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unique utilisée dans les corps à corps, au sens figuré, tirer le glaive signifiait déclarer la guerre. Cette expression s’est conservée jusqu’à nos jours.

On se sert aussi de ce mot pour désigner la Justice, la Puissance, la Force, etc., etc. Le Glaive de Dieu. Proverbe : « Celui qui se servira du glaive, périra par le glaive. »


GLÈBE n. f. (du latin gleba, morceau de terre). Au Moyen-Âge, on désignait sous le nom de glèbe un fonds de terre appartenant à un seigneur et auquel le serf était attaché. Le serf, véritable esclave du régime féodal, n’avait pas le droit de quitter sa glèbe. Lorsque le seigneur vendait sa terre, comme un vil bétail il vendait son esclave avec, et ce dernier était obligé de travailler cette terre durant toute sa vie.

Bien que nous n’ayons nullement à nous glorifier du régime social que nous subissons présentement, il faut cependant reconnaître que les diverses révolutions qui ont ébranlé le monde depuis le Moyen-Âge ont permis au travailleur agricole de sortir de la situation misérable qu’il a subie durant des siècles. Certes, nous sommes loin de prétendre que tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes, et nous savons fort bien que nous avons un travail formidable à accomplir pour libérer tous les esclaves de la terre ; mais nous savons aussi que ce n’est qu’à force de révoltes successives des masses travailleuses que nous arriverons à arracher l’exploité à la glèbe capitaliste. Que les négateurs de l’évolution, que ceux qui nient les bienfaits de la Révolution, jettent un coup d’œil en arrière, qu’ils comparent la vie des serfs du Moyen-Âge avec celle de nos travailleurs des campagnes, et qu’ils nous disent si la situation est la même.

Aujourd’hui encore, le travailleur des villes et celui des campagnes est attaché, l’un à sa machine et l’autre à la terre de ses maîtres ; mais l’un et l’autre, de haute lutte, ils ont acquis ce droit de changer de maître, de ne plus se laisser vendre comme un animal et, ce droit, ils l’ont acquis par les jacqueries successives, par les guerres qu’ils ont livrées aux détenteurs de la richesse. Lentement, mais sûrement, les travailleurs se libèrent et, demain, quand ils auront chassé définitivement leurs maîtres, la glèbe ne sera plus qu’un souvenir du passé lointain et les hommes nouveaux s’étonneront que leurs ancêtres aient pu subir un tel esclavage.


GLOIRE n. f. (du latin gloria). Au sens bourgeois du mot, la gloire est un honneur, une célébrité que l’on acquiert en accomplissant des actes éclatants présentant de grandes difficultés à surmonter. Et pourtant, la gloire n’est pas toujours, loin de là, la conséquence d’actions louables et vertueuses, si l’on se place sur le terrain social et humanitaire. La gloire qu’un homme de guerre conquiert sur les champs de bataille, en sacrifiant des milliers et des milliers de vies humaines, nous apparaît, à nous révolutionnaires, abominable ; et, si la postérité est acquise aux grands généraux, ce ne devrait être que pour signaler aux générations futures l’erreur et la barbarie qui les guidaient vers le crime monstrueux de la guerre.

Heureusement pour l’humanité que la gloire n’est pas toujours le fruit de l’assassinat et du meurtre. Des philosophes, des chercheurs, des penseurs, des savants, des littérateurs, sont portés vers la gloire en accomplissant des œuvres utiles à leurs semblables. Et ceux-là, à nos yeux, sont vraiment glorieux. Mais hélas ! en notre société de rapines et de vols, le plus souvent les bienfaiteurs de l’humanité n’acquièrent la gloire qu’après leur mort, alors que, de leur vivant, ils n’avaient même pas de quoi subvenir aux besoins les plus élémentaires de l’existence.

Combien de gens sont aveuglés par la gloire et com-

bien se rencontre-t-il de gloires surfaites. C’est un des grands défauts de l’homme de vouloir être admiré de ses semblables, et l’individu, pour satisfaire son ambition, sa vanité, son orgueil, commet fréquemment des bassesses. Un être vraiment grand n’aime pas la gloire, n’est pas avide de gloire. Il y est appelé involontairement mais ne la recherche pas, et c’est en cela qu’il est vraiment grand, car il trouve sa satisfaction et sa récompense, non pas dans l’admiration qu’il provoque, mais dans la jouissance du travail utile accompli.

Les libertaires ne glorifient personne et, pour eux, la gloire ne peut être que le souvenir que laissent en leur esprit les gestes, les actes, les travaux des hommes qui se sont signalés par leur savoir, ou qui se sont sacrifiés pour le bonheur de l’humanité.


GLORIOLE n. f. (du latin gloriola, diminutif de gloria). La gloriole est une vanité, un orgueil excessif que l’on tire de petits faits et d’actions mesquines. La gloriole est une parodie de la gloire et une foule de gens qui ne peuvent aspirer à la gloire ne sont pas insensibles à la gloriole. De même qu’un être véritablement valeureux ne recherche pas la gloire, un homme réellement intelligent reste sourd à la gloriole. « La gloriole des arlequins politiques est grande, lorsqu’ils paradent dans les cérémonies publiques », dit d’Alembert. C’est que la gloriole des politiciens n’est pas toujours une simple vanité, mais le plus souvent un sentiment intéressé pour dominer ceux qu’ils ont besoin de tromper.

L’éducation du peuple est longue à faire et son ignorance le pousse à admirer aveuglément ce qui dépasse sa compréhension. Lorsque les hommes auront appris et qu’ils sauront juger ceux qui veulent les guider, toute gloriole sera vaine et les fantoches de la politique ne pourront plus se glorifier de petits faits insignifiants et ridicules qu’ils exploitent aujourd’hui pour tromper la foule des électeurs naïfs et confiants.


GLOSE n. f. (du grec glôssa, langue). Explication des mots obscurs d’un texte par d’autres mots plus compréhensibles. On donne aussi le nom de glose aux commentaires qui accompagnent certaines œuvres inintelligibles. C’est surtout dans le passé, lorsque les philosophes et les poètes n’écrivaient que pour une minorité de lettrés, que la glose était indispensable pour donner un peu plus de clarté à leurs œuvres. En ce qui concerne les écritures saintes de toutes les religions, les théologiens et les chefs de l’Église glosèrent — et glosent encore — à perte de vue, afin de donner une interprétation acceptable à toutes les contradiction et toutes les âneries qui fourmillent dans les œuvres religieuses ; mais on peut dire que le but poursuivi ne fut pas atteint ; car, le plus souvent, la glose était encore plus obscure que le texte original ; c’est du reste la raison pour laquelle toutes les religions sont obligées de s’appuyer, non sur la raison et sur la logique, mais sur la violence et l’autorité.

Au sens péjoratif, on se sert de ce mot comme synonyme de critique, de commérage, de médisance : Gloser sur ses voisins, sur ses camarades. Les gloses des concierges.


GNOSTICISME n. m. (de gnostique, du grec gnôstikos). Le gnosticisme est un système de philosophie religieuse professée par certains docteurs et théologiens au début de l’ère chrétienne. En opposition avec les autorités chrétiennes se fondèrent, pour diffuser les principes et les opinions des gnostiques, une trentaine d’écoles qui ne tardèrent pas à être fermées, sans pour cela arrêter la propagation du gnosticisme qui laissa des traces jusqu’à la fin du xiiie siècle.

Le gnosticisme est un amalgame ahurissant des reli-