Aller au contenu

Page:Faure - Encyclopédie anarchiste, tome 2.djvu/267

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
GRE
875

ce terme est connu et employé dans le langage populaire pour désigner un individu sans scrupule, une personne vile et sans moralité. « A quoi cela servirait-il, si les gredins triomphent encore ? », disait d’Alembert. Le fait est que si la Révolution française a exécuté une quantité de gredins, d’autres se sont enfuis pour échapper au juste châtiment du peuple ; depuis, la République a donné naissance à une nouvelle catégorie de canailles, et la gredinerie s’exerce sur une grande échelle. La grande guerre du « Droit et de la Civilisation » a permis aux gredins de se multiplier et, aujourd’hui, leur nombre est incalculable. On les remarque dans toutes les branches de l’activité humaine. Ils ne se cachent pas : le monde leur appartient. Sans probité, sans honneur, sans amour-propre, sans scrupules, on les voit partout où il y a à piller, à rafler, à voler. Rien ne les arrête ; ils sont certains de l’impunité, puisqu’ils ont leurs complices dans les parlements et jusque sur le banc des gouvernements.

Jamais satisfaits ; avides toujours de plus de richesses et de plus de jouissances, ils participent à toutes les opérations louches et sales qui sont susceptibles de leur apporter quelques bénéfices. Ils espionnent et ils trahissent, et ils n’ont d’amis que dans la mesure où cela leur rapporte. Les gredins sont les maîtres de la terre. Par leurs rapines ils ont conquis le globe. Pour acquérir plus de puissance encore, lorsque leurs privilèges sont menacés ils jettent les hommes les uns contre les autres dans des guerres meurtrières, et dans le sang de leurs victimes ils récoltent encore des honneurs et des richesses.

Mais tout a une fin ; la gredinerie a atteint son apogée et les peuples se rendent compte, à la longue, qu’ils sont honteusement exploités par les gredins qui dirigent la chose publique. Ivres de liberté, les asservis se révoltent aux quatre coins de la terre contre tous les bandits qui, depuis des siècles, les grugent en les grisant de belles paroles. L’évolution et la Révolution accomplissent leur besogne historique et l’heure ne tardera pas à sonner, ou, tous les gredins étant définitivement châtiés, la terre ne sera plus peuplée que d’hommes probes et honnêtes.


GREFFE n. m. (du latin graphium et du grec graphion, stylet à écrire). On appelle greffe l’endroit où l’on dépose et où l’on conserve toutes les pièces et documents ayant trait à un jugement. Tous les actes, jugements, arrêts, rapports déposés au greffe y sont sous la responsabilité d’un greffier. On donne également le nom de greffe aux bureaux des prisons où se fait tout le travail administratif des maisons pénitentiaires.

En matière judiciaire, le greffier est un fonctionnaire public dont le travail consiste à écrire les actes dictés par le juge et à en assurer l’expédition. Il assiste parfois le juge en certaines occasions.

GREFFE n. f. (du latin gravare, imposer). Action qui consiste à unir une partie d’une plante à une autre plante sans arrêter la végétation de cette dernière. Cette opération a pour but la reproduction ou la multiplication d’arbres à fruits ou à fleurs. La greffe ne se fait pas seulement entre des plantes de même nature, mais fréquemment on greffe sur un arbuste une branche d’un arbre de nature différente, et ce rapprochement produit des fleurs ou des fruits d’un caractère particulier. Il existe au moins 200 façons de greffer ; mais les trois types classiques de greffe sont : la greffe par approche ; la greffe par rameau détaché, et la greffe par œil ou bouton.

La greffe ne s’exerce pas seulement sur les arbres, mais aussi sur les êtres vivants. C’est un médecin italien de la fin du xvie siècle, Tagliacozzi, qui inventa cet art médical, consistant à rétablir sur le corps humain,

aux dépens des parties voisines, les parties détruites. La chirurgie a, depuis cette date éloignée, fait d’immenses progrès et, de nos jours, les maîtres de la science chirurgicale accomplissent de véritables miracles. Lors de la dernière guerre, qui provoqua tant de ravages physiques, les savants purent, par la greffe, arracher à une vie misérable une quantité de pauvres victimes de la bêtise humaine. Par leur science, ils allégèrent sensiblement les souffrances physiques et morales de milliers d’hommes. Pourquoi faut-il que tout ce savoir soit mis au service de la brutalité et du crime ? Notre siècle de connaissances ne devrait-il pas assurer à chacun le maximum de bien-être et de liberté ?


GRENOUILLE n. f. (du latin ranuncula, diminutif de rana, grenouille). Les grenouilles sont des petits batraciens de la famille des ranidés, qui sont répandus sur toute la surface du globe. Il y en a 117 espèces, mais trois seulement sont communes en France : la grenouille verte, la grenouille rousse et la grenouille agile. Il y a, en Amérique du Nord, une catégorie de grenouilles surnommées grenouilles taureaux et qui atteignent 50 centimètres de longueur. Les membres postérieurs de la grenouille sont comestibles et constituent un mets délicat très recherché des gourmets.

Au sens figuré et dans le langage populaire, on donne le nom de grenouille à une caisse commune ; de là l’expression manger la grenouille, qui signifie que le dépositaire de l’argent contenu dans la caisse a volé les fonds qui lui étaient confiés par ses camarades. En argot, on nomme grenouilles les femmes qui se livrent à la prostitution.


GRÈVE n. f. La grève est l’acte par lequel tous les travailleurs ou une partie d’entre eux signifient au patronat, à l’employeur : État ou particulier, leur volonté de cesser le travail, soit pour obtenir des conditions, matérielles ou morales, de vie meilleure ; soit pour protester contre l’arbitraire patronal ou gouvernemental ; soit encore pour déclencher une action de classe ayant pour but de transformer le régime par la voie révolutionnaire.

Il y a plusieurs sortes de grèves. Ce sont : la grève professionnelle, la grève de solidarité, la grève de protestation, la grève industrielle et inter-industrielle, la grève générale insurrectionnelle et expropriatrice.

Chacune de ces grèves peut revêtir les aspects suivants : local, régional, national, international, selon le cadre qui est fixé à son déroulement.

Grève professionnelle ou de métier. — Une grève de cet ordre est presque toujours locale. Encore qu’elle tende à disparaître, une telle grève n’englobe souvent que les ouvriers d’un même métier et travaillant pour un seul patron. Il peut se faire cependant que la grève professionnelle ou de métier intéresse la plupart ou tous les ouvriers d’un même métier, d’une même localité et, parfois, de plusieurs localités voisines.

La grève professionnelle est, généralement, motivée par une demande d’augmentation de salaire non satis-faite par le patronat, par une revendication d’ordre général non accueillie, par la violation d’une loi de protection ouvrière, par l’inapplication d’un règlement d’administration publique, etc.

Cette sorte de grève devient de plus en plus rare et difficile, en raison de la « cartellisation » et la « trustification » des entreprises patronales qui créent une solidarité très grande, parfois absolue, entre les exploitants d’une spécialité ou d’une industrie de base ou de transformation.

De toute évidence, la grève professionnelle est en voie de disparition, pour faire place à la grève industrielle et inter-industrielle.

Grève de solidarité — La grève de solidarité est