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Page:Faydit de Terssac - À travers l’Inde en automobile.djvu/215

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À Travers l’Inde en Automobile

ces mots : « Le frère Condran, né à Cette (Languedoc), a invoqué ici le seigneur qu’il lui fasse miséricorde ».

Ce frère, en contemplant les vagues tranquilles qui viennent mourir en bordée d’écume sur la grève chaude, songeait-il à sa ville de France que la Méditerranée baigne, ou bien au milieu de l’orage, sous la menace des flots destructeurs, dont il entendait le grondement, implorait-il Celui qui marcha sur les eaux ? Je cherche vainement une seconde inscription, il n’y en a pas ; et dans les rêves que je fais, couchée sur ce lit de camp, je revois ces quelques mots : « né à Cette (Languedoc)… »

Un son inusité aux Indes, le tintement des cloches, m’éveille à Goa. Le prêtre du Couvent va dire la messe au tombeau de Saint-François-Xavier. L’église attenante au monastère est imposante, sans prétentions architecturales. À l’intérieur, d’innombrables petites chapelles dédiées à des saints, à des vierges, à des martyrs, s’enfoncent des deux côtés de la nef dans l’ombre des murailles. Des bois dorés, des statues habillées à la mode espagnole, les garnissent ; sur les autels reposent, dans des cercueils de verre, des reliques de prieurs et d’abbés. Quelques uns sont conservés en entier, un évêque porte sa mitre et son anneau, sa croix pectorale. Le monument de Saint-François-Xavier se trouve dans la première chapelle, il est en marbre noir, orné d’une figure en bois, de l’apôtre ressuscitant, porté par des anges. Devant son mausolée, une pierre funéraire sculptée d’un écusson, recouvre les cendres d’Alburquerque. Côte-à-côte sommeillent les deux conquérants ; des sabres croisés glorifient le héros qui établit la domination portugaise aux Indes et une figure représentant la charité pleure sur la tombe du saint qui triompha « parce que les doux posséderont la terre. »