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contrée fertile ; longtemps ils ont ouvertement tenu tête à l’un des plus puissants gouvernements du globe et peut-être auraient-ils pu prolonger davantage la résistance s’ils avaient été moins patriotes, moins citoyens des États-Unis, davantage hors-la-loi. Mais il ne faut demander à personne plus qu’il ne peut fournir et ce qu’ont fourni les Mormons est déjà assez consistant. – É. Armand.


MORPHOLOGIE n. f. (du grec morphê, forme, et logos, discours). Étude des formes de la matière, de la physionomie des corps : morphologie minérale, végétale, animale. En histoire naturelle, la morphologie (ce mot pris dans son sens le plus large) est à peu près synonyme d’organographie. Mais celle-ci vise davantage la description ; celle-là, plus complète, recherche le processus même de la formation ; elle compare les organes et en établit l’histoire. D’abord utilisée en botanique, par de Saint-Aulaire, l’expression de morphologie est devenue courante en zoologie. Elle s’appuie en particulier, dans les sciences naturelles, sur le grand principe de la métamorphose…

Elle s’applique, en biologie, à l’étude de la forme extérieure des êtres vivants et de la forme de leurs organes intérieurs. À côté de la physiologie qui s’intéresse aux fonctions, elle étudie les êtres et leurs organes dans leurs éléments (histologie) dans leur structure et leur conformation (anatomie), dans leur développement (embryologie). Depuis Darwin et surtout Haeckel, la morphologie est regardée surtout comme « l’ensemble des données synthétiques qui résultent des recherches de l’embryologie, de l’histologie et de l’anatomie comparées ». Elle poursuit ainsi « l’explication des phénomènes relatifs à la forme et à la structure, et à leur évolution et leurs modifications ». (Larousse).

Envisagée sous cet angle, la morphologie a proposé quelques grandes lois. Citons, entre autres : la loi de « l’assimilation fonctionnelle » (Le Dantec) à laquelle se rattache le principe de l’ « excitation fonctionnelle » (W. Roux) ; la loi de « la division du travail physiologique » (H. Milne-Edwards) et de « la corrélation des formes » (Cuvier) ; la loi « biogénétique » (Serres et Müller) qui établit les rapports de l’ontogénie et de la phylogénie… (Voir biologie, métamorphose, sciences naturelles, etc.).

Bibliographie. – W. Gœthe : Zür rnorphologie. – E. Haeckel : Generelle Morphologie der Organismen. – Cope : The Mechanical Causes of the dévelopment of the hard parts of the mammalia. – Houssay : La Forme et la Vie. – etc.

En Grammaire (v. ce mot), la morphologie est l’histoire de la forme des mots et de leur transformation. Elle comprend à la fois « l’étude de la formation des mots par voie de dérivation et de composition », appelée plus spécialement étymologie et celle des « modifications des désinentielles que subissent les thèmes pour devenir des noms, des verbes, etc. », cette seconde branche constituant la morphologie proprement dite… La morphologie diffère de la phonétique dont elle n’a pas les lois générales… Ici, comme dans les sciences, la morphologie ne se borne pas à constater les variations, mais elle s’attache à les expliquer par comparaison avec des phénomènes antérieurs. Dans les langues indo-européennes, la morphologie est essentiellement la science des formes de déclinaison et de conjugaison. Elle n’existe pas dans les langues monosyllabiques où la grammaire se réduit à la phonétique et à la syntaxe.


MORT Subst. m. et f. (du latin mors, mortis). Suivant l’interprétation qu’on donne à ce mot, mort indique, soit l’action accomplie, c’est-à-dire le fait de mourir, soit un état spécifique : celui qui succède à

cette action… Au masculin, il désigne la personne qui a cessé de vivre. Du point de vue religieux, la mort est le commencement d’une autre vie, du point de vue philosophique c’est le saut dans l’inconnu, l’exil éternel selon Horace, le néant suivant Sénèque, une nuit sans rêve et sans conscience pour le biologiste.

Dès que l’être humain nous a quittés, son corps se refroidit et ce dans un temps proportionnel à la nature de la maladie ou à la température dans laquelle il vient de mourir. Généralement, 8 ou 10 heures après la mort, un cadavre est froid, mais ce froid, constaté au toucher, n’est qu’apparent ; le thermomètre, lui, continue à marquer une certaine température durant au moins 24 heures.

Durant quelques heures il semble qu’une certaine vitalité subsiste chez le mort, des expériences physiologiques ont démontré que, sous l’influence d’un courant électrique, les muscles du mort pouvaient se contracter et exécuter des mouvements divers.

Selon le docteur Caltier-Boissière, il y aurait cinq signes immédiats et sept signes tardifs qui permettraient de savoir si nous nous trouvons en présence d’une mort réelle. Dans la première catégorie, il place : 1° l’abolition de l’intelligence ; 2° l’absence de la sensibilité ; 3° l’abolition de la respiration ; 4° l’absence des battements du cœur ; 5° l’insensibilité de la cornée. Pour la seconde catégorie, il y a : 1° le relâchement des sphincters de la vessie et de l’anus ; 2° la rigidité ; 3° le refroidissement ; 4° les taches rouge-bleuâtre ; 5° l’aspect spécial de la face ; 6° l’absence de contraction musculaire ; 7° la putréfaction. (Voir signes de la mort).

Qu’est-ce que la mort ? La mort est la cessation de coordination entre les cellules d’un organisme.

Est-ce un phénomène extraordinaire ? Marc-Aurèle, dans le Manuel du Stoïcien écrivait : « Si on la considère en elle seule, si, par abstraction de la pensée, on la sépare des images dont nous la revêtons, on verra que la mort n’est rien qu’une opération de la nature. Or, quiconque a peur d’une opération de la nature est un faible enfant. Il y a plus : non seulement c’est là une opération de la nature, mais c’est une opération utile à la nature… Mirabeau nous a donné une définition aussi juste que consolatrice : « J’ai souvent pensé que la mort était la plus belle invention de la nature ; mais c’est quand elle frappe nous et non pas les nôtres… » Frédéric Nietzsche, dans La Volonté de Puissance s’exprimait ainsi : « La défection, la décomposition, le déchet n’ont rien qui soit condamnable en soi ; ils ne sont que la conséquence nécessaire de la vie, de l’augmentation vitale. Le phénomène de décadence est aussi nécessaire que l’épanouissement et le progrès de la vie ; nous ne possédons pas le moyen de supprimer ce phénomène. Bien au contraire, la raison exige de lui laisser ses droits. »

Aussi multiples qu’elles soient, les causes de la mort peuvent cependant être classées en mort naturelle et mort accidentelle. Tantôt subite, tel est le cas des morts survenues par accidents, tantôt longue et pénible en cas de maladie. La mort s’insinue dans la vie s’en empare, se confond avec elle au point de pouvoir donner à la mort la seule vraie signification qu’elle doit avoir : la mort c’est la vie.

Mais, il n’est pas si facile de mourir, et, je ne sais si une autre pensée a inspiré à l’être humain autant de crainte. Le jour où l’être s’est mis à réfléchir sur cette idée, si naturelle pourtant, faisant d’un être animé, pensant, respirant, se mouvant, en un mot vivant à ses côtés une vie commune, un objet inerte, ce jour fut, pour lui, un jour malheureux, car il ne sut pas comprendre ce phénomène quelque peu troublant. La crainte est la grande pourvoyeuse des déifications. En présence d’une vie finie, l’être humain ne trouva d’autre consolation que l’espérance. Il imagina une croyance en un prolongement de l’existence. Il se refusa à