Page:Faure - Encyclopédie anarchiste, tome 2.djvu/521

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
JUD
1129

des temps héroïques : un instrument de libération, si nous savons harmoniser nos efforts. Comprenons que la multiplicité des tendances est une force non une faiblesse ; ainsi la nature est rendue plus belle par la diversité de ses fleurs. Restons fraternels entre nous, et réservons aux tortionnaires du genre humain la totalité de nos coups. — L. Barbedette.


JUDAÏSME n. m. (du latin judaïsmus, rad. Juda). Les dictionnaires définissent le mot judaïsme par les mots : religion des juifs, ou bien par recueil des préceptes et cérémonials des hébreux ou israélites. Ce nom viendrait de Judas ou Juda fils de Léa. (Genèse 29, v. 35). Des milliers de volumes ont été écrits en allemand, en français, en hollandais, en anglais sur cette religion.

Il est impossible de les résumer en quelques pages pour notre encyclopédie ; nous nous contenterons donc de citer quelques faits, et nous en tirerons les conclusions qui nous paraîtront justifiées.

Si quelque chrétien, accoutumé aux pompes de l’Église austère du culte protestant, entre pour la première fois dans une synagogue ou temple juif au moment du service, il est pris d’une forte envie de rire. Lorsqu’on le force à rester coiffé et qu’il voit tous les assistants, hauts de forme sur la tête, une écharpe sur les épaules, chanter, ou plutôt ânonner dans une langue inconnue, c’est avec peine qu’en homme poli il réprime cette envie saugrenue.

Mais le protestant ressent la même envie quand il assiste pour la première fois à une messe, lorsqu’il voit des prêtres vêtus de chasubles brodées, faire mille contorsions devant l’autel, s’agenouiller, faire des génuflexions ; puis des enfants de chœur vêtus de rouge et de blanc balancer des encensoirs d’où s’échappent des fumées malodorantes et encensant l’autel, les images, etc., etc. A la porte, des bénitiers où des enfants non catholiques viennent, dans leur ignorance, se laver les mains. Dans les processions, par les rues, les prêtres sous des dais et portant un dieu dans une boite, des reposoirs ou autels improvisés, comme on en voit encore dans les pays catholiques hors de France ; les rogations, dans lesquelles on entend des cris adressés à Dieu, comme si ce Dieu était sourd : « Donne-nous de l’eau ! », comme je l’ai entendu bien des fois en Valais. Les costumes des évêques, des archevêques, des cardinaux avec leurs étranges mitres ou chapeaux cardinalices, etc.

Tout cela n’est-il pas plus risible que le culte de la synagogue ? Et les églises orthodoxes russes, avec leurs évêques à mitres d’argent couvertes de pierreries, les baisers de mains que les prêtres font aux évêques qu’ils habillent comme des mannequins ; je dois avouer que libre penseur, anarchiste comme j’étais, j’ai eu souvent des besoins de rire de ces comédies qui, pourtant, continuent à attirer les foules.

Cette introduction servira à prouver que si je décris la religion judaïque avec quelque soin, elle ne m’est pas moins odieuse, car c’est au judaïsme que nous devons en héritage funeste le christianisme, religion atroce qui a fait couler des torrents de sang pendant des siècles, et qui en répandrait encore si la science, l’éducation n’y mettaient bon ordre. Persécutions, guerres incessantes, effrayantes tortures de l’Inquisition, obstacle au progrès de la civilisation toutes les fois que le christianisme a eu le pouvoir, — voilà le bilan du christianisme.

Le judaïsme et le christianisme doivent être honnis par tous les hommes de cœur. Néanmoins il est bon de connaître l’histoire de ces religions et d’en étudier les dogmes et les cérémonies.

Le remarquable historien des religions, le Professeur Vernes, dans son Histoire des Juifs, très libérale, cher-

che à démontrer que cette religions n’est pas, comme beaucoup le croient, originaire de la Mésopotamie, mélange des doctrines des Sumériens, les antiques habitants de ce pays, et du paganisme oriental que les juifs se seraient appropriés lors de l’exil.

Pour le professeur Vernes, la religion juive serait autochtone ; il dit qu’elle s’est formée graduellement en Palestine, grâce à la littérature nationale. Il affirme que le Pentateuque, — livre de la loi, — la Thora, comme l’appellent les juifs, est un recueil de poèmes sans aucune base historique, mais qui a servi de fondement à l’idée nationale des Hébreux. « Jamais la Palestine n’a été, dit-il, conquise par les juifs venus de l’Égypte, où la science moderne a démontré qu’ils n’avaient jamais habité en nombre, mais que la branche arabe des langues à laquelle appartiennent l’hébreu proprement dit et l’aramien, et les tribus qui les parlaient, toujours en guerre, se massacraient mutuellement jusqu’à l’époque des Macchabées telle qu’elle nous est racontée par les livres apocryphes. »

Le Pentateuque ne serait donc qu’un recueil de récits fantastiques, des chansons de geste ou des contes de fées, qui n’auraient pas plus de fondement que « Huon de Bordeaux », « Les quatre fils d’Aymon », etc.

Les cinq livres dits de Moïse (pure image mystique) et celui de Josué seraient devenus le trésor historique des juifs, quoique ces œuvres n’aient été écrites que plus de mille ans après les événements qu’elles racontent. Les atroces récits des massacres commis par les juifs sur les tribus qui leur avaient accordé l’hospitalité, puis la conquête plus épouvantable encore d’un petit pays par des milliers de juifs qui n’épargnaient que les filles vierges et anéantissaient des peuples entiers sur l’ordre du Dieu d’Israël, sont heureusement mensongers, mais ils ont servi d’excuses aux plus noires actions des Constantin, des Vladimir, des Torquemada, des Pizarre, des Cortez, actions près desquelles les crimes attribués à Néron ne sont que des bagatelles. Les cruautés de ce genre, l’extermination des Peaux-Rouges, des Australiens ont continué jusqu’à nos jours, et notre esprit de conquête, notre militarisme, sont tout prêts à continuer d’appliquer les préceptes du mosaïsme ou judaïsme. On entend encore parmi nous raconter les hauts faits d’un Moïse, d’un Josué, etc. ; on enseigne dans nos écoles la belle morale d’un David — l’ancêtre du mystique Jésus — qui permet à un frère de violer sa sœur et qui lui-même fait tuer un mari pour lui voler sa femme. Quelles belles leçons à tirer de l’histoire d’un Samson, d’un Goliath, d’une Judith, etc. Mais passons. L’histoire des juifs et de leur religion en Palestine vous donne le cauchemar.

Les juifs n’étaient pas monothéistes dès l’origine, comme on le dit souvent. Comme tous les peuples de l’Orient ils ont commencé par adorer le soleil et les autres astres, mais chaque tribu avait son dieu particulier, chaque profession aussi, comme chez les catholiques tout village, tout métier a son petit dieu, son saint patron.

Chaque tribu juive avait un saint patron qu’on adorait sur les hauteurs et qu’on appelait El, Baal, Moloch, Adôn, Chaddaï ; plus tard est venu Yarch ou Yahou (Jéhowah), dieu particulier de la tribu de Juda, la plus puissante des tribus juives, qui a imposé son dieu particulier aux autres tribus. Ce Yaveh n’était pourtant qu’un dieu étranger, car on ne savait pas la prononciation exacte de ce nom auguste, et pour cacher cette ignorance les prêtres faisaient croire que quiconque le prononçait mourait aussitôt ; c’est pourquoi les juifs en lisant le titragamme (les quatre lettres hébraïques de ce nom) remplaçaient Yaveh par Elohim (les dieux) ou Adonaï.

Les juifs ont continué à honorer plusieurs dieux ; même au commencement de notre ère il y avait des