuls recevront l’hommage de la reconnaissance publique ceux qui auront travaillé pour tous les hommes, et cet hommage sera simple et digne dans une société où chacun aura retrouvé sa dignité. — Edouard Rothen.


FLAMBEAU n. m. Appareil servant à porter des bougies ou des chandelles. Un flambeau d’argent ; un flambeau de cuivre ; un flambeau richement ciselé. L’application du gaz et de l’électricité ont aboli l’usage des flambeaux. Flamme artificielle dont on s’éclaire dans les ténèbres. Sortir à la lumière des flambeaux.

Au figuré : ce qui guide, ce qui excite, ce qui anime. Le flambeau de l’esprit ; le flambeau de la critique ; le flambeau de la raison. La course des flambeaux : jeu de l’antiquité grecque dans lequel le vainqueur devait atteindre un but en portant un flambeau allumé. Ce jeu avait un caractère symbolique. Partis d’un certain point, les concurrents devaient atteindre une étape à laquelle ils remettaient leurs flambeaux à des partenaires. Ces derniers poursuivaient la route jusqu’à la prochaine étape et ainsi de suite jusqu’à l’arrivée au but final. Les flambeaux symbolisaient les idées ; les coureurs, les générations. C’étaient les lumières qui se transmettaient indéfiniment pour le triomphe de la civilisation. La bourgeoisie a cru devoir de nos jours s’emparer de ce symbole et le prostituer sur l’autel de la patrie. En France, une « Course du flambeau » est organisée chaque année entre Verdun et Paris afin de perpétuer l’image des atrocités guerrières et la haine de l’Étranger. Espérons que ces flambeaux n’arriveront pas à ranimer les vieilles rancunes inconscientes qui divisent les hommes et que seuls les flambeaux de la science éclaireront demain une humanité régénérée.


FLAMME n. f. (du latin flamma). Corps lumineux qui s’élève à la surface, combustion. La flamme d’une bougie ; la flamme d’une lampe ; une belle flamme ; une flamme légère ; un feu sans flamme. Le supplice des flammes. Périr dans les flammes ; se jeter dans les flammes. Le supplice des flammes, c’est-à-dire du bûcher, qui se pratiquait au moyen-âge, a disparu de nos jours. Les flammes de l’Enfer et du Purgatoire.

Au figuré, ce mot est employé dans une foule d’expressions. Mettre un pays à feu et à flammes : y porter la guerre, l’incendie, le détruire, l’exterminer. La flamme de l’amour, du génie, de la poésie ; c’est-à-dire, l’ardeur, la vivacité, l’éclat. Faire partager sa flamme.

La « Flamme du Souvenir » : « Feu sacré » déposé à Paris sous l’Arc de Triomphe de l’Étoile, entretenu et ranimé chaque soir par des sociétés patriotiques françaises en souvenir du carnage de 1914. Les fauteurs de guerre estiment qu’il ne faut pas oublier l’horrible tuerie qui, durant près de cinq ans, ravagea l’Europe. Dans un autre ordre d’esprit, nous sommes également de cet avis. Mais ce souvenir ne nous rappelle pas uniquement les actes de barbarie germanique, mais tous ceux dont se rendirent coupables les classes dominantes de tous les pays. Et pour cela point n’est besoin de « flamme ». Le peuple qui a fait tous les frais de l’horrible fléau se souvient, et ne consentira probablement plus jamais un tel sacrifice.


FLÉAU n. f. (du latin flagellum, fouet). Le fléau est un instrument d’agriculture servant à battre le blé. Battre le blé au fléau. Le fléau n’est plus guère utilisé dans les pays industriels et de grande culture où l’on emploie des machines agricoles d’un rendement beaucoup plus grand et d’une production plus rapide.

Au sens figuré on désigne sous le nom de fléau, une

grande calamité, un désastre, une catastrophe qui affligent le genre humain. La peste, le choléra, la guerre sont des fléaux.

Il fut un temps où les hommes s’imaginaient que les fléaux étaient des châtiments exercés sur une population par la « Providence ». Le fléau était considéré comme une vengeance des « Dieux ». Ces croyances stupides disparaissent de plus en plus dans les pays occidentaux grâce aux progrès réalisés par la science et à l’instruction et à l’éducation des grandes masses d’hommes. On sait aujourd’hui les causes déterminantes de certains fléaux et on les combat avec acharnement. Les fléaux disparaîtraient avec rapidité si toute l’activité des savants était orientée vers la réalisation du bonheur universel. Malheureusement une grande partie des découvertes scientifiques est prostituée au Capitalisme, ce qui retarde d’autant plus l’heure de la libération humaine. On sait, d’autre part, que certains fléaux, comme la tuberculose, par exemple, puisent leur germe dans les usines et les taudis insalubres, où fourmille une armée de travailleurs. On sait que si le prolétariat se nourrissait de façon normale, s’il habitait des logis aérés, ce fléau ne ferait pas ses terribles ravages ; on peut donc dire que la tuberculose est un fléau déterminé par un mauvais organisme social et que ses causes directes sont l’exploitation, le capital et la propriété. Il en est de même pour la guerre, pour la famine, qui font à travers le monde de sinistres ravages. Les fléaux humains ne sont pas combattus parce qu’ils sont provoqués par la rapacité de la classe dominante, qui spécule et vit sur la misère de la classe productrice. A part certaines catastrophes naturelles, la plupart des fléaux sont d’ordre social, et c’est donc en réformant, en transformant l’ordre social que l’on peut espérer leur disparition.

Il est, par conséquent, nécessaire que les hommes appartenant aux classes opprimées et qui sont les premières victimes des redoutables calamités qui pèsent sur le monde, s’organisent pour la lutte ; ce n’est que de l’union de tous les asservis que pourra sortir un jour une société débarrassée de tous les maux dont souffre aujourd’hui l’humanité et on éloignera les fléaux lorsqu’aura disparu l’exploitation de l’homme par l’homme.


FLIBUSTERIE n. f. (de flibuster qui signifie se livrer au métier de flibustier). On donna, au xviie siècle, le nom de flibustier à des aventuriers, des pirates, des corsaires qui opéraient dans les mers américaines et s’attaquaient particulièrement aux vaisseaux espagnols. Ils formaient une association et étaient alliés aux boucaniers, autre catégorie d’aventuriers, qui chassaient le bœuf sauvage en Amérique et se livraient au commerce des peaux. « Imaginez des tigres qui auraient un peu de raison, voilà ce qu’étaient les flibustiers », dit Voltaire. L’association des flibustiers disparut vers le commencement du xviiie siècle.

Par extension, on donne aujourd’hui le nom de flibustier aux voleurs, aux brigands, et la flibusterie est l’action de flibuster. Il est évident que les flibustiers du xviie siècle étaient peu intéressants et que leur action était condamnable, mais est-il plus logique de soutenir les flibustiers modernes ? Les guerres coloniales, les conquêtes que les gouvernements dits civilisés font sur des peuplades inoffensives qui ne demandent qu’à vivre en paix, n’est-ce pas de la flibusterie ? La seule différence qui existe entre les conquérants modernes et les flibustiers de jadis est que ces derniers risquaient leur vie, alors que ceux de nos jours risquent la vie des autres pour s’emparer des richesses et du bien d’autrui. A tout prendre, la flibusterie était plus courageuse hier qu’aujourd’hui.


FLUCTUATION n. f. (du mot latin fluctuatio, de fluctuare, flotter). Instabilité, mouvement de hausse et de