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VEG
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Lorsque chômage et maladie
Attristent déjà nos foyers,
Sur nous, comme une épidémie,
Sévit la hausse des loyers.

Depuis dix ans, la vie afflue
Dans son quartier de terrains nus ;
Encaissant seul la plus-value,
Il décuple ses revenus.

Avec nos pleurs, nos sueurs vaines,
Il a gâché tout son mortier.
C’est le plus pur sang de nos veines
Qu’il touche en rentes par quartier.

Un prompt remède est nécessaire…
Vautour est féroce et subtil :
Mais s’il pousse à bout la misère,
Comment cela finira-t-il ?

Il faut que le pauvre s’abrite,
On a sommeil comme on a faim.
Ne doit-on pas taxer le gîte
Comme l’on a taxé le pain ?

L’usure a ses heures tragiques,
Foulon vous apprend, mes amours,
Comme on promène au bout des piques
La tête pâle des vautours.

Toi, la terreur du pauvre monde,
Monsieur Vautour ! Monsieur Vautour !
Quittance en mains, tu fais la ronde.
Déjà le huit ! Déjà ton jour !
Vautour !

Paris, 1882.

Eugène Pottier.

Oui, un prompt remède est nécessaire et il faudra bien se décider à l’appliquer. C’est sur lui-même, une fois de plus, que le Peuple doit compter pour cela. Quand un oiseau de si haut vol que le vautour ravage une contrée, on prend aussitôt la résolution de l’abattre. Il y a donc longtemps que le pauvre Peuple aurait dû l’abattre, ce bon M. Vautour ! ― G. Yvetot.


VÉGÉTALISME n. m. (rad. Végétal). Le Végétalisme n’est qu’une subdivision du Végétarisme qui a un sens plus large. Le mot « végétarisme » signifie simplement « vigoureux », sans indiquer plus spécialement ce que l’on doit manger, mais assurant que ce que l’on consomme est « revigorant ». Le végétarisme comprend trois subdivisions principales, dont les noms indiquent déjà le régime : 1. Ovo-lacto-végétarisme ; 2. végétalisme ; 3. Fruitarisme.

Le végétalien consomme : 1° les feuilles vertes, tendres, non acides, cultivées (et certaines espèces, connues comme comestibles, sauvages), crues et cuites. On peut citer comme feuilles comestibles rustiques : le pissenlit, la mâche, la lampsane, le salsifis, le laisseron, le laiteron, la chatrure (laitue sauvage) la renoncule ficaire, le lamier ou ortie blanche, la stellaire ou mouron-des-oiseaux, etc… Les feuilles notoirement acides à éviter sont : la rhubarbe, l’oseille, le pourpier.

Les racines et les tubercules, comme les carottes, les radis avec leurs feuilles, les céleris-raves, les navets, le rutabaga, la betterave, la pomme de terre, le topinambour, etc…

La pomme de terre est consommée principalement cuite. C’est un aliment composé essentiellement d’amidon, qui se digère plus facilement cuit. Les autres racines et les topinambours sont consommés en petite quantité, coupés finement, avec de la salade, de préférence crus.

Les feuilles et les racines, consommées crues, nous

apportent des sels alcalins. Elles sont acidifiantes quand elles sont cuites, car la cuisson ne fait perdre aucun élément acidifiant, tandis que les sels alcalins très solubles, s’en vont dans l’eau de cuisson. On pourrait conseiller d’employer l’eau de cuisson comme soupe, mais dans ce cas il y a surcharge de sels, ce qui fatigue les reins et occasionne la constipation. Mais la feuille a un double rôle à jouer : a) comme aliment hautement minéralisateur ; b) par sa richesse en albumine « complexe ». Le végétalien consommera donc la feuille verte non-acide cuite, mais en ayant soin de rejeter l’eau de cuisson.

3° Les fruits, bien mûrs, non-acides, autant que possible crus. Les fruits acides à éviter sont : le citron, l’orange, la groseille en grappe, les olives vertes, la tomate.

Le végétalien fait abstinence : 1° De la chair des animaux (viande, poissons, coquillages, etc… ) ; 2° Des produits de l’animal (femelle) destinés à nourrir ses petits, comme le lait et les œufs.

La chair des animaux (aliment cadavérique) est tout à fait impropre à l’alimentation humaine. L’homme possède un tube digestif trop long pour la viande, aliment appelé par V. Lorenc « ouvert », car ses cellules ne sont pas entourées de membrane cellulosique, aliment qui se digère vite dans sa partie supérieure, laissant la partie inférieure sans emploi. Les glandes, chez les animaux carnivores, sécrètent la quantité d’ammoniac suffisante pour neutraliser les poisons (ptomaïnes). L’homme n’a pas ce moyen de défense.

Il y a d’ailleurs peu de personnes qui adoptent de leur propre gré un régime exclusif de viande, ou des œufs, ou du lait. Ceux qui, comme les Esquimaux, refoulés vers l’extrême Nord par suite de guerres avec les Indiens, sont réduits à se nourrir de la viande, ont découvert qu’en mangeant les crottes de rennes ils y trouvent des restes non digérés des Lichens, qui leur apportent des sels et de la cellulose si utile pour diviser les matières dans l’intestin humain. La plupart des hommes consomment, en même temps que de la viande, des légumes et des fruits.

3° Le végétalien ne fait pas usage de sucre industriel, appelé par le Dr Carton aliment meurtrier ». Le sucre industriel, aliment mort, brutal, incomplet désorganise le fonctionnement de tous nos organes (lire : Sucre industriel et plante sucrée de V. Lorenc).

4° Le végétalien préfère l’arôme naturel des fruits et légumes aux épices de toutes sortes.

5° La boisson du végétalien est l’eau naturelle, pas bouillie. Toutes les boissons fermentées, ainsi que le café, le thé, le chocolat, constituent, avec la nicotine du tabac et la cocaïne, la morphine, etc…, le groupe des alcaloïdes appelés par V. Lorenc « poisons overtoniens », du nom du biologiste Overton qui a découvert, presque en même temps que H. Meyer, que leur pénétration dans le système nerveux est fonction d’une propriété physique de double solubilité dans l’eau (respectivement dans le plasma sanguin) et dans les graisses (c’est-à-dire dans les lipoïdes, graisses phosphorées qui sont une des parties constituantes de toutes les cellules végétales et animales).

Le régime végétalien est séduisant, éthique, esthétique, même socialement incontestablement libérateur par ses conséquences, car il permet à l’individu de vivre en Robinson à l’écart de la vie des civilisés ou soutenir la lutte avec le capitaliste plus longtemps, par exemple dans le cas d’une grève, etc… Mais il est toutefois légitime de se demander si ce régime satisfait aux besoins de l’organisme ?

Dans l’ordre d’importance, l’organisme humain a besoin de : l’albumine, des matières hydrocarbonées (amidons, sucres), des sels minéraux, des vitamines, de la cellulose, de la graisse, de l’eau.

Supposons un régime composé uniquement de feuilles.