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sanctuaires des dieux à Jérusalem malgré le Décalogue. « Je suis l’Éternel ton Dieu, qui t’ai retiré du pays d’Égypte, tu n’auras pas d’autre dieu devant ma face » — c’est-à-dire dans le temple. — Josué (Ch. 24, v. 2) dit que les juifs au delà de l’Euphrate adoraient d’autres dieux ; même en Palestine on voyait des images représentant un taureau, probablement personnification du Phallus. Les téraphins étaient des dieux domestiques à forme humaine (Genèse 31, v. 19-30), etc.

Quand la caste sacerdotale qui s’était formée dans le cours des temps se fut fortifiée, elle imposa par la violence un dieu Yaveh à tout le peuple. Ce fut la rhéacratie en plein, avec toutes ses cérémonies et son code, civil et pénal.

Les juifs croyants parlent toujours de la loi et des prophètes. Nous ne nous arrêterons pas aux œuvres de ces hurluberlus hallucinés que tout un peuple a regardés comme les messagers de Dieu. Ils n’ont guère été inspirés que par la folie naturaliste et religieuse, comme les anachorètes du désert catholique, les théologiens moyenâgeux ou les prophèlures protestantes des Cévennes.

L’important c’est la loi.

On trouve déjà dans l’Exode toutes cartes de commandements sur l’alliance avec Dieu, sur la construction de tabernacles, sur les offrandes, sur l’arche, sur le chandelier à 7 branches, sur l’autel des holocaustes, sur la cuve d’airain, sur les vêtements sacerdotaux, etc., mais les principaux chapitres de la loi commencent dans le Lévitique.

La plus importante des ordonnances sont les holocaustes. Ce devait être un spectacle bien écœurant que de voir les fidèles amener, pour le faire égorger, leur plus beau bétail, devant l’autel que le prêtre arrosait de sang et couvrait de graisse, de chair et d’intestins ; les agneaux, les boucs, les chèvres sans défaut, les tourterelles, tout était agréable à ce Dieu glouton, qui aimait voir le sang dégouliner. On pouvait aussi offrir de la fleur de farine, de l’huile, de l’encens…

Si quelqu’un avait péché involontairement contre un commandement divin, il devait sacrifier un jeune taureau, une chèvre, un bélier, etc. Pour un faux serment on devait sacrifier un bélier, et le péché était pardonné.

Quiconque, excepté les prêtres, aurait mangé de la chair d’un animal sacrifié, devait être retranché du peuple, c’est-à-dire périr.

Dieu se faisait costumier, il commandait les vêtements d’Aaron et de ses fils, les prêtres, il leur mettait sur la tête une tiare d’or et aspergeait d’huile et de sang ces mêmes prêtres. Ainsi « parés », ils devaient être attrayants, ces serviteurs de Dieu !

Le feu de l’Éternel brûla deux fils d’Aaron qui avaient apporté sur l’autel un brasier étranger. Dieu défendit au peuple de pleurer la mort de ces jeunes gens. Dieu défend, sous peine de mort, de boire vin ou boisson avant d’entrer dans la tente d’assignation.

Ordonnances sur la nourriture. — Dieu permet de manger tout animal qui a le pied fourchu et qui rumine, mais pas le lapin (qui rumine et n’a pas le pied fourchu), pas le chameau. Défense de manger des animaux aquatiques qui n’ont pas de nageoires et d’écailles. Hérissons, grenouilles, escargots, sont impurs et interdits. Toucher même à ces animaux souillait et quiconque les maniait restait souillé jusqu’au soir ; il fallait faire des ablutions pour se purifier. Même les outils devaient être purifiés.

Le judaïsme a toujours regardé la femme comme un être inférieur. Le Décalogue la met au même rang que le bétail. « Tu ne convoiteras pas la maison de ton prochain, ni sa femme, ni son âne, etc. » Il a le mépris de la plus noble fonction de l’être humain : la maternité. Le Lévitique dit : « La femme qui engendrera un mâle sera impure pendant 7 jours, puis après la circon-

cision de l’enfant elle restera 33 jours impure, ne touchera aucune chose sainte et n’ira pas à la synagogue. Si elle enfante une fille elle restera impure pendant 15 jours et elle restera 66 jours à se purifier. » (Lévitique XII). Aussi même une fille est considérée avec mépris à sa naissance. Et il y a des femmes pour aimer une religion pareille, comme il y a des fanatiques du catholicisme, lequel regarde aussi une jeune mère comme impure.

Le juif qui abat un animal domestique loin du temple est expulsé de l’assemblée des fidèles (Lévitique XIII). Défense de manger du sang ; un oiseau tué à la chasse sera vidé de sang et couvert de poussière !  ! Le chapitre XIV du Lévitique contient des principes de morale assez bons, mais il approuve l’esclavage et défend de porter des vêtements tissus de deux espèces de fil. Au xxe chapitre la peine de mort est commandée contre celui qui livre son enfant à Moloch, c’est-à-dire qui le fait élever dans la religion des peuples voisins ; peine de mort pour l’adultère, pour la bougrerie, pour l’union consanguine…

La terre pourra être cultivée pendant 6 ans, la septième année elle restera en jachère, les arbres ne seront pas taillés, le raisin ne sera pas cueilli.

Les juifs posséderont des esclaves pris dans les nations étrangères et qui seront esclaves à perpétuité, pourtant un esclave pourra se racheter à prix d’or. Un père pourra vendre sa fille.

Les fils de Kehath seront tous lévites, ils porteront l’arche mais ne toucheront pas les choses saintes, sinon ils mourront.

Le chapitre VI des Nombres édite de curieuses ordonnances sur le Nazareat, sorte de considération à Dieu. Le nazaréen ne doit boire ni vin, ni vinaigre, ne doit manger ni raisin frais, ni raisin sec.

Il ne se rasera pas la tête jusqu’à l’expiration de son nazaréat. C’est probablement de cette espèce d’ordre monastique temporaire qu’est venu le nom de nazaréen attribué à Jésus dans les Évangiles, et ce serait de ce nom qu’on aurait fait Nazareth, où l’Evangile fait élever Jésus, quoique jusqu’au viie siècle on n’ait jamais été d’accord sur l’emplacement de cette localité.

Un homme travaillant le jour du Sabbat, même pour ramasser du bois, sera mis à mort.

J’en ai dit assez pour faire comprendre la cruauté du judaïsme ancien. Il faudrait reproduire le Pentateuque pour bien exposer la morale de cette religion de terreur.

Voici des paragraphes du XXVIIIe chapitre du Deuteronome :

« Si tu n’obéis point à la voix de l’Éternel ton Dieu, si tu n’observes pas tous ses commandements, tu seras maudit dans la ville, tu seras maudit dans les champs, le fruit de tes entrailles, le fruit de ton sol, les portées de ton gros et menu bétail seront maudits. L’Éternel enverra contre toi la malédiction, le trouble et la menace au milieu de toutes tes entreprises, jusqu’à ce que tu sois détruit, jusqu’à ce que tu périsses promptement parce que tu auras abandonné l’Éternel. Il attachera à toi la peste, l’Éternel te frappera de consomption, de fièvre, d’inflammation, de desséchement, de jaunisse, de gangrène, etc. »

Le judaïsme devint surtout influent après la construction du temple dit de Salomon, temple dont les proportions étaient minuscules, si l’on tient compte des chiffres donnés par l’Ancien Testament. Il avait été construit par des artistes, des architectes étrangers, car les juifs ne pouvaient cultiver les arts, excepté la musique, et jusqu’au xive siècle les israélites n’ont produit ni peintres, ni sculpteurs, ni architectes.

Le temple construit pour la troisième fois et qui existait au commencement de l’ère chrétienne, jusqu’à la destruction de Jérusalem par Titus, ne devait pas non