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nies en une seule ne dépasseraient guère le tiers de la masse de la Terre.

Etant donné l’excentricité extrême des orbites de ces planètes minuscules, quelques-unes, comme Acthra et Éros, peuvent s’approcher du Soleil plus que Mars dont elles coupent l’orbite.

Éros, qui n’est pas plus grande qu’un département français, peut s’approcher de la Terre jusqu’à 46 millions de kilomètres environ et s’éloigner jusqu’à 265 millions. Par contre, l’orbite de Hilda se rapproche de celle de Jupiter jusqu’à 184 millions de kilomètres.

Les orbites de quelques-uns de ces petits mondes s’entrelacent souvent à tel point que l’hypothèse d’une association comme planète double ou une collision éventuelle paraît admissible. La plus grande de ces petites planètes est Cérès, dont le diamètre est de 767 kilomètres, tandis que celui des petites n’atteint même pas 50 kilomètres. Néanmoins, rien ne s’oppose à admettre que ces terres lilliputiennes ne soient ou aient été le siège d’une vie intense et d’une civilisation, qui, comparée à la nôtre, l’éclipserait dans son rayonnement.

C’est notre anthropomorphisme, legs de longs siècles de religion qui ont enténébré la mentalité humaine, qui seul nous rend si difficile la compréhension de cette vérité évidente : qu’il n’y a dans la nature ni cause finale, ni grand ni petit.

Le monde géant de Jupiter. — En continuant par la pensée notre voyage vers la circonférence de notre République Solaire, nous voici en face du monde géant de Jupiter qui constituait, encore hier, astronomiquement parlant, avec le Soleil, une étoile double et nous offre, avec le cortège triomphal de ses belles lunes, l’image en raccourci de notre système planétaire.

Jupiter, qui est à peu près, comme taille et poids, au Soleil, ce que notre Terre est à lui, a un diamètre 11 fois plus long et un volume 1.300 fois plus grand que les nôtres et vogue sur son orbite longue de 4.830.180.000 kilomètres avec la rapidité de 12 kilomètres 800 mètres par seconde, en tournant autour de son axe en 9 h 55 et autour du Soleil en 11 ans 10 mois et 17 jours terrestres.

L’année de Jupiter égale conséquemment presque 12 de nos années, pendant que la durée de son jour n’est que de 9 heures 55’.

Tous les 399 jours, la grande planète revient en opposition relativement au Soleil, et le Soleil, la Terre et Jupiter se trouvent alors sur une même ligue. Cette date est, avec les trois mois qui la suivent, la plus favorable à l’observation.

L’orbite de Jupiter est, en moyenne, à 775 millions de kilomètres du Soleil, mais comme elle est elliptique avec une excentricité de 0, 048, il y a plus de 80 millions de kilomètres de différence entre sa distance au Soleil ou à la Terre à son périhélie qu’à son aphélie.

Selon que la grande planète est à son périhélie ou à son aphélie, son diamètre apparent varie de 30 à 47. C’est cette différence de distance qui constitue seule les saisons de Jupiter, car l’inclinaison de son axe de rotation n’est que de 3°, c’est-à-dire presque perpendiculaire à son orbite.

Le tour du globe de Jupiter et son diamètre équatorial dépassent onze fois, en longueur, ceux de la Terre. Le diamètre polaire, par contre, n’a que 132.800 kilomètres, car la rapidité du mouvement de rotation de la planète sur elle-même est si grande, qu’un point situé sur l’équateur court en raison de 12 kilomètres 450 mètres par seconde. De là, le renflement de son équateur et l’aplatissement de ses pôles qui est de 1/17°, tandis que celui des pôles terrestres n’est que de 1/292e. La surface de Jupiter est égale à celle de 114 terres.

La densité moyenne des matériaux qui composent ce grand monde, est de 0, 242, c’est-à-dire d’environ 1/4 de ce qu’elle est ici, et l’intensité de la pesanteur de 2 1/4 fois plus forte que sur la Terre.

Ces chiffres prouvent que les conditions de vie sont bien différentes sur Jupiter de ce qu’elles sont sur Mars, la Terre, Vénus et Mercure.

Non seulement Jupiter offre à ses habitants présents ou futurs, des années d’une longueur de 12 ans terrestres avec 10.455 jours de 10 heures chaque, une égalité quasi absolue de climat sous toutes ses latitudes, grâce à l’inclinaison de l’équateur sur l’orbite de 3° seulement, mais ce monde, qui gravite 5, 2 fois plus loin de l’astre du jour que la Terre ne reçoit qu’environ 27 fois moins de lumière et de chaleur du Soleil que nous.

Recevoir 27 fois moins de lumière que la Terre, c’est encore loin d’être plongé dans une obscurité opaque. La pleine lune répand une clarté 618.000 fois plus faible que celle du Soleil et puis le nerf optique des êtres d’une planète quelconque est forcément adapté au milieu où ils sont appelés à vivre et évoluer.

Pour ce qui est de la chaleur, qui existe sur la surface de Jupiter, elle dépasse certainement et de beaucoup celle qui résulterait de la seule action solaire et il est probable que ce globe, quoique né avant la Terre, a conservé, en raison de son volume et de sa masse, une partie de sa chaleur originelle.

L’atmosphère, dense, haute, tourmentée et saturée de vapeurs qui entoure la planète géante, indique que le climat de Jupiter est plus chaud que celui de la Terre et qu’il règne sur ce monde lointain, un déchaînement des éléments comme notre Terre n’en a plus connu depuis la période primordiale des époques géologiques. Sur sa zone équatoriale, le vent souffle constamment en ouragan et la rotation des nuages de cette région s’effectue en 9 heures 50’pendant que celle des nuages du 25° parallèle met 9 heures 55.

Nous ne voyons que très rarement la surface de la planète. Les bandes blanches et grises, souvent nuancées d’une coloration jaune et orangée, qui sillonnent ce globe principalement vers la région équatoriale, font partie de sa couche aérienne. Sur ces bandes, on remarque parfois des taches plus claires ou foncées que le bord sur lequel elles sont placées, ou encore des déchirures qui se déplacent les unes et les autres de la gauche à la droite (de l’Ouest à l’Est), si l’on observe la planète dans un télescope qui ne renverse pas les objets. Ces taches appartiennent également à l’atmosphère jovienne et font partie des nuages qui enveloppent ce monde colossal.

En général, l’équateur est marqué d’une zone blanche, il y a une bande plus sombre, nuancée d’une teinte rougeâtre foncée. Au-delà de ces deux bandes sombres, australe et boréale, on voit, ordinairement, des bandes parallèles alternativement blanches et grises. La nuance générale devient plus grise et homogène au fur et à mesure qu’on s’approche des pôles et les régions polaires elles-mêmes sont grises-bleuâtres.

Mais il n’y a aucune fixité dans ces bandes, dont l’aspect typique varie fréquemment et profondément.

Entre la 20° et la 30° latitude australe de la planète, MM. Corder et Terby ont aperçu, en 1872, pour la première fois, une grande tache rougeâtre, de forme ovale, longue de 42.000 et large de 15.000 kilomètres. Cette tache pourrait bien être un continent en formation qui serait, relativement à Jupiter, dans la même proportion que l’Australie l’est relativement à la Terre.

L’analyse spectrale montre que l’atmosphère de Jupiter, si dense dans ses couches inférieures, grâce à l’intensité de la pesanteur, est composée, sauf quelques substances qui paraissent spéciales à ce monde, de la même vapeur d’eau que celle de la Terre. Cette atmosphère est, comme nous l’avons dit, très agitée et soumise à des variations continuelles, qui, chose étrange, paraissent elles-mêmes être en relation avec les taches du Soleil et avoir aussi leur maximum tous les onze ans.