On ne conçoit pas l’autorité sans responsabilité, c’est-à-dire sans une sanction — récompense ou pénalité — qui accompagne l’exercice du pouvoir. La responsabilité est un corollaire de l’autorité, sa conséquence naturelle, sa contrepartie nécessaire. Partout où une autorité s’exerce, une responsabilité prend naissance.
Le besoin de sanction qui a sa source dans le sentiment de justice est confirmé et accru par cette considération que, dans l’intérêt général, il faut encourager les actions utiles et décourager les autres.
La sanction des actes de l’autorité fait partie des conditions essentielles d’une bonne administration. Elle est généralement difficile à réaliser, surtout dans les grandes entreprises : il faut établir d’abord le degré de responsabilité, puis le taux de la sanction. Or, s’il est relativement aisé d’établir la responsabilité des actes d’un ouvrier et une gamme de sanctions correspondantes, c’est déjà ardu pour un contre-maître, et, à mesure qu’on s’élève dans la hiérarchie des entreprises, que les opérations sont plus complexes, que le nombre des agents participants est plus grand, que le résultat final est plus lointain, il est de plus en plus difficile de dégager la part de l’acte d’autorité initial dans l’effet produit, d’établir le degré de responsabilité du chef. La mesure de cette responsabilité, son équivalence matérielle, échappent à tout calcul.
Alors la sanction est une question d’espèce, d’usage, de convention où le juge doit tenir compte de l’acte lui-même, des circonstances qui l’entourent et des répercussions qu’elle peut avoir. Le jugement exige une haute valeur morale, de l’impartialité et de la fermeté. Si toutes ces conditions ne sont pas remplies, il est à craindre que le sentiment de la responsabilité disparaisse de l’entreprise.
La responsabilité vaillamment encourue et supportée est une source de considération ; c’est une sorte de courage très apprécié partout. On en a une prouve palpable dans le traite-