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tent parmi les pires fléaux du genre humain. Koch découvrît, en 1882, le bacille de la tuberculose, mais ni lui ni aucun chercheur n’a pu trouver, jusqu’à présent, de sérum d’une efficacité indiscutable contre cette maladie si répandue. C’est dans les poumons, dont il détruit les tissus en formant de petits corps grisâtres et durs, les tubercules, qu’il s’installe de préférence ; ces tubercules s’amolliront plus tard et se transformeront en crachats, laissant à leur place des excavations ou cavernes qui s’agrandissent avec les progrès de la maladie. Le bacille de Koch possède cette particularité d’avoir une membrane imprégnée de cire. Nous dirons peu de chose du tréponème, producteur de la syphilis, dont on parlera ailleurs ; il est très difficile à étudier parce que sa culture est impossible dans nos milieux artificiels, soit liquides, soit solides. On sait les ravages causés en Afrique par la maladie du sommeil qui atteint les animaux domestiques et les hommes ; elle est due, à un protozoaire, le trypanosome, inoculé dans le sang par la piqûre de la mouche tsé-tsé. Contre nombre d’affections microbiennes, le charbon, la rage, la diphtérie, la fièvre typhoïde, la peste, par exemple, on a trouvé des vaccins efficaces. Ce fut le médecin anglais Jenner qui, en 1796, découvrit le premier vaccin ; la variole faisait de grands ravages en Europe ; Jenner avait observé que les personnes ayant eu aux mains la vaccine ou cow-pox, maladie bénigne qui produit des pustules sur le pis des vaches, étaient immunisées contre la variole humaine. Il eut l’idée de pratiquer méthodiquement l’inoculation de la vaccine ; et les résultats obtenus confirmèrent ses suppositions. Depuis les découvertes de Pasteur, la liste des vaccins ne cesse heureusement de s’accroître d’année en année. Si le cancer, ce mal effroyable, était d’origine microbienne, on pourrait espérer qu’un jour un sérum serait découvert contre lui. Mais beaucoup ne l’attribuent point à l’action des infiniment petits ; ses causes véritables seraient d’une toute autre nature, et l’on devrait chercher dans un sens différent pour obtenir sa guérison. Disons qu’à ce sujet, l’on ne peut hasarder aucune affirmation sûre. A côté des microbes pathogènes, il en existe un grand nombre qui n’exercent aucune action nocive sur l’homme ou les animaux ; quelques-uns sont utiles, on le remarque à propos de la digestion. C’est le bacille amylobacter qui, dans notre estomac, décompose la cellulose des végétaux tendres, dans une proportion de 25 à 50 p. 100 ; proportion qui devient plus considérable chez les herbivores.

L’atténuation de la virulence, lorsque le microbe pathogène est soumis à certaines conditions, a permis la création de vaccins artificiels. Maintenue huit jours à 42° 5, une culture de bacille charbonneux devient inoffensive. Elle est, de plus, capable de conférer l’immunité, comme le démontrèrent les expériences faites par Pasteur, le 5 mai 1881, à la ferme de Pouilly-le-Fort, près de Melun. L’immunité que confère l’inoculation résulte d’une réaction humorale de l’organisme, productrice d’anticorps qui agglutinent et dissolvent les corps étrangers. Chez le cobaye, vacciné au préalable contre le choléra, l’on constate après une injection du bacille virgule, cause de la maladie, que le liquide péritonal agglutine les microbes en amas granuleux puis les dissout. De délicates expériences ont même prouvé que cette action dissolvante est due à deux substances : une substance sensibilisatrice développée par le sérum (elle est spécifique et n’agit que sur les microbes de l’espèce injectée) ; une substance complémentaire existant dans le sang normal et qui agit sur les microbes les plus divers. Quand certaines espèces animales jouissent d’une immunité naturelle, qui les protège contre des maladies microbiennes déterminées, c’est qu’elles renferment normalement, dans leurs humeurs, les anticorps qui lutteront contre les germes de ces maladies. Le

sérodiagnostic utilise la formation de sensibilisatrices spécifiques pour se prononcer sur l’existence ou non de telle ou telle affection. On peut, d’ailleurs, conférer l’immunité avec des toxines microbiennes atténuées. Si l’on filtre un bouillon de bacille diphtérique, le liquide obtenu sera privé de microbes, mais contiendra toujours les toxines que secrétèrent ces derniers ; toxines fort dangereuses et dont l’inoculation, à des doses infinitésimales, provoquera les accidents paralytiques de la diphtérie ordinaire. Or, atténuées par une chauffe à 37°, pendant trois semaines, en présence d’une petite quantité de formol, ces toxines n’ont pas d’effet nocif et prémunissent contre la maladie. De plus, l’entraînement développe l’immunité ; grâce à des injections graduées et successives, un cheval arrive à jouir d’une super-immunité. Pour obtenir le sérum qui sauvera l’enfant atteint de diphtérie pure, il suffira dès lors de saigner ce cheval, et de mettre en réserve, dans des flacons stérilisés, le sérum recueilli après coagulation. Vaccins et sérums sauvent les patients grâce à des antitoxines ; mais la vaccination conduit l’organisme à les produire lui-même et confère ainsi une immunité durable, tandis que le sérum les introduit du dehors et ne provoque qu’une immunité passagère : le premier est préventif, le second curatif. Le nombre des sérums ne cesse de croître comme celui des vaccins ; il en existe contre le tétanos, le choléra, le charbon, et la sérothérapie est devenue une branche importante de la médecine.

Mais l’introduction, dans l’organisme, de colloïdes microbiens vivants ou non-vivants n’a pas toujours pour effet de le rendre réfractaire à la maladie ; parfois, au contraire, elle le rend plus sensible à une atteinte ultérieure. Ce phénomène est appelé anaphylaxie ; il oblige à des précautions dans l’emploi des sérums curatifs. Personne ne peut soupçonner quelles découvertes futures nous réservent les recherches micro-biologiques ; nous avons assez parlé de celles qui sont acquises aujourd’hui, pour montrer combien utile, et aussi combien complexe, est l’étude des infiniment petits. – L. Barbedette.


MICROSCOPE n. m. (du grec : mikros, petit et skopein, observer). Instrument d’optique destiné à observer les objets ou les êtres trop petits pour être suffisamment accessibles à notre vue. Il y en a de deux sortes : le microscope simple ou loupe et le microscope composé à qui l’on conserve plus particulièrement le nom de microscope.

La loupe est une petite lentille très convergente qui est employée comme verre grossissant. Elle est ordinairement montée sur un cercle de corne ou d’écaille et certaines possèdent un dispositif permettant de les adapter à un manche ou à un pied porte loupe, elles sont ainsi d’un usage manuel plus facile. Il existe maints modèles de « loupes doubles », formées de deux lentilles montées ensembles l’une devant l’autre et donnant un grossissement plus fort.

Le microscope composé est, comme son nom l’indique, composé de plusieurs parties distinctes dont voici les principales : le statif ou support avec l’appareil d’éclairage ; le tube qui renferme les lentilles ; le dispositif pour le changement des objectifs et les pièces optiques : objectifs, oculaires, condensateur.

Dans le statif qui supporte tout l’appareil, il y a lieu de distinguer la base, point d’appui du microscope. Au tiers inférieur du statif est adapté une platine, percée en son centre d’un petit trou dont on diminue à volonté l’ouverture à l’aide de diaphragmes de grandeurs différentes. Indépendamment des microscopes possédant un statif fixe, la grande majorité des appareils ont un statif pouvant s’incliner à 90 degrés.

Les lentilles qui servent à grossir les objets que l’on