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Page:Faure - Encyclopédie anarchiste, tome 3.djvu/183

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MET
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nationalismes économiques se heurtèrent donc pour la conquête des matières premières et des débouchés jusqu’à aboutir, de conflit en conflit, à la conflagration générale de 1914. Sans être l’unique cause de la guerre mondiale, la métallurgie n’en a pas moins joué un rôle très important dans son déclenchement. La possession du Bassin de Briey qui assure aujourd’hui la première place à la métallurgie française après les États-Unis, a beaucoup plus, sa place dans la liste des buts de guerre que le trop fameux principe du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes.

La guerre de 1914-1918 fut une ère de grande prospérité pour la métallurgie. Si le problème de l’approvisionnement en matières premières se posa quelquefois tragiquement, la métallurgie n’eut pas à s’inquiéter de l’écoulement de sa production : la guerre, insatiable, absorbait tout ce qu’elle voulait bien lui donner pour ses canons, fusils, mitrailleuses, obus, tanks, avions, cuirassés, sous-marins, etc. Aussi bien, la guerre terminée, la métallurgie connut une crise de réadaptation qui, n’eût été la pauvreté des puissances, eût pu dégénérer à nouveau en conflagration générale à la suite des exigences de la métallurgie française qui entraînèrent l’occupation de la Ruhr.

En dépit de sa production gigantesque, et peut-être à cause d’elle, la métallurgie n’a pas retrouvé son équilibre. La facilité des échanges internationaux qui caractérise notre époque, a poussé la métallurgie à déborder le cadre national pour s’organiser, non pas internationalement, comme on l’affirme trop souvent par ignorance, mais par groupes nationaux. Ainsi le Cartel de l’Acier, de l’Étain, du Zinc.

Si cette nouvelle forme, ou plutôt ce nouveau stade de la concentration réduit les compétitions sur les marchés internationaux (matières premières, débouchés) il ne les supprime pas. À être moins nombreuses, les compétitions n’en sont que plus violentes et le conflit qui en sortira n’en sera que plus facilement universel.



Ainsi les hommes ont dompté la nature. Par leur génie et leur travail séculaire ils ont arraché ses secrets à la matière inerte et lui ont donné la vie. Par un tragique retour des choses de ce monde, la matière, devenue vivante par la main des hommes, s’est vengée sur eux de l’avoir tirée de son sommeil plusieurs fois millénaire en les y plongeant à sa place.

Fatalité ! disent les uns. Aberration monstrueuse ! répliquent les autres. La métallurgie, si elle sème la ruine et la mort, est capable de créer la joie et la vie.

C’est à cette dernière tâche que la partie éclairée du prolétariat mondial, lasse d’être la victime de son génie, entend se consacrer. Elle sait que la métallurgie ne soulagera la peine des hommes que lorsque ses matières premières et ses produits jouiront d’une libre circulation dans les artères de la société humaine.

Pour cela, il faut que cesse l’exploitation de l’homme par l’homme. Aussi poursuit-elle la destruction du régime capitaliste et l’avènement du travail libre dans uns société libre. Alors, et alors seulement, l’homme pourra être fier de sa métallurgie. – A. Guigui.


MÉTAMORPHOSE n. f. (latin metamorphosis). Les métamorphoses sont des transformations profondes de l’aspect de certains animaux subies au tours de leur évolution depuis leur sortie de l’œuf jusqu’à leur forme définitive d’animal adulte et parfait. Ces transformations paraissent surprenantes en certains cas parce qu’elles s’effectuent assez brusquement sous nos yeux et que chaque forme différente dure un certain temps, comme par exemple dans le cas du papillon vivant tout d’abord sa vie larvaire de chenille rampante avant de

se muer en chrysalide et de prendre son vol, mais tous les êtres vivants, sans exception, passent par des transformations aussi étonnantes, depuis la formation du germe qui les engendra jusqu’à leur forme adulte et définitive.

Chaque être actuel, étant le terme d’une longue série de transformations subies par tous ses ascendants partis des formes les plus primitives, résume plus ou moins nettement et brièvement une partie de ces formes intermédiaires, parce que chacune d’elles est le produit des réactions inévitables de la matière vivante en équilibre avec les forces physico-chimiques du milieu. C’est ainsi que la segmentation de l’œuf, la formation des cellules, l’assimilation, l’accroissement, etc., présentent, à peu près, les mêmes particularités dans tout le règne animal. Les premières manifestations de la vie des êtres soumis à des causes semblables se ressemblent donc quelque peu, mais chaque espèce actuelle a sa forme d’équilibre spécifique déterminée par la composition chimique de ses éléments, lesquels, par une suite d’actions et de réactions avec le milieu ambiant, évoluent, se fixent et se cristallisent en une forme ultime constituant l’animal adulte. Si l’être humain passe ainsi par toutes sortes de transformations, celles-ci sont graduelles et continues jusqu’à la formation du fœtus et s’effectuent hors de notre vue, tandis que les métamorphoses sont des transformations apparentes, accélérées et très accentuées. Chez certains insectes la différence entre la jeune larve et l’individu parfait n’est pas très grande et consiste en une différence de taille, ou d’apparition d’ailes. Tels sont les pucerons, sauterelles, criquets, blattes. Par contre les abeilles, fourmis, scarabées, papillons ont, au sortir de l’œuf, un aspect vermiforme et en cet état se montrent très voraces ; une deuxième transformation les mue en nymphe presque immobile avant leur forme finale.

Lubbock suppose que tous les insectes proviennent d’une même forme ancestrale, quelque peu semblable au tardigrade actuel et se rapprochant de l’état larvaire. Ce n’est que leur adaptation ultérieure aux conditions variables du milieu qui les aurait diversifiés et, de fait, la nourriture et la température paraissent avoir une importance considérable sur leur évolution.

D’autre part les têtards de grenouilles, privés de leur glande thyroïde, ou alimentés avec du thymus, grandissent sans jamais se métamorphoser ; mais ils y parviennent à l’aide de l’iode : inversement, si on les alimente avec de la thyroïde, la métamorphose s’effectue plus rapidement que la croissance et les grenouilles restent naines. Des pucerons, normalement aptères, vivant sur des rosiers arrosés avec des sels de magnésium, acquièrent des ailes. Certaines chenilles, vivant habituellement sur le pêcher, transportées sur des acacias se transforment en une espèce voisine de celle vivant sur ceux-ci.

Chaque mue serait ainsi déterminée par des réactions spéciales déterminées par le milieu, s’ajoutant les unes aux autres et le polymorphisme, apparemment volontaire, des abeilles, des termites et des fourmis s’expliquerait assez aisément. Les phénomènes internes des métamorphoses sont entièrement effectués par les globules du sang, fonctionnant comme phagocytes en lesquels se résorbent la plupart des organes, muscles, glandes, etc. pendant la nymphose. Ces globules eux-mêmes doivent subir une modification chimique très caractéristique et leur équilibre nouveau entraîne inévitablement des réactions nouvelles. C’est la période d’histolyse. Pendant la période suivante d’histogenèse, les tissus et organes se reforment et constituent l’être parfait. Les métamorphoses ne sont donc que les effets apparents des modifications chimiques intérieures produites soit par l’évolution même des êtres accumulant d’imperceptibles variations, soit par l’influence directe du milieu extérieur provoquant ces mêmes variations.