L’Empereur d’Allemagne, Frédéric Barberousse, soutint une guerre épique contre la Papauté, qu’il dut renoncer à subjuguer.
Le roi de France Philippe le Bel lutta également contre les papes et parvint à leur arracher quelques bribes d’indépendance. (Il fut excommunié et le pape Boniface VIII eut même la prétention de « donner » le royaume de France à Albert d’Autriche). Ce fut le germe du « gallicanisme ». À travers les siècles, d’innombrables efforts seront faits pour assurer au clergé de France (Gallican), une vie indépendante. Ces efforts tiendront en échec, pendant longtemps, la tyrannie romaine. C’est seulement au xve siècle que celle-ci triomphera et que l’ultramontanisme supplantera le gallicanisme dans notre pays. On doit le regretter car ce dernier obéissait à des traditions plus libérales ; il était moins absurde et moins fanatique. La victoire du romanisme, l’assujettissement des clergés nationaux à la puissance internationale catholique (dirigée en fait par les Jésuites actuellement) a marqué une recrudescence de l’obscurantisme et de l’esprit réactionnaire.
Il est un domaine où l’Église et la Royauté surent toujours fraternellement s’entendre : je veux parler de la répression des hérésies. L’Église, par une suprême hypocrisie, déclarait ne pas vouloir verser le sang elle-même (elle le faisait pourtant dans les États de l’Église), et elle remettait les hérétiques au pouvoir civil pour qu’ils soient punis et châtiés. Odieuse comédie, dont personne n’est plus dupe. La responsabilité des hécatombes d’hérétiques incombe directement à l’Église et à son intolérance, dont les rois ont été les odieux complices.
Lors de leur sacre, l’Église imposait aux rois de France le serment solennel d’exterminer les hérétiques.
Au lendemain du massacre de la Saint-Barthélemy, le Pape fit sonner les cloches à Rome et envoya ses félicitations à Charles IX, avec une médaille commémorative.
Des centaines d’exemples du même genre pourraient être donnés, si l’on n’était fixé sur la mansuétude et la douceur de l’Église — de ses inquisiteurs et de ses tortionnaires.
Cette Église, qui fera grise mine au mouvement libérateur des communes et cherchera à le contrecarrer partout où elle y aura intérêt, cette Église va donner toute sa mesure dans la répression des hérésies apostoliques, vaudoises, albigeoises, etc. Tous ces hérétiques sont des gens qui réclament naïvement la réforme d’un clergé pourri de vices. On les massacre sans pitié et le Pape excite à la dévastation de provinces entières. L’extermination des Albigeois dura 20 ans ; c’est une des pages les plus sanglantes de l’histoire.
C’est également la Papauté qui organise ces guerres imbéciles, ces criminelles expéditions connues sous le nom de Croisades. Elles dressèrent l’une contre l’autre deux civilisations faites pour s’équilibrer et engendrèrent une période de misères et de famines cruelles. Ces expéditions barbares sont la honte de l’Église du Moyen-Âge.
En 1302, le pape Boniface publie sa bulle Unam Sanctam dans laquelle il déclare que la soumission au pontife romain est pour toute créature humaine une condition de salut. Déjà le Concile de Latran (1215) avait jeté les bases de l’Inquisition, pour briser l’hérésie par le mouchardage et la délation. L’Inquisition est une des institutions les plus néfastes que la malfaisance ecclésiastique ait imaginées.
Mais l’Église trop riche et trop puissante va être déchirée et divisée ; en conséquence même de son avidité. Les cardinaux se disputent autour de la tiare divine ; leurs votes sont trafiqués, les compétitions s’enveniment, et c’est le grand schisme d’Occident : deux papes règnent en même temps, l’un à Rome,
C’est encore à cette époque (1431) que l’Église Française encanaillée avec le roi d’Angleterre, fit brûler Jeanne d’Arc pour lui plaire. Toujours à la solde des puissants, l’Église s’associe volontiers à leurs crimes. Plus tard, les Anglais étant vaincus et le roi de France (Charles VII) ne voulant pas être considéré comme le complice d’une sorcière, l’Église acceptera de la réhabiliter. Depuis, elle l’a même canonisée et se sert de sa malheureuse victime pour exploiter la crédulité patriotique et remplir ses coffres.
Après la prise de Constantinople par les Turcs (1453), les savants et les artistes grecs se réfugièrent en Occident, où l’on sentait le besoin de réagir contre la torpeur interminable du Moyen-Âge. Ce fut la Renaissance, qui vit le réveil des arts et de la pensée, l’épanouissement trop longtemps comprimé des facultés humaines.
Les Papes essaient encore de s’imposer aux rois. Le pape Jules II (1510) émet la prétention de donner le royaume de France au roi d’Angleterre. Il échoue. Par la suite, devenus plus subtils, les Papes renonceront à ces méthodes brutales ; ils se contenteront de gouverner les rois d’une façon occulte et sournoise.
D’ailleurs, c’est la Réforme qui éclate (1517), jetant l’anathème à la face d’une Église impure et corrompue. Les hontes du clergé, ses vols, ses crimes, sont marquées au fer rouge. Des peuples entiers (Allemagne, Angleterre, Pays scandinaves, Suisse, etc.) se séparent de l’Église. En France, une lutte implacable met aux prises les catholiques et les huguenots. Partout, le catholicisme est ébranlé, sans que ses chefs consentent à le réformer — ce qui donnerait raison à l’adversaire.
Le Concile de Trente (il dura, avec des intermittences, de 1545 à 1563), vint raffermir l’autorité chancelante de l’Église et serrer les rangs autour du Saint Siège. Ce Concile était composé des créatures du Vatican en majorité (189 Italiens contre 66 prélats seulement des autres nationalités). La direction de l’Église (et les profits qui en résultent !) se concentre ainsi de plus en plus entre les mains du clergé italien. Il en est encore de même aujourd’hui, et l’on sait que, depuis très longtemps, le pape est toujours de nationalité italienne.
Le Concile de Trente édicte des prohibitions sévères contre les hérétiques et leurs ouvrages. Il publie un catéchisme détaillé, qui inspire encore, en matière de foi, les théologiens catholiques. C’est également à cette époque (1600), que Giordano Bruno est brûlé vif à Rome, et que l’Église enferme et condamne (1633) le grand astronome Galilée.
En France, les luttes religieuses s’étaient calmées. Elles ne devaient pas tarder à reprendre en raison de l’intolérance catholique, des excitations d’une société de fanatiques, la compagnie du Saint Sacrement et surtout d’une secte nouvellement créée par un ancien soldat espagnol Ignace de Loyola, sous le nom de Compagnie de Jésus.
Ce groupement, mi-religieux, mi-militaire devint une phalange entièrement dévouée à la Papauté. Il exigeait de ses membres l’obéissance la plus servile et il domes-