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Page:Faure - Encyclopédie anarchiste, tome 2.djvu/257

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GIR
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faveur de cette réalisation. Nous pensons que c’est une erreur.

Nous comprenons le sentiment honorable qui anime certains propagandistes du sionisme. Ils souffrent moralement du sort douloureux de leurs frères opprimés de Roumanie, de Bulgarie, d’Arménie, etc. Ils veulent arracher des griffes des bourreaux les malheureuses proies de l’ignorance, de la lâcheté et de la méchanceté des hommes, et ils veulent rendre un peu de vie, un peu de soleil, un peu de liberté à ces déchets d’humanité en qui la douleur a annihilé toute force et toute volonté. L’intention est louable et il n’est pas un être sensible pour ne pas applaudir à un tel programme. Est-ce une raison suffisante pour fonder une nation juive ? Non.

Les Juifs sont persécutés, objectera-t-on. C’est vrai, mais ils ne sont pas les seuls et ils ne sont pas les plus nombreux. Leur sort n’est-il pas absolument identique à celui des nègres d’Amérique qui, eux non plus, ne jouissent pas des mêmes droits et des mêmes privilèges que leurs frères blancs. Les nègres ont, eux aussi, leurs ghettos dans la « libre » Amérique du Nord. Leur sort, comme celui des Juifs, est lié à celui de toutes les minorités nationales auxquelles est appliqué un régime spécial, et qui sont victimes d’un état social imparfait qui, cependant, s’améliore et se transforme chaque jour, grâce aux progrès de la civilisation.

Et puis, est-ce vraiment l’époque de fonder une nation, alors que tout nous appelle à l’internationalisme au sens le plus complet de ce mot ? D’autre part, l’oppression ne crée parmi les opprimés, qu’une affinité passagère, superficielle, qui disparaît avec la cause. Que les travailleurs juifs ne quittent donc pas leurs ghettos modernes pour partir dans des régions inconnues, où leur sort ne sera vraiment pas plus enviable.

Un fait subsiste cependant. Des hommes gémissent parce qu’il plaît à certains gouvernements de spéculer sur la bêtise humaine et d’élaborer leur politique sur l’antisémitisme, comme il a plu à d’autres gouvernants, hier, de spéculer sur le protestantisme. Allons-nous les abandonner à leur pénible condition ?

Quelle que soit leur religion, nous devons les défendre, les soutenir, les encourager dans la lutte qu’ils mènent contre la tyrannie et pour la liberté. A côté d’eux, près d’eux, nous devons être toujours, car leur bataille est notre bataille, leur vie est notre vie, leur mort serait notre mort. Travailleurs, nous avons nous aussi, en France, nos ghettos, et nous œuvrons chaque jour pour en ébranler les murailles. Que les prolétaires juifs viennent avec nous, ils nous aideront et nous les aiderons. Mais alors que nous sortons du plus terrible des carnages qu’ait enregistré l’Histoire, que les causes de cette effroyable guerre sont les frontières nationales qui séparent les peuples, il serait fou et criminel de penser à élever de nouvelles barrières et à fonder de nouvelles nations : ce serait alimenter la source de nouveaux conflits.

Que les Juifs opprimés sortent de leurs ghettos. La Révolution ne leur offre pas la Palestine, elle leur offre le monde libéré. Avec tous les hommes de cœur, avec tous ceux qui travaillent pour étancher leur soif d’idéal, avec tous ceux qui espèrent en une humanité meilleure, avec tous ceux qui pensent voir un jour se réaliser leurs rêves d’avenir, qu’ils viennent. Nous partirons ensemble à la conquête de la civilisation. — J. Chazoff.


GIROUETTE n. f. (du latin gynare, tourner). On appelle girouette une plaque légère, placée à une certaine hauteur, autour d’un axe vertical, pour indiquer la direction du vent. On donne aux girouettes des formes diverses, mais le plus souvent celle de la flèche, du coq ou du drapeau. La girouette tournant à tous les vents, au sens figuré on se sert de ce mot pour désigner une

personne qui change fréquemment d’avis ou d’opinion. Nous ne pensons pas qu’il soit utile de rappeler les noms de tous les hommes politiques qui, durant ces trente dernières années, sacrifièrent leurs convictions à leurs intérêts et qui, véritables girouettes, se laissèrent guider par les vents de la politique. Certains de ces politiciens, débutant dans le socialisme pour finir dans la réaction, resteront célèbres. S’ils laissent leur nom à la postérité, ce sera plus en raison de la rapidité avec laquelle ils renièrent les idées qui les rendirent populaires et les firent sortir de l’obscurité, que par le travail utile qu’ils auront accompli durant leur existence.

La girouette proprement dite tourne d’autant mieux qu’elle est plus haut placée. En ce qui concerne les girouettes politiques, il faut qu’elles sachent tourner lorsqu’elles sont en bas pour pouvoir espérer se placer bien haut dans l’échelle sociale. N’est-ce pas le but de tous ceux qui quémandent les suffrages des électeurs naïfs, de gravir un jour les marches du Pouvoir ? Dans tout député, il y a l’axe de la girouette, et tous les parlementaires sont prêts, le cas échéant, à aller de la gauche à la droite, si cette évolution doit être pour eux source d’honneurs et de richesses.

Le peuple ne s’apercevra-t-il jamais que si les girouettes tournent au vent, les girouettes parlementaires, elles, ne donnent que du vent ?


GISEMENT n. m. On donne le nom de gisement aux masses de minéraux disposées en couches dans le sein de la terre. Des gisements de fer ; des gisements de houille. On distingue plusieurs catégories de gisements : 1° les gisements en couche, dont la formation s’est opérée au sein de l’eau ; 2° les gisements en filon, qui sont des crevasses remplies de matière utilisable ; 3° les gisements en amas, qui ont ordinairement la forme d’un œuf.

Nous savons que la terre renferme en son sein des richesses incalculables, et la géographie économique nous a enseigné tout le parti que l’on pouvait en tirer. Chaque contrée du globe possède des richesses particulières. Si l’Angleterre et l’Allemagne sont riches en gisements de houille, par contre la France tient la première place en Europe pour le fer, et les pays de l’Est, tels la Russie et la Roumanie, sont les plus fortes contrées pétrolifères d’Europe. Les États-Unis de l’Amérique du Nord, eux, dépassent de beaucoup les contrées d’Europe pour la production de la houille et du pétrole.

Cependant tous les gisements de matière utilisable que renferme la terre sont loin d’être exploités, et l’extraction de minéraux, indispensables à la vie de l’homme, pourrait s’intensifier, si elle n’était pas entravée par une organisation sociale dans laquelle les intérêts privés dominent les intérêts collectifs. C’est ainsi, par exemple, que la Russie, qui pourrait subvenir aux besoins pétrolifères de l’Europe, n’est pas en mesure d’exploiter tous les gisements qui se trouvent sur son territoire, parce que les moyens mécaniques lui manquent pour extraire le précieux liquide et que divers capitalismes nationaux se disputent les bénéfices qui pourraient résulter de cette exploitation.

Il en est des gisements, comme de toutes les richesses sociales de la terre. Entre les mains du capitalisme, la production est ralentie et c’est le peuple qui en souffre. Lorsque le travailleur sera maître de sa machine et que le peuple présidera lui-même à ses destinées, un rendement intensif de la production rendra chacun plus heureux et plus libre.


GLAIVE n. m. (du latin gladius). Arme à deux tranchants parallèles, terminée par une pointe et munie d’une simple poignée, dont se servaient les anciens. Par extension, on donne le nom de glaive à toutes sortes d’épées. Dans le passé, le glaive étant à peu près l’arme