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grande partie de l’Afrique, l’Amérique du Nord, l’Amérique Centrale et la pointe nord (Venezuela, Colombie, Guyane) de l’Amérique du Sud.

L’autre hémisphère se dénomme hémisphère austral. En 1654 un physicien de Magdebourg, Otto de Guericke, au cours d’études sur la pression atmosphérique, eut l’idée de fabriquer deux calottes métalliques de forme hémisphérique et creuses, s’appliquant exactement l’une à l’autre et dans lesquelles il fit le vide complet.

N’étant plus soumises qu’à la pression de l’air extérieur, elles adhérèrent si fortement qu’il fallut atteler plusieurs chevaux à chaque hémisphère pour arriver à les séparer. Cette expérience, qui eut des résultats considérables dans la science pneumatique, est citée dans tous les ouvrages de physique. Elle est appelée l’expérience des hémisphères de Magdebourg.


HÉRÉDITÉ n. f. Du point de vue juridique, l’hérédité est le droit que possède une personne, en raison de sa parenté, de recueillir l’héritage laissé à son décès par un ascendant. Ce droit résulte de conventions injustes et antisociales. Si, dans une certaine mesure, on peut admettre, en effet, qu’un individu dispose du produit de son travail en faveur d’une institution ou d’une personne de son choix, il apparaît immoral, sans contestation possible, que des jeunes gens, n’ayant rien produit d’utile, puissent jouir de l’existence dans un joyeux parasitisme, alors que tant d’ouvriers actifs, tant d’inventeurs ou d’artistes de talent, sont voués à la pauvreté pour l’existence entière.

Dans une organisation sociale rationnelle, nul ne devrait être admis, d’ailleurs, quels que fussent les services rendus à la collectivité, à cette licence de pouvoir accaparer des biens qui font partie des richesses offertes à tous par la nature, ou sont les produits du patient labeur des humains à travers les siècles. Pour tout être humain valide, il n’est d’autres biens légitimes que ceux qui sont le résultat du travail personnel, dans la mesure où leur acquisition ne constitue point un péril pour l’ensemble de la société, et ne la frustre point de ce qui doit demeurer dans le patrimoine commun.

Du point de vue physiologique, l’hérédité c’est la transmission, aux descendants, des caractères physiques ou moraux de ceux qui les ont engendrés. Cette transmission n’est pas fatale, sauf pour ce qui concerne les caractères génériques de l’espèce elle-même. On ne peut prétendre que les descendants sont la reproduction exacte, inévitable, des ascendants. Mais il est de toute évidence qu’ils leur ressemblent dans une proportion remarquable, et qu’ils ont de très grandes chances d’hériter de leurs qualités comme de leurs défauts, de leur vigueur comme de leurs dispositions maladives.

C’est grâce à cette observation, faite sur l’ensemble des êtres vivants, que les agriculteurs et les éleveurs sont parvenus, par élimination des produits inférieurs, et par des sélections poursuivies de génération en génération, à perfectionner de telle manière certaines espèces animales et végétales qu’elles présentent des types nouveaux, très éloignés comme caractères de ce que furent, à l’origine, les sujets prélevés dans la nature.

Dans l’espèce humaine, où l’on ne s’est guère soucié, jusqu’à présent, d’appliquer à la reproduction les règles scientifiques qui ont donné, pour l’horticulture et l’élevage, de si merveilleux résultats, on a constaté cependant que, par suite d’unions favorables, dues au hasard de l’attraction sentimentale, des familles devenaient de véritables pépinières d’artistes — comme les Vernet —, ou de savants — comme les Reclus —. Si les gens de génie ne procréent pas toujours des êtres à leur image, il s’en faut, il n’est pas d’exemple qu’un homme de génie soit né d’un couple de crétins.

Les caractères physiques sont chez nous transmissibles, de même que chez les végétaux et les animaux. Il est des familles d’hommes et de femmes aux formes picturales, et des familles de rabougris ; il en est de noble stature, et d’autres composées de nains. Et c’est pourquoi les hommes et les femmes, qui ne s’accouplent pas seulement en vue de plaisirs sexuels stériles, mais en vue de la procréation, devraient avoir, un peu plus qu’ils ne l’ont, conscience des responsabilités qu’ils assument, au regard du progrès général, et du bonheur des êtres dont ils s’apprêtent à faire des éléments de la société de demain.

Produire de l’intelligence, de la joie et de la beauté, est une tâche digne d’éloge. Mais il est un soin plus urgent encore : ne pas perpétuer la maladie, ne point multiplier les tares. Celles qui sont les plus transmissibles et les plus redoutables dans leurs effets, sont : l’alcoolisme, la syphilis, la chorée, l’épilepsie, la tuberculose, la scrofule, la cécité, la surdi-mutité, le rachitisme, l’aliénation mentale, l’arthritisme grave, les maladies du cœur, le cancer, les intoxications par le phosphore, le plomb, ou l’habitude des stupéfiants.

Il est important de remarquer que les mutilations, par suite de blessures, sont sans inconvénient pour la descendance. Un aveugle ou un manchot, par exemple, dont l’infirmité provient d’un accident, n’ont pas à craindre que leurs enfants en soient éprouvés. Depuis des siècles, on circoncit les Israélites peu après leur naissance, mais leurs fils ne naissent pas pour cela dépourvus de prépuce. Ce qui est héréditaire, c’est ce qui résulte du caractère de la race, ou d’une perturbation maladive des fonctions.

Si la tuberculose n’est point par elle-même héréditaire — du moins dans la plupart des cas — il n’en est pas moins vrai que les enfants des tuberculeux naissent avec des prédispositions spéciales qui, surtout s’ils sont appelés à demeurer auprès de leurs parents, en font des victimes toutes désignées pour le terrible mal. On observe chez eux du retard de la dentition et de l’insuffisance dans l’ossification. Leurs omoplates sont saillantes, leurs muscles respiratoires sont grêles, leur poitrine étroite, comme rétrécie.

Non seulement les syphilitiques non guéris donnent à leurs enfants la maladie qu’ils ont contractée, mais encore ils les vouent à la débilité, au rachitisme, à des malformations, des troubles par arrêt de développement. Les enfants des syphilitiques en activité semblent, en général, de petits vieillards proches de la tombe, et il en est qui présentent de véritables monstruosités.

Les alcooliques invétérés soumettent leur descendance à une déchéance non moins affreuse. Au premier degré on remarque de la faiblesse, de la nervosité, une propension à la cruauté, au mensonge, à la précocité vicieuse, aux dépravations sexuelles, en même temps qu’une disposition très marquée à la tuberculose. Ensuite, la passion mauvaise se transmettant d’une génération à l’autre, c’est l’imbécillité, le sadisme, la folie furieuse et incendiaire. La famille alcoolique aboutit, en fin de compte, plus ou moins rapidement, à des idiots d’un degré au-dessous de l’animalité, et chez lesquels la puberté n’apparaît point.

D’une façon générale, on peut dire qu’il n’est pas de maladie ou d’infirmité grave des parents qui n’ait son retentissement sur la descendance, surtout lorsque les deux époux sont atteints du même mal. S’ils ne lèguent point toujours à leurs enfants avec certitude les affections ou infirmités dont ils souffrent, ils en font en tout cas des candidats aux mêmes maux, et il faut un concours avantageux de circonstances pour les en préserver. Quand la tare héréditaire n’apparaît point dès les premiers ans, il ne faut pas croire pour cela qu’elle est évitée. Il se peut qu’elle demeure latente, jusqu’au jour où un choc, un surmenage, une autre maladie, lui four-