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Il est des comparaisons qui ne sont pas aisées, qui ne sont pas précises à cause du temps qui s’écoule ; nous parerons à ces inconvénients en usant de graphiques. Nous pourrons ainsi mettre en évidence les variations de la température, l’accroissement du poids et de la taille des élèves ou des animaux et des plantes qui les intéressent.

Nos élèves auront pour cela des cahiers d’observation, sur lesquels ils indiqueront également des observations accidentelles, saisonnières, etc… : la date de l’arrivée et du départ des hirondelles ; celles où apparaissent et où tombent les feuilles sur les arbres et les autres plantes bien connues, la date des premières gelées, celle de la disparition des dernières neiges, les dates et la durée de floraison de nos rosiers, etc…, etc…

Toutes ces observations, en habituant à observer, à comparer, à juger, prépareront à l’observation sociale que nous n’aborderons que plus tard ; d’abord, parce que les jeunes enfants ne s’y intéressent guère, ensuite parce que, si nous voulons les amener à constater les injustices sociales, nous ne voulons pas substituer notre jugement au leur. Nous ne voulons former ni des citoyens obéissants, ni des révolutionnaires inconscients, mais des esprits libres. Cultivons d’abord l’idéalisme dans l’âme de nos élèves et de nos enfants et cultivons-le de telle façon que, plus tard, l’observation des injustices sociales, la comparaison du sort des travailleurs et des parasites soit pour eux une souffrance et provoque un sentiment de révolte. Ainsi nous ferons le plus sûrement des hommes libres, des révolutionnaires conscients et désintéressés.

III. — Pourquoi et comment il faut observer les enfants. — Si nous voulons instruire quelqu’un, il importe que nous fassions d’abord le bilan de ce qu’il sait et de ce qu’il ignore et que nous nous rendions compte de ses intérêts et de ses aptitudes. Est-il besoin de développer ceci et n’est-il pas clair qu’il est inutile d’enseigner à quelqu’un ce qu’il sait déjà, qu’il est vain de vouloir faire acquérir des connaissances secondaires avant les connaissances élémentaires indispensables ? Inutile de vouloir faire apprendre des leçons dans un livre à qui ne sait pas lire, inutile aussi de vouloir enseigner les mathématiques sans souci d’assurer les fondations, en commençant par les connaissances les plus élémentaires.

La nécessité de l’intérêt n’est pas moins évidente (nous renvoyons au mot : intérêt) et il n’est pas douteux non plus que notre enseignement doit être à la mesure de nos élèves, c’est-à-dire que nous devons tenir compte de leurs capacités. « Nous perdons simplement notre temps, écrit Dorothy Canfield Fisher, quand nous incitons l’enfant à produire, de gré ou de force, ce qu’il ne peut produire. »

Ce qui est vrai de l’instruction ne l’est pas moins de l’éducation. Si nous voulons influer sur le caractère de nos enfants ou de nos élèves, il faut commencer par les connaître. Or, beaucoup d’éducateurs, parents ou instituteurs sont incapables de voir les enfants tels qu’ils sont. La passion, le sentiment, priment chez eux la raison, ils voient leurs enfants ou leurs élèves tels qu’ils les voudraient ou — à la suite d’une antipathie irraisonnée — tels qu’ils se les imaginent. Les uns, indulgents à l’excès, n’accordent pas une importance suffisante aux fautes ou aux défauts, disant : « Ce sont des enfants ; » et oublient l’œuvre éducative qu’il faut accomplir pour en faire des hommes. Les autres, sévères avec non moins d’excès et le plus souvent égoïstes, répriment toutes les activités enfantines qui les gênent, comme si l’idéal était d’avoir des enfants semblables à des soliveaux : ne parlant pas, ne remuant pas, n’ayant aucune initiative.

Notre intérêt personnel, nos sentiments, ne sont pas les seuls obstacles qui nous empêchent de bien observer nos enfants ou nos élèves, de bien les connaître et de

les comprendre. Il faut compter aussi avec notre ignorance. Nous jugeons les enfants comme s’ils étaient des hommes en plus faible, en plus petit, en plus imparfait. Nous renvoyons, pour l’exposé du contraire, à notre étude sur le mot « enfant ». Nos lecteurs y verront que l’enfant est un être qui évolue et ils y verront quelle est la marche de cette évolution pour l’enfant en général. Mais les enfants que nous devons instruire et éduquer sont tout à la fois pareils et différents. Il nous faut, pour bien connaître nos enfants, pour bien les observer, savoir beaucoup de choses sur le développement de l’enfant moyen que décrivent les ouvrages de psychologie. Ces connaissances guideront nos observations, nous permettront de saisir des différences, tout ce qui constitue l’individualité de chaque enfant.

Ce qu’il importe aussi d’observer, de noter si possible sur des fiches, ce n’est pas tant ce qu’est l’enfant à un moment donné, que la façon dont il croît, se développe, évolue. Qu’un enfant ait un poids légèrement inférieur à l’enfant moyen de son âge est de peu d’importance, si sa croissance se continue régulièrement, mais il n’en est pas de même lorsqu’il y a arrêt ou recul. Ceci qui est vrai pour le physique ne l’est pas moins dans les domaines intellectuel et moral : deux enfants du même âge et présentant apparemment le même développement intellectuel peuvent être : l’un un retardé en train de rattraper son retard, l’autre un anormal dont le retard ira s’accentuant. L’observation sans fiches, confiée à la seule mémoire, ne permet pas suffisamment de se rendre compte de cet état dynamique, beaucoup plus important que l’état statique.

Connaître l’enfant ne suffit pas, il faut le comprendre et pour cela il faut savoir faire une synthèse des détails de l’observation et puis aussi savoir observer au moment et dans le milieu favorables. Ce qui convient le mieux, c’est d’observer l’enfant, sans qu’il s’en doute, libre dans le cadre de sa vie quotidienne dans le milieu qui lui est familier. L’observation de l’enfant nécessite aussi l’emploi de mesures, de graphiques. Il est bon de mesurer la taille, le poids, le périmètre thoracique des enfants, pour surveiller leur développement physique. Il est utile d’employer des tests pour apprécier leur développement intellectuel.

Enfin, causons beaucoup avec les enfants c’est encore un des meilleurs moyens de les bien observer pour les bien connaître. Savoir ce qu’ils sont pour les aider à devenir ce qu’ils pourraient être doit être notre devise. — E. Delaunay.


OBSERVATOIRE n. m. Les observatoires, les astronomiques et les météorologiques surtout, à l’aide desquels on observe le ciel et enregistre le temps qu’il fait, remontent à la plus haute antiquité. On en trouve des traces remontant à des milliers d’années avant notre ère, en Chine et aux Indes. La tour de Belus, à Babylone et le tombeau d’Osymandias, en Égypte, ainsi qu’un bon nombre de pyramides servaient d’observatoires pour enregistrer les phénomènes célestes et les crues du Nil.

Au iiie siècle avant Jésus-Christ Eratosthène établit l’observatoire d’Alexandrie qui subsiste jusqu’au ve siècle. Mais l’ère des observatoires astronomiques ne prend son essor qu’avec la Renaissance et surtout après la découverte du télescope, par Galilée, en 1609.

Ici, nous citons de préférence l’observatoire de Cassel, construit en 1561, par le landgrave de Hesse Guillaume IV. Tycho Brahé fait élever ensuite, en 1576, l’observatoire d’Uranibourg dans l’île de Haven entre Elseneur et Copenhague.

L’observatoire de Paris fut construit de 1667 à 1672. Il devint célèbre sous la direction de l’Italien Cassini et par les travaux de Lalande qui répondit à Napoléon Ier, se plaignant qu’il n’était nulle part question de Dieu dans ses ouvrages : « Sire, la science n’a pas