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MER
1515

Ératosthène exécuta la première mesure astronomique de la longueur d’un degré méridien entre Alexandrie et Syène au iiie siècle avant l’ère chrétienne et trouva – en supposant la valeur du stade égale à 158 mètres, chose, dont on n’est pas certain – pour la circonférence de la terre : 250.000 stades, ce qui équivaut en chiffres ronds à 39.500 kilomètres. Deux cents ans plus tard, Posidenius exécuta entre Rhodes et Alexandrie une mesure de degré analogue, mesure qui, fixe la circonférence du globe avec une exactitude allant jusqu’à 1/20e. Au ixe siècle de notre ère les Arabes exécutèrent des mesures de degrés où la circonférence de la sphère ressortit avec une exactitude de 1/25e. Il fallut attendre jusqu’au début du xviie siècle, après la longue période d’obscurantisme religieux et d’anémie intellectuelle qui s’appelle le moyen âge, pour arriver à une nouvelle mesure d’arc en Europe, par Fernel en France. En 1615, Snellius applique pour la première fois la méthode exacte de géodosie dite de « triangulation » en mesurant la longueur d’un arc de méridien entre Alkimaar et Bergen. En 1669, le savant géomètre Picard mesura le côté d’un triangle entre Malvoisière et Amiens et trouva un résultat de 57.060 toises (une toise égale 1 m. 95) pour la longueur d’un degré. Mentionnons, les mesures de degré des astronomes Cassini et Lahire, en 1680 et 1718, qui conduisirent à ce curieux résultat que les longueurs de degrés devaient augmenter du nord au sud, c’est-à-dire des pôles à l’équateur. Deux expéditions célèbres, celle de La Condamine et Bouguer en Amérique du Sud et celle de Maupertuis et Clairaut en Lapenie, qui furent les premières à travailler vraiment d’une façon scientifique, eurent lieu pour connaître la forme exacte de notre terre qu’on commençait à ne plus croire parfaitement sphérique. Les premiers mesurèrent la longueur d’un degré d’arc sur le plateau de Quite dans l’État de l’Équateur et obtinrent pour résultat 56.753 toises ; les seconds trouvèrent sur la glace du golfe de Toméa, par 66 degrés de latitude nord, une étendue de 57.437 toises, c’est-à-dire 684 toises de plus dans le nord que sous l’équateur. Cette mémorable expédition confirma la théorie pressentie par Newton qui voulait que la terre tut un ellipsoïde de révolution aplati aux pôles et montrait que la longueur d’un degré de méridien augmente à mesure que la latitude géographique s’accroît, par conséquent dans la direction des pôles : Il ne nous est pas possible de donner, même en raccourci, un aperçu des multiples et importantes mesures de degrés effectuées au cours du xviiie et du xixe siècle par les savants les plus éminents pour étudier la véritables figure de la terre. Nous nous contenterons de mentionner la seconde grande mesure de degrés faite en France à la fin du xviiie siècle et qui servit à la réforme du système des poids et mesures (voir système métrique). L’Académie des Sciences chargea les astronomes Méchain et Delambre de mesurer le grand arc de méridien entre Dunkerque et Barcelone ; le résultat de ces travaux établit que le quart du méridien terrestre était égal à 10 millions de mètres ; la précision des mesures actuelles a fait rectifier ce dernier chiffre. Aujourd’hui les travaux nombreux et précis des savants portent à admettre que la terre a la forme d’un géoïde et que « le demi grand axe de l’ellipsoïde terrestre, c’est-à-dire le rayon de l’équateur du globe a pour valeur 6.377.000 mètres ; le demi petit axe, c’est-à-dire la distance d’un des pôles au centre de la terre a pour valeur 6.356.510 mètres. L’aplatissement a pour valeur 1/297°. Ce qui donne pour circonférence du globe : 40.054.000 mètres. La superficie de la terre, est donc de 510 millions de kilomètres carrés et son volume équivaut à 1.083.260 millions de kilomètres cubes. » (D’après Alph. Berget. La vie et la mort du globe. Paris 1927.)

Astronomie : Lunette méridienne : Instrument se composant d’une forte lunette astronomique pourvue d’un réticule à micromètre et mobile autour d’un axe horizontal disposé de façon que la lunette puisse se mouvoir dans le plan du méridien du lieu, qu’elle parcourt dans sa partie visible. La lunette méridienne est toujours accompagnée d’une horloge sidérale et elle sert à fixer la position d’une étoile sur la voûte céleste en faisant connaître les éléments fondamentaux nécessaires pour établir cette position, c’est-à-dire sa déclinaison et son ascension droite, coordonnées astronomiques correspondant aux coordonnées géographiques : latitude et longitude.

Service méridien d’un observatoire : Consiste à observer les astres et les planètes à leur passage au méridien et de comparer les heures et les distances zénithales de ces passages à celles que la théorie prévoit. Son but est de fournir des éléments incessants d’observations et de déterminer aussi exactement que possible la position précise des étoiles qui sont classées dans les catalogues d’étoiles.

Méridienne d’un lieu : Plan déterminé par la verticale d’un lieu et la ligne des pôles. On donne aussi le nom de méridienne à tous les points de la surface du globe qui sont situés dans le plan d’un même méridien, parce que midi arrive au même instant sur tous les points situés dans ce plan.

Géométrie : Méridienne : Section que fait, dans une surface de révolution, un plan passant par l’axe de cette figure.

Faire sa méridienne : Sieste faite vers le milieu du jour dans les pays chauds ; par extension, fauteuil sur lequel on s’étend pour faire sa sieste. – Charles Alexandre.


MÉRITE n. m. (latin meritum, chose méritée). Au sens général le mérite c’est ce qui rend digne d’estime ou de considération, c’est la valeur. Aussi parle-t-on des mérites d’un objet, d’un instrument, d’une plante, d’un animal. Le même terme s’applique aux qualités physiques ou intellectuelles de l’homme ; fréquemment il est question, dans la conversation ou dans les livres, du mérite d’un écrivain, d’un artiste, d’un orateur etc, C’est pour apprécier la valeur et le savoir des jeunes gens que l’Université a établi des examens d’ailleurs très mal compris en général. De même que la vigueur physique peut s’apprécier objectivement, de même le mérite intellectuel semble aisément constatable à l’ensemble des hommes. Il en va autrement lorsqu’il s’agit du mérite moral. Au point de vue moral le mérite suppose un accroissement volontaire de perfection ; c’est une notion connexe à celle de la responsabilité. L’homme qui pratique le bien verrait croître ses mérites ; la pratique du mal au contraire le diminuerait. Ainsi compris le mérite apparaît comme une entité métaphysique invisible pour l’homme et perçue seulement par Dieu et les esprits désincarnés ; en d’autres termes c’est une création imaginaire des prêtres et des philosophes. Mais de théologique cette idée devait devenir positive comme tant d’autres. L. Barbedette a soutenu que le mérite moral était mesurable tout comme les dispositions physiques ou les capacités intellectuelles ; il pense qu’un jour il existera des laboratoires spéciaux pour l’étude et le développement des qualités morales. À l’aide de piqûres, d’instruments, de procédés scientifiques ordinaires, on pourra modifier les tendances, opposer ou faire naître les passions, traiter les dispositions mentales dépendantes à l’heure actuelle dans ce qu’on nomme la morale. Une telle conception heurte trop les idées courantes pour être admi-