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Page:Faure - Encyclopédie anarchiste, tome 2.djvu/733

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LUT
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de l’horizon vrai. Or, il y a, juste à la place du pôle boréal et austral, des montagnes de 2.800 à 4.000 mètres.

Citons encore avant de quitter notre satellite ses éclipses qui se produisent au même moment physique, c’est-à-dire, par exemple, à minuit à Paris et à 7 heures du soir, à New-York, quand il entre, en partie (éclipse partielle) ou complètement (éclipse totale) dans le cône d’ombre de la terre. Ce cône d’ombre se termine en pointe à une distance de 108 fois et demie la longueur du diamètre de la terre.

A la distance moyenne de la lune, l’ombre de la terre est encore 2, 2 fois plus large que la lune, ce qui fait que la plus longue durée d’une éclipse totale de la lune peut être de 2 heures. L’éclipse de lune a toujours lieu au moment de la pleine lune et est visible au même instant dans tous les pays, où la lune se trouve au-dessus de l’horizon. Mais, grâce à la réfraction des rayons solaires, la lune ne disparaît presque jamais complètement dans les éclipses totales. Elle n’est absolument devenue invisible que pendant les éclipses de 1642, 1761, 1816 et celle du 12 avril 1903.

Mais ce qui différencie le plus la lune de notre terre et des planètes de notre système solaire, c’est son absence totale d’air qui ressort de la constatation qu’il n’y a pas de crépuscule sur la lune et qu’on trouve une égalité parfaite entre le calcul et l’observation lorsqu’une étoile disparaît derrière le disque.

Ce manque d’atmosphère entraîne l’absence du son, du crépuscule et des aurores et seule la lumière zodiacale annonce sur ce monde lugubre l’arrivée du soleil, qui met une heure au lieu de deux minutes un quart comme chez nous, à se lever.

La lumière cendrée que nous voyons n’émane pas de la lune, elle n’est que de la lumière terrestre, c’est-à-dire le reflet d’un reflet qui va frapper la lune. C’est grâce à elle, qui reflète parfois les contours du continent australien, que Castelli, l’ami de Galilée, a pu deviner en 1637, l’existence de l’Australie longtemps avant sa découverte.

Vue de la lune, où le manque d’atmosphère permet aux étoiles de continuer à briller le jour comme la nuit dans un ciel noir et profond au milieu de l’éternel silence, notre terre présente un premier croissant pendant le jour, un premier quartier au couchant du soleil, la pleine terre au milieu de la nuit, son dernier quartier au lever du soleil et son dernier croissant le matin. Lorsque nous avons nouvelle lune il fait pleine terre sur la lune et les parages de notre satellite sont alors éclairés d’une intensité égale à 14 fois notre pleine lune…

… Darwin a dit quelque part qu’il y a 54 millions d’années que la lune était née des entrailles alors ignées de la terre, d’où il s’ensuivrait que notre planète aurait environ 200 millions d’années et le soleil 22 milliards. Nos connaissances actuelles nous permettent d’affirmer que ces chiffres sont bien au-dessous de la vérité et que quelques milliards d’années ont dû s’écouler depuis que le soleil a accouché de ce qui est devenu notre incohérente planète sublunaire.

Quoiqu’il en soit, il est certain qu’actuellement la lune est inhabitée dans le sens que nous donnons à ce mot, parce que l’analyse spectrale atteste que l’eau et l’air font absolument défaut sur notre satellite. Si maintenant nous envisageons ce qui se passe sur la planète Mars, notre sosie dans l’espace, mais où la vie organique paraît à son déclin, nous tirons de l’unité constitutive de l’univers, la conclusion, ou plus modestement l’hypothèse présente, que toutes les planètes qui peuplent l’infini des mondes solaires sont, ont été ou seront habitées, mais que la vie simultanée sur les planètes d’un même système solaire doit être assez rare.

La lune plus jeune, plus petite et plus vite refroidie que notre terre, est aujourd’hui un cadavre. Elle était

animée et à son apogée quand notre terre était un petit soleil, mais maintenant, privée de feu, d’eau et d’atmosphère, elle est le pays au sol ravagé de crevasses, rides de vieillesse, de désagrégation et de silence sans fin et où des nuits glaciales, longues de plus de 300 heures terrestres, alternent avec des jours brûlants, au-dessus duquel les étoiles brillent nuit et jour, sans scintiller, dans un ciel sombre de velours noir.

La lune est aujourd’hui ce que notre terre apparaît devoir être elle-même dans un lointain futur… avant de se dissoudre pour retourner à l’éther et renaître sans doute quelque jour, comme le phénix de la légende égyptienne, à une vie analogue, renouvelée et rajeunie… — Frédéric Stackelberg.


LUTTE n. f. (du latin lucta, dérivé de luere, pris dans le sens de solvere, laxare, parce que, dans la lutte, il est question de relâcher les liens dont les membres de l’antagoniste enveloppent le lutteur). Combat corps à corps et sans armes, de deux hommes qui cherchent à se renverser. C’était un des principaux exercices des anciens et leur spectacle favori. Ils connaissaient trois sortes de luttes : la lutte perpendiculaire (érecta), la lutte horizontale et l’acrochisme. Dans la première, la plus pratiquée, on se proposait de renverser l’adversaire et de le terrasser. « Pour arriver à ce résultat, la ruse et la force étaient également employées par les athlètes, qui s’empoignaient réciproquement les bras, se tiraient en avant, se poussaient et se renversaient en arrière, s’enlaçaient les membres, se prenaient au col, se serraient la gorge jusqu’à s’ôter la respiration, se pliaient obliquement sur les côtés, se soulevaient en l’air, se heurtaient le front comme des béliers. Le croc-en-jambe était admis. Enfin l’un d’eux se laissait renverser ; alors commençait la lutte horizontale (volutatis lucta : la roulée sur le sable). Dans cette seconde phase de lutte, les deux adversaires combattaient courbés sur la terre, roulant l’un sur l’autre et s’entrelaçant de mille façons, jusqu’à ce que l’un des deux prît le dessus et forçât l’autre à crier merci. Dans l’acrochisme, les athlètes ne se prenaient que par l’extrémité de la main et par les poignets, se les tordaient et tâchaient de se renverser ainsi. »

Avant la lutte, les athlètes se faisaient frotter le corps d’huile, ce qui contribuait à donner de la souplesse aux membres. Mais comme ces onctions, en rendant la peau trop glissante, leur ôtaient la facilité de se prendre au corps avec succès, ils remédiaient à cet inconvénient, tantôt en se roulant sur la poussière du palestre, tantôt en se couvrant réciproquement d’un sable très fin, réservé pour cet usage dans les xystes, ou portiques des gymnases. Les combats de la lutte remontent à la plus haute antiquité ». Chez les Grecs, les vainqueurs étaient chantés par les poètes et représentés par les sculpteurs. (A Rome, la lutte fut beaucoup moins pratiquée et ne figure dans les jeux que par exception). Homère a célébré, dans l’Iliade, la lutte d’Ajax et d’Achille ; Ovide celle d’Hercule et d’Achéloüs dans ses métamorphoses ; Lucain, celle d’Hercule et d’Antée ; Itare, celle de Tydée et d’Agilée… Les Lutteurs, groupe statuaire que l’on voit à Florence, au palais des Offices, attribués Céphissodote, sont parmi les plus belles des sculptures antiques qui exaltent la lutte et sa plastique…

Parmi les jeux qui font appel à la force physique, la lutte, confrontant des athlètes aux puissantes musculatures, conserve quelques indéniables beautés d’attitude et de rythme. Mais elle a vu, depuis quelques décades surtout, sa vogue décroître rapidement. Pratiquée encore un peu partout, mais sans conviction, elle est regardée comme un sport trop « mou », mièvrement courtois et désespérément inoffensif, par les spectateurs modernes, revenus au goût des émotions violentes et au