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Page:Faure - Encyclopédie anarchiste, tome 4.1.djvu/92

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Jupiter ne vogue pas seul dans l’espace. Il marche sur son orbite accompagné de 4 grands et plusieurs petits satellites qui ne sont que des astéroïdes captivés par lui.

Io, Europe, Ganymède et Callisto, les quatre grands satellites, découverts en 1610, par Galilée, sont une des curiosités les plus attirantes du ciel, et font du monde jovien une miniature de notre système solaire.

Ces quatre lunes offrent, avec leur monde central, les principaux éléments astronomiques suivants :

Distance
de
Jupiter
(Durée du révol.)
en
jours joviens
Diamètre
Io 430.000 km (4, 27) 3.800 km
Europe 682.000 km (8, 58) 3.300 km
Ganymède 1.088.000 km (17,29) 5.800 km
Callisto 1.914.000 km (40,43) 4.400 km

Ganymède, comme importance, vaut une véritable planète. Son diamètre égale au 47/100e de celui de la Terre, surpasse de près du double le volume de Mercure, égale les deux tiers de celui de Mars et est cinq fois plus gros que notre Lune.

Comme la Lune le fait pour la Terre, tous ces satellites tournent autour de Jupiter en lui montrant constamment la même face et les différences d’éclat observées sur leurs disques prouvent que leur sol est accidenté comme le nôtre et qu’ils sont environnés d’une couche atmosphérique. Le spectroscope fait voir dans cette atmosphère la même vapeur d’eau qu’ici et quelques gaz qui n’existent pas sur la Terre, mais qui sont évidemment les mêmes que ceux constatés sur Jupiter.

Le globe jovien observé de Io présente un disque de 20° de diamètre, c’est-à-dire 1.400 fois plus vaste que celui du Soleil, vu de la Terre et le satellite Io reçoit de la planète, dont le pouvoir réflecteur égale trois fois celui de la Lune, plus de 155 fois et le dernier 8 fois plus de lumière que nous de la compagne de nos nuits.

Mais le monde colossal de Jupiter n’offre pas seulement aux habitants futurs de la planète géante un séjour incomparable à ceux présents ou passés de ses lunes, des effets grandioses de lumière et des perspectives célestes enchanteresses, il est encore pour nous une révélation permanente de la vie universelle et un enseignement hors ligne de vérités astronomiques.

C’est à l’observation des éclipses quotidiennes que les lunes de Jupiter produisent que nous devons la connaissance de la rapidité de la lumière. L’astronome danois Olaf Roemer remarqua le premier, en 1675, que ces éclipses retardaient ou avançaient d’environ 16 minutes et demie, selon que Jupiter se trouvait en conjonction ou en opposition avec le Soleil.

Le diamètre de l’orbite terrestre étant d’environ 298 millions de kilomètres, il était, désormais, prouvé que la lumière parcourt 300.000 kilomètres par seconde, ou plus exactement 299.796 kilomètres.

C’est à l’étude télescopique et spectroscopique du disque jovien que nous puisons, à l’heure qu’il est, les renseignements les plus précieux de géologie stellaire et que la philosophie astronomique trouve le mieux à se documenter.

Monde en voie de formation, Jupiter nous fait assister, d’ici, aux périodes les plus mouvementées de la préhistoire de notre propre planète. Ce qui se passe là-haut est ce qui s’est passé ici-bas, il y a une centaine de millions d’années, et c’est notre propre passé que nous étudions en observant le déchaînement de tous les éléments qui se produisent actuellement à plus de 600 millions de kilomètres d’ici, sur le géant de notre système.

S’il est exact que le vaste Jupiter soit, aujourd’hui, — et c’est certain — au même stade de son évolution où en était la Terre, il y a cent millions d’années, il faudra à la planète géante, qui est mille fois plus grosse

et trois cents fois plus lourde que notre globe, des millions de siècles pour qu’elle puisse arriver dans son évolution ascendante, au point qui correspond à celui auquel nous sommes parvenus dès maintenant. Mais si, par hypothèse, d’ici là, le foyer d’action vitale de notre système planétaire qu’est le Soleil s’était éteint — et il y a des savants, et pas des moindres, qui n’accordaient, hier encore, qu’une quarantaine de millions d’années à sa lumière et à sa chaleur — les germes de vie, qui se trouvent actuellement à l’état embryonnaire sur notre grande planète sœur, n’arriveraient jamais à leur entière éclosion, à leur plein développement, Jupiter serait mort avant d’atteindre son apogée.

Qu’on puisse compter sur des millions de siècles et toutes les îles de notre archipel solaire auront le temps de parcourir le cycle entier de leur évolution. Par contre, l’astre du jour s’étant éteint dans quarante millions d’années, Jupiter, mort avant son heure, serait condamné à faire, à son détriment, l’expérience de manque de finalité dans l’Univers, la nature, alternativement marâtre et bienfaisante, ne faisant aucune différence, qu’il s’agisse de ces atomes du ciel, que sont les soleils et les planètes, ou de nous autres, habitants fugitifs de ce monde sublunaire.

Quoiqu’il en soit, la vie vaut la recherche de la vérité désormais acquise, que la vie est partout illimitée dans le temps et l’espace.

Saturne. — Saturne, où nous arrivons maintenant, est la plus grande merveille de notre système planétaire, dans lequel il reste, avec son anneau lumineux, comme le principal témoignage de la formation des mondes. Dieu du Temps et du Destin des anciens, son orbite était considéré, jusqu’à la fin du xviiie siècle, comme la frontière de notre République solaire.

Cette belle planète, dont l’inclinaison de l’équateur sur l’orbite est de 26° 49’, gravite à une distance moyenne de 1.400.000.000 kilomètres du Soleil, en faisant 9 kilomètres et demi par seconde sur son parcours de 8.860.000.000 kilomètres et met, en tournant autour de son axe en 10 h 14’, 29 ans et demi pour accomplir sa révolution autour du Soleil.

Le diamètre équatorial de Saturne est de 122.000 kilomètres, mais son volume n’est que 719 fois aussi gros que celui de la Terre, car l’aplatissement de ses pôles est de 1/10{{e}, tandis qu’il n’est que de 1/17e sur Jupiter et 1/292e ici.

Quoique 719 fois plus gros que la Terre en volume, le poids de Saturne ne dépasse guère 92 fois celui de notre planète.

Le spectre de Saturne présente la plus grande similitude avec celui de Jupiter, mais il n’en est pas de même de son anneau, où la bande caractéristique dans le rouge ne se retrouve, ce qui nous fait penser qu’il ne doit pas y avoir plus d’atmosphère dans l’anneau de Saturne que dans notre Lune.

La couronne de Saturne est un système d’anneaux concentrique, composés d’un grand nombre d’astéroïdes ou lunes minuscules se présentant dans le télescope comme un immense anneau nettement partagé en deux anneaux distincts séparés l’un de l’autre par un espace noir, large de 2.800 kilomètres, dit ligne de Cassini. La distance du bord intérieur de l’anneau à la surface de Saturne n’est que de 11.600 kilomètres.

Au-dessus de ce système d’anneaux, une dizaine de lunes, dont plusieurs ne sont que des astéroïdes gravitant autour du monde Saturnien et desquelles nous ne voulons retenir que les plus grandes : Rhé et Titan, dont les diamètres semblent atteindre 1.200 et 3.000 kilomètres et qui mettent 4 et 15 jours pour contourner Saturne.

De l’ensemble de l’uranographie des satellites et de leur planète nous concluons que la vie, comme sur notre Lune, s’est depuis longtemps éteinte sur les premières