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ORI
1883

avoir par rapport aux points cardinaux. Pour s’orienter et se diriger à la surface de la Terre, on a déterminé sur l’horizon quatre points nommés cardinaux, qui sont : l’Est, Levant ou Orient, côté de l’horizon où le soleil paraît se lever ; l’Ouest, Couchant ou Occident, côté où il paraît se coucher ; le Sud ou Midi, point où nous le voyons à midi ; le Nord ou Septentrion, à l’opposé du Sud.

Il y a trois manières principales de s’orienter : 1° Le jour, on s’oriente au moyen du soleil qui occupe toujours aux mêmes heures, à peu près la même région du ciel, le matin l’est ; à midi, le sud ; le soir, l’ouest ; 2° La nuit, on s’oriente au moyen des astres et surtout de l’étoile polaire (alpha de la Petite Ourse) qui se trouve toujours dans la direction du nord et qui est visible toute l’année dans à peu près la même région du ciel ; 3° En tout temps, au moyen de la boussole, instrument composé d’une aiguille aimantée mobile sur un pivot ; cette aiguille tourne constamment une de ses pointes à peu près vers le nord. Il suffit donc de connaître un seul des points cardinaux pour que l’orientation soit immédiatement fixée. Quand on connaît le méridien du lieu où l’on se trouve, on est orienté, puisque le plan de la méridienne passe par le nord et le sud. De même, à midi vrai, heure du jour où l’ombre est la plus courte, l’observateur qui regarde l’astre du jour, regarde en même temps la direction du sud.

S’appelle encore orientation, l’opération qui a pour but d’inscrire sur un plan ou sur une carte, la direction des points cardinaux, ou de placer l’axe d’un instrument dans le plan du méridien. En topographie, les procédés élémentaires sont insuffisants pour établir l’orientation exacte d’un point. Il faut, pour y parvenir, nécessairement déterminer l’angle que fait un des côtés du polygone topographique avec la méridienne du lieu. Lorsqu’on ne veut que connaître l’angle d’orientation, on se sert de la boussole que l’on place à l’une des extrémités d’un des côtés du polygone qui représente le plan, de manière que ce côté soit parallèle à la ligne de foi de la boussole. L’écart de l’aiguille aimantée indique l’angle que la projection horizontale de la droite fait avec le méridien magnétique et comme celui-ci fait un angle connu, pour chaque lieu, avec le méridien astronomique, il est alors facile de trouver l’angle fait par le côté envisagé avec la méridienne du lieu. Sur les plans, la direction de la méridienne est indiquée par une flèche ou par une droite parallèle à l’un des côtés du cadre.

Les édifices religieux ont longtemps été orientés de façon que les rayons du soleil levant, pénétrant par la porte ou la fenêtre ouverte, viennent frapper la statue du dieu ou le sanctuaire où il était renfermé. C’est pourquoi l’entrée des temples et des églises regarde souvent vers l’Orient. Depuis le ve siècle jusqu’à la Renaissance, l’orientation des églises a été généralement observée en Europe. Parmi les multiples raisons invoquées par les croyants pour justifier pareille disposition, figurent les suivantes (aussi puériles les unes que les autres) : Jésus-Christ, en croix, avait le visage tourné vers l’occident ; lorsque les chrétiens se mettent en prière, ils s’agenouillent la tête tournée vers l’orient, pour ainsi mieux voir la face de leur dieu. Autres motifs : le Sauveur est appelé, souventes fois, dans les livres saints : l’Orient, et c’est de cette région du ciel qu’ils espèrent voir apparaître Jésus-Christ le jour du jugement dernier. De plus, cette pratique établit entre les chrétiens et les non-chrétiens (juifs, hérétiques) une différence capitale : ces derniers se tournant vers l’Occident pour prier leur divinité, tandis que d’autres regardaient vers le nord. Cette règle d’orientation a été généralement suivie pendant la période entière du moyen-âge par l’église catholique et l’église grecque. Elle a néanmoins souffert quelques exceptions. Ajoutons que jusqu’au xve siècle, l’orientation des tombes a été

faite de la même manière.

Orientation (fig.) : Direction, impulsion : orienter vers une carrière, guider, étudier les circonstances. (Voir Orientation professionnelle). — Ch. Alexandre.

ORIENTATION (professionnelle). « L’orientation professionnelle, est-il dit dans une circulaire de mai 1921 du Sous-Secrétariat d’État de l’Enseignement technique, a pour but de diriger l’enfant, au sortir de l’école primaire, vers une profession qui réponde le mieux à ses goûts particuliers, à ses intérêts dominants, à ses connaissances — scolaires et extra-scolaires, — à ses aptitudes diverses, tant physiques que morales, tant intellectuelles que sociales, tout compte tenu de la situation de la famille et de l’état du marché du travail. »

Cette définition nous montre clairement que l’Orientation professionnelle n’est point révolutionnaire. Si nous résumons, nous pouvons dire qu’elle a pour but le choix d’une carrière pour un individu. Au contraire, s’il s’agit de choisir l’individu qui convient à une carrière donnée, on doit faire de la sélection professionnelle. En pratique, l’orientation et la sélection professionnelles se confondent souvent.

Autrefois, le problème de l’orientation professionnelle ne se posait pas, l’enfant voyait les artisans de son village au travail, il les aidait à l’occasion, il allait en liberté (liberté relative, car il y avait aussi les goûts et les possibilités de ses parents avec lesquels il devait compter) où il trouvait son plaisir et pouvait réussir. Maintenant, les enfants ne peuvent pas visiter les usines, et les grands établissements commerciaux ; ils ne savent où aller et ceux qui dirigent ces usines, ces établissements ne sont pas moins embarrassés pour choisir les personnes les plus aptes aux tâches variées, qui exigent souvent des aptitudes spéciales, dont ils ont besoin.

Pour les fils de riches bourgeois qui continuent leurs études, même s’ils sont des cancres, le problème de l’orientation professionnelle a beaucoup moins d’importance.

L’expression « orientation professionnelle » aurait, nous dit Claparède, été employée pour la première fois par Bovet, en 1916. Déjà, auparavant, on s’était occupé de la chose, surtout en Amérique, où des efforts étaient faits en faveur du taylorisme et de la rationalisation.

La guerre a accru le mouvement en faveur de l’orientation et de la sélection professionnelles. Lorsque l’Amérique prit part au conflit, elle n’avait pour ainsi dire pas d’armée, et surtout elle manquait d’officiers. Pour sélectionner des individus capables de remplir ce rôle, on imagina des épreuves, adoptées de celles que Binet avait employées en France avec des enfants, des tests. L’aviation, en se développant, posa aussi le problème du choix des aviateurs. « A un moment donné, les pertes de l’aviation étaient dues pour 2 % aux observateurs, pour 18 % aux appareils, pour 80 % à des fautes des pilotes. On appliqua alors de sévères et scientifiques méthodes de laboratoire avant d’admettre les candidats à l’aviation ; ces méthodes sont admises aujourd’hui par des conventions internationales, tant pour l’aviation civile que pour les services militaires. Le chiffre des accidents est abaissé dans de notables proportions. »

Enfin, l’après-guerre légua à toutes les nations une armée de mutilés qu’il importait d’autant plus d’utiliser, suivant leurs possibilités, que la main-d’œuvre avait été raréfiée par les pertes subies, alors que les besoins de la reconstruction, le souci de reconstituer les stocks épuisés exigeaient une production accrue. « On sent, écrivait Julien Fontègne, que le monde s’est, pour ainsi dire, désaxé ; les valeurs de quelque nature qu’elles soient, sont appréciées diversement : on court à l’argent auquel tous ou presque tous se sont accoutumés durant près de cinq ans ; on recherche la vie