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les formes ou manifestations de la vie éternelle. — Frédéric Stackelberg.

P. S. — Une poule aveugle, prétend un dicton allemand, trouve parfois un grain d’or. C’était mon cas, quant à la Bégude, près de Marseille, j’ai trouvé une étoile dite nouvelle, en glanant, sans l’aide d’un télescope, dans le ciel pendant une belle nuit d’été, en 1918, comme en fait foi le télégramme que j’ai envoyé alors à notre inoubliable Camille Flammarion et qu’il inséra dans sa Revue Astronomique.

Je n’ai pas plus de mérite aujourd’hui qu’alors, en affirmant, dans l’intérêt de la précision et de la clarté, que toutes les étoiles sont alternativement diffuses et géantes dans leur jeunesse, condensées et naines pendant leur vieillesse et qu’elles semblent varier comme poids, en moyenne, dans la même proportion que les hommes entre eux de 1 à 5 et que la longévité maxima d’un être humain qui ne dépasse guère 120 ans, trouve son pendant équivalent dans une étoile dont l’âge de la naissance à la mort (sortie et retour à l’éther intersidéral) ne doit pas dépasser 15 trillions d’années. — F. S.


PLASMOGÉNIE n. f. Mot nouveau s’appliquant à une science nouvelle, celle qui s’occupe spécialement de la génération des formes modelées (Plasma-Généa) ou biologie synthétique.

Ce mot, proposé dès 1903, par le Professeur Alfonso L. Herrera, rassemble dans les mêmes études les travaux divers se rapportant à la biologie constructive, les essais de reconstitution, en laboratoire, des phénomènes de la vie organique.

La plasmogénie pure, qui comprend l’étude des phénomènes de morphogenèse, de physiogenèse et de chimiogenèse, se complète par la plasmogénie appliquée qui s’étend sur l’hygiène, la médecine, les sciences naturelles, la cosmologie, l’agriculture, l’industrie, etc. Dans sa partie abstraite, la plasmogénie appliquée touche la philosophie et la sociologie, on voit donc quel champ immense s’ouvre devant les pionniers de cette science, puisque c’est la vie universelle qui est leur terrain d’expérience.

Ceci explique également la valeur personnelle des hommes qui se sont donnés à ces délicats problèmes, car avant de devenir des reconstructeurs de formes animées, ils ont dû préalablement parcourir les sciences qui s’y rattachent : physique, chimie, astronomie, histoire naturelle, biologie, océanographie, etc…

Je ne dirai rien de la biologie purement analytique, qui précéda les premières expériences de plasmogénie (cherchant à combler l’énorme fossé qui séparait à nos yeux les éléments vivants de ceux dits : « non vivants » ), qui eurent lieu il y a environ cent ans. Ducrochet et G. Rose cherchaient déjà, par divers moyens, à reproduire des cellules animées, ainsi que Linck. Vers 1855, Runge trouva la « force vitale » dans l’osmose et la capillarité, et obtint des précipités périodiques.

Ch. Brame perfectionna les expériences, obtint des cellules de soufre utriculaire, ébauche d’organisation présentant des phénomènes osmotiques et, en 1865, Bôttger prépara les premières végétations inorganiques, qui furent le point de départ des recherches postérieures sur les croissances osmotiques à base de silicates.

Jusqu’en 1880, on a remarqué les essais de Traube de Breslau, de Pfeffer et de Reincke. En 1871, Harting avait réussi son essai de production synthétique de formations calcaires, pendant que Rainey reproduisait des cristaux imparfaits en milieu colloïdal.

Ce fut en 1882 que C. Robin présenta à l’Académie des Sciences un mémoire de Vogt et D. Monnier, sur l’imitation des formes organiques obtenues par osmose et, en 1885, Garcia Diaz, de Madrid, présenta des formes de morphogenèse expérimentale, pendant que Th.

Graham, en Angleterre, travaillait sur l’état colloïdal d’où allait naître la biologie micellaire des frères Mary. Vers 1890, deux noms retenaient déjà l’attention ; ce sont ceux de Bütschli, le micrographe, et de Alfonso L. Herrera, qui publièrent de remarquables études sur des expériences morphogéniques.

Dix ans après, le courageux Stéphane Leduc, de Nantes, préparait sa « Biologie synthétique » qui, malgré son éloignement, reste pour nous un monument de clarté et de probité documentaire ; il publiait ensuite sa « Théorie physico-chimique de la Vie », suivie, en 1921, de l’ « Energétique de la Vie », qui est son dernier livre sur la biophysique et la plasmogénie. Les travaux de Stéphane Leduc, rouvrant la controverse sur les générations spontanées, donnèrent lieu à de chaudes discussions. Quoi qu’on ait dit, les expériences de Pasteur n’ont pas solutionné le problème, son triomphe ne fut que momentané, mais il eut pour lui une presse puissante et l’appui tacite ou avoué de tous les officiels et du clergé. Les mêmes voulurent étouffer la voix de cet ancien tourneur sur métaux, qui se permettait de chercher à fabriquer des être artificiels et de surprendre les secrets de la Vie, jusqu’ici réservés à Dieu. Stéphane Leduc aura sa revanche, les esprits libres lui redonneront une place d’honneur parmi les précurseurs ; toutes les études de l’avenir touchant l’osmose, la biologie micellaire, etc., devront forcément se référer à ses travaux impérissables. Ah ! si Stéphane Leduc s’était soumis aux puissants du jour, et qu’il eût adapté ses résultats avec les conceptions religieuses du moment, il serait plein de gloire et fêté, au lieu de connaître le mépris non déguisé des officiels, à cause de ses ouvrages libérateurs. Non seulement ce fut un savant averti, mais il tira de ses travaux toute une philosophie, qui ne plaît point aux pontifes, et ceci explique sa retraite silencieuse. Ses conceptions évolutionnistes furent trop osées pour ses contemporains, mais les critiques malveillantes s’éteindront avant que son œuvre admirable ne subisse les assauts du Temps.

Je regrette de ne pouvoir donner, ici, de longs aperçus de la philosophie de Stéphane Leduc ; beaucoup de lecteurs de l’E. A. le connaissent déjà. Que les autres s’y réfèrent, ils verront que, sous l’écorce d’un savant positif, se cachait un cœur d’or, d’un désintéressement total, qui fait penser à Élisée Reclus.

Vers 1910, et de tous côtés, de nouvelles recherches sur la cristallisation, sur la phagocytose, sur l’osmose, sur la biologie des infiniments petits, se firent jour et constituèrent des bases solides pour la plasmogénie.

Dès 1909, les frères Mary éditaient leur ouvrage sur les « cellules artificielles » ; ils étudiaient la cristallisation imparfaite, fondaient la biologie micellaire, multipliaient les expériences, conjuguant leurs travaux avec ceux de Lehmann, de Kuckuck, de Benedikt, de Raphaël Dubois, de Gaubert, de Butler, de Quinke, de Rumbler, de Victor Delfino, etc. En 1914, les frères Mary fondaient l’Institut de Biophysique, qui devint un foyer des idées physicistes et, en 1915, ils publiaient les « Principes de Plasmogénie ».

Une pléiade d’autres chercheurs, parmi lesquels Lecha Marzo et Rodriguez Mendez, en Espagne ; Castellanos, à Cuba ; Jules Félix, à Bruxelles ; Foveau de Courmelles, à Paris, donnaient un essor nouveau à la plasmogénie, puissamment aidés en cela par d’autres savants et penseurs, comme E. Hureau, Alfred Naquet, Rocasolano, Albert Jacquemin, Tarrida del Marmol, S, Lillie, Otto von Schroën, Renaudet, Malvezin, Guinet, G. Abbott, H. Fischer, Razetti, Mirmande, Ruiz Maya, etc…

Déjà, en 1911, A.-L. Herrera avait publié, à Mexico, « Una nueva ciencia. Plasmogénia ». En 1915, les frères Mary publiaient, en Espagne, « La sintesis de la Organizacion » ; en 1919, les mêmes écrivaient le résumé de l’histoire de la Plasmogénie, et ce fut seulement en