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affaibli, en état d’ivresse, ou sous l’influence d’une intoxication, si l’on se fait un cas de conscience de ne donner le jour qu’à des êtres sains, utiles et intelligents.

Les jeunes gens, particulièrement les jeunes filles, devraient apprendre de bonne heure quelles sont les conditions nécessaires à une bonne procréation, et de quels soins éclairés doivent être l’objet les tout petits, dont l’existence fragile est si souvent compromise par la persistance de coutumes malpropres et de dictons absurdes. Ils devraient être éveillés à la conscience de leurs futures responsabilités à l’égard de la génération qui leur succédera.

L’amour n’est profitable et pur que lorsqu’il ne sème ni douleurs ni déchéances. La paternité comme la maternité ne se justifient que par le désir de créer à la fois du bonheur et de la beauté. — Jean Marestan.


ÉDUCATION SYNDICALE. — L’éducation professionnelle est nécessaire à la formation intellectuelle et manuelle du bon ouvrier. De même l’Éducation syndicale est indispensable à la formation intellectuelle et morale de l’exploité.

Cette Éducation, il n’a besoin ni de maîtres, ni de patrons pour la lui donner : C’est la vie ouvrière elle-même qui se charge de lui faire une mentalité de revendicateur et parfois même de révolté ; de lui former une conscience de travailleur qui veut son indépendance et cherche la voie de son affranchissement. Il est indéniable que l’Éducation syndicale a su développer chez les syndicalistes l’esprit de révolte et hausser considérablement chez la plupart des ouvriers qualifiés la conscience de leur valeur et chez tous les salariés un besoin d’égalité en tout et pour tout avec leurs semblables, fussent-ils leur exploiteurs, leurs patrons, leurs maîtres. Il ne faut pas confondre cet état d’esprit, produit de l’Éducation syndicale, avec le simple esprit de démocratie bourgeoise. L’Éducation syndicale signifie bien enfin que l’ouvrier, le producteur, tend à vivre « sans Dieu ni maître », sans État, sans gouvernement et, par conséquent, sans tyrannie d’aucune sorte et sans tyrans d’aucune espèce.

Il a horreur de la Dictature, de quelque nom dont on la puisse affubler, de quelque masque dont se cache le visage un autoritaire politicien pour tromper son monde.

L’Éducation syndicale a fait des hommes de caractère et de principes. Il est des militants syndicalistes purs auxquels ne vint jamais à l’idée de changer d’opinions, suivant les événements politiques ou sociaux. Dès l’instant que le régime de l’exploitation subsiste, ils restent des révoltés et des révolutionnaires et s’il est impossible ou inutile d’élever la voix, ils savent se taire plutôt que de s’offrir stupidement aux représailles féroces ou de lâchement hurler avec les loups. L’éducation crée le stoïcisme, le généralise.

L’Éducation syndicale fait adopter le principe fameux que ni la guerre, ni la victoire ou la défaite, n’ont pu démentir… au contraire, et qui se traduit simplement par ces mots : « L’ouvrier n’a pas de patrie ». Chaque fois qu’il prend les armes : pour d’autres intérêts que les siens, il est dupe et victime. Une seule guerre le réclame : « la guerre sociale… » un seul combat est le sien, une seule lutte lui convient s’ils se rapportent à la Révolution sociale. Et c’est alors, plus que jamais, que lui aura été nécessaire l’Éducation syndicale susceptible de faire de lui, producteur, l’organisateur d’une Société libre ! — G. Y.


EFFET n. m. (de effectus, de efficere : faire, causer). Une des définitions les plus brèves et les plus claires de ce mot, nous semble être celle que nous donne Lachâtre et que nous lui empruntons. « Ce qui est produit par une cause, par un agent quelconque. Ces deux mots, cause et effet, sont corrélatifs et présentent deux

idées qui se déterminent l’une par l’autre. Toute cause n’est rien si elle ne peut être considérée comme productive d’effets, et l’on ne peut concevoir un effet sans cause. L’effet est ce qui est, a été, ou sera, parce qu’une cause s’exerce, s’est exercée ou s’exercera. L’esprit humain ne connaît les causes que par leurs effets. C’est par une appréciation vraie de ceux-ci qu’il s’élève à la notion supérieure des lois générales qui régissent les différents ordres de phénomènes ; c’est par leur étude approfondie, et à force d’inductions successives, qu’il acquiert la science, dont les résultats promettent à l’homme l’empire de la nature. Depuis que le savoir pour le vrai philosophe a signifié prévoir, il a été évident que l’observation des effets était la base, le fondement nécessaire de tout édifice scientifique, et que les causes hypothétiques ne peuvent être sérieusement admises que lorsqu’il y a des effets qui les confirment.

On ne peut, en effet, concevoir de cause sans effets. Mais on ne peut pas plus concevoir d’effets sans cause. Nous dirons alors qu’il n’y a pas de cause en soi, que si la cause détermine l’effet, elle fut elle-même déterminée par une autre cause et est conséquemment elle-même cause et effet. La cause est donc inhérente à l’effet comme l’effet est inhérent à la cause. Si l’on admettait qu’une cause puisse n’être qu’une cause, qu’elle ne fut jamais déterminée par une autre cause : ce serait admettre une cause première, ce qui à notre sens est ridicule, car cela nous entraînerait, ainsi que l’explique lumineusement S. Faure dans son « Imposture Religieuse », à imaginer des « Forces extra naturelles, des Puissances antérieures et supérieures à la nature, un pouvoir réglementant souverainement toute chose ». Ce serait reconnaître l’œuvre de création, le commencement de tout, ce serait sombrer dans l’idée d’un Dieu supérieur et maître absolu de toute chose. Admettre une cause en soi, c’est admettre Dieu.

Au mot « déterminisme » on trouvera le développement beaucoup plus étendu sur ce sujet et une démonstration beaucoup plus limpide des enchaînements de « cause à effet », et disons avec S. Faure : « Il est impossible de séparer l’effet de la cause dont il procède ; mais il est également impossible de séparer la cause de l’effet qui l’accompagne, qui la suit, qui en découle nécessairement et immédiatement. »


EFFORT n. m. Acte par lequel le corps ou une partie du corps ou de l’esprit dépense une activité plus intense qu’à l’ordinaire. Physiologiquement, l’effort est une contraction des muscles dont l’objet est d’opposer une résistance à une puissance extérieure et dont le but est de vaincre cette puissance. Lorsque nous voulons soulever un fardeau, gravir une montagne, parcourir un chemin déterminé, en un temps relativement court ; chaque fois que nous voulons accomplir un geste qui nécessite une fatigue ou une peine, nous produisons un effort.

Lorsque un effort est trop violent et qu’il dépasse la tension que peuvent supporter certains muscles, il se produit diverses modifications organiques, et c’est ainsi qu’apparaissent les hernies, les ruptures tendineuses, etc…, etc…

À côté de l’effort volontaire, il y a l’effort instinctif, qui se manifeste par des mouvements convulsifs qui sont parfois des signes d’affaiblissement ou de maladie. Dans cet ordre, nous pouvons classer la toux, les vomissements, etc…, qui ne sont que des efforts aussi fatigants pour celui qui les produit, que les efforts volontaires.

Nous avons, également, l’effort intellectuel, spirituel. Lorsque nous voulons nous souvenir d’un événement ancien, nous produisons un effort de mémoire ; si nous voulons résoudre un problème difficultueux, nous dépensons une activité intellectuelle qui est un effort ;