médical, simple ou combiné. Il réussit à vaincre une anémie pernicieuse. Cette anémie, arrivée à son ultime degré, s’était montrée réfractaire à toutes les méthodes courantes basées, pour la plupart, sur le principe de la suralimentation. De nombreux médecins avaient mis en œuvre toute leur science sans autre résultat qu’une aggravation répétée de la maladie. Or, malgré le degré d’affaiblissement de l’intéressée, alitée de longue date et incapable de tout effort, le docteur Guelpa prescrivit la diète absolue. Pendant trois semaines consécutives, pas un gramme de substance alimentaire ne pénétra dans l’appareil digestif de la moribonde. Et grâce à l’auto-désintoxication du sujet, tous les symptômes pathologiques s’atténuèrent. Accroissement des globules rouges (attesté par une analyse du sang), modification du teint qui de jaune redevint. rose, disparition de l’irritation nerveuse et de l’insomnie, etc., etc., constituèrent l’amélioration immédiate et tangible qui précéda la guérison et ramena à la normale celle qu’une médecine routinière et mal avisée entraînait à une mort certaine.
Un autre cas typique (entre cent autres) et qui peut faire tache dans les annales médicales, fut entrepris par le docteur Guelpa. C’est celui d’un homme terriblement maltraité par le diabète. Cet individu, hospitalisé à l’Hôtel-Dieu, élaborait, d’après ce savant, chaque jour cinq cents grammes de sucre et évacuait cinq à six litres d’urine. Une énorme tumeur consécutive à l’affection générale (inopérable dans ce cas, comme chacun sait), ornait l’un de ses genoux. Tous les traitements spécifiques en honneur avaient lamentablement échoué. Une issue fatale semblait seule devoir délivrer ce malheureux.
Le docteur Guelpa lui imposa quatre jours de diète absolue. Pendant les quatre jours qui suivirent, il lui permit une alimentation légère et spéciale. Puis le cycle de ce système alterné se poursuivit jusqu’à guérison complète du malade. La tumeur se résorba contre toute attente pendant le processus de cette extraordinaire régénération, résultat. d’une audacieuse et intelligente conception médicale.
Dans son livre Le Jeûne qui guérit, le docteur Dewey cite maintes autres cures sensationnelles obtenues par ce traitement. Affections chroniques ou aiguës, bénignes ou graves sont justiciables de son application rationnelle et circonstanciée.
Si les unes sont réductibles par la suppression de un ou plusieurs repas quotidiens, d’autres exigent une application du jeûne hydrique absolu qui atteignit, dans certains cas opiniâtres que cite cet innovateur, une durée de deux mois.
Le jeûne n’a pas eu, d’ailleurs, qu’une application thérapeutique. Le docteur Tanner eut recours à ce procédé pour démontrer que l’on pouvait vivre longtemps en négligeant de s’alimenter. Au cours de l’une de ses nombreuses expériences démonstratives, il demeura 40 jours sans absorber de nourriture liquide ou solide, hormis de l’eau pure. D’autres jeûneurs professionnels (dont l’italien Succi) multiplièrent ces épreuves dans de nombreuses exhibitions publiques qui eurent, au début, certain retentissement.
Dans la lutte qui dresse, parfois en soubresauts violents, l’Irlande contre l’Angleterre, de nombreux Sinn-Feiners adoptèrent le jeûne comme moyen de protestation contre un internement qu’ils jugeaient arbitraire. Certains d’entre eux refusèrent, paraît-il, toute nourriture pendant plus de trois mois, sans que mort s’en suive. L’un d’eux, le Maire de Cork, expira au bout de 74 jours de jeûne absolu.
Les animaux, plus raisonnables que l’homme (s’il m’est permis d’employer cette expression) s’abstiennent de toute nourriture au cours de la maladie qui les frappe, ou lorsqu’ils sont victimes d’accidents. Ceux qui,
Lorsque la mort survient par inanition, la perte du poids s’établit ainsi :
Graisse · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · 97 %
Muscles · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · 30 %
Foie · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · 56 %
Rate · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · 63 %
Sang · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · 17 %
Centre nerveux · · · · · · · · · · · · · · · · · · 0 %
Ainsi donc, jusqu’à la mort, le cerveau reste intact. Il épuise les réserves de l’organisme sans subir aucune réduction ni altération. Ceci pour répondre à l’objection qui laisserait croire que la privation de nourriture expose celui qui s’y soumet aux risques de troubles nerveux et mentaux. C’est vraisemblablement le contraire qui se produirait, des aliénés et des hystériques ayant été sérieusement amendés par l’observance fortuite du jeûne.
Nous conclurons donc que, tant que l’humanité n’aura pas assez de discernement ni assez de volonté pour adopter et poursuivre une alimentation rationnelle et qu’elle s’obstinera dans les errements qui conduisent aux crises néfastes les individus imprudents, le jeûne demeurera la méthode la plus sûre et la plus efficace pour lutter préventivement et curativement contre les maladies. — J. Méline.
JEUNESSE n. f. Partie de la vie de l’homme comprise entre l’enfance et l’âge viril. On applique ce mot aux premiers temps des choses : la jeunesse du Monde. Au figuré, jeunesse est un terme qui représente la vigueur et la fraîcheur des sentiments : la jeunesse du cœur. Sous la Convention et le Directoire on désigna, sous l’appellation de Jeunesse dorée, les muscadins, les incroyables et les merveilleuses.
Comme tout organisme vivant, l’homme naît, se développe et meurt. La vie est comparable à une montagne. De la naissance à l’âge viril, il passe par l’enfance, l’adolescence et la jeunesse. Durant ce temps, il gravit les pentes de la montagne. Parvenu au sommet, il reste plus ou moins longtemps sur le plateau de la maturité. Vient ensuite l’approche de la vieillesse, et il descend du sommet plus vite qu’il n’en a fait l’ascension.
La jeunesse est l’âge des projets, des illusions et des rêves. L’homme se projette alors dans l’avenir. C’est aussi l’âge de la fougue, de l’imprudence, de l’impétuosité, de la passion qui ne connaît ni freins, ni obstacles. C’est encore l’âge des entraînements généreux, des exaltations frémissantes, des sublimes dévouements, des sacrifices héroïques.
C’est l’âge où, parvenue à un degré assez avancé de son développement physique, intellectuel et moral, la personnalité se dessine, accusant dans ses lignes essentielles ce qu’elle sera par la suite. L’enfant est la tige, le jeune homme le bouton et l’homme proprement dit la fleur ; en conséquence, l’enfant est le jeune homme de demain et l’homme d’après-demain. Poursuivant cette comparaison juste et poétique entre la fleur et l’homme, on a raison de dire que la fleur étant le résultat de la nature du sol, de la température, du climat et des soins qui lui sont donnés, l’homme est, également, le résultat de l’ascendance, du milieu et de l’éducation. Le jeune homme est appelé à être ce que feront de lui toutes ces influences qui font pression sur lui, conditionnent son développement et sculptent insensiblement, à son insu parfois, sa personnalité complète : hérédité, impressions premières, images et bruits, entraînements subis, conseils donnés, conversations entendues, exemples observés, enseignements reçus, moyens matériels d’existence, etc.
Ces données expliquent la violence et la pérennité des