Page:Feer - Le Tibet.djvu/60

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
56
LE TIBET

Le Bodhisattva qui doit revêtir le premier la dignité de Bouddha est Maitreya. Il est naturellement fort vénéré ; mais d’autres le sont encore plus que lui. Ce sont, en particulier, Avalokiteçvara et Mandjouçrî ; Avalokiteçvara, appelé en tibétain Tchanrezi, est le patron du Tibet : c’est un disciple de Çâkya-mouni dont l’existence est fort douteuse, mais auquel, à défaut d’histoire véritable, on a forgé une histoire légendaire très fournie. Mandjouçrî (tib. Djam-pal)[1] représente la sagesse et la douceur persuasive. En prétendant que Thon-mi-Sambhota, le premier tibétain qui alla dans l’Inde chercher les livres bouddhiques, était une incarnation de ce Bodhisattva, les Tibétains montrent bien qu’ils lui attribuent un rôle important dans l’histoire de leur conversion au bouddhisme. Toutefois, sa légende n’est pas aussi riche que celle d’Avalokiteçvara, et il reste au second rang.

Adi-bouddha. — Pour remédier à l’inconvénient de la multitude des bouddhas, on a imaginé un bouddha primordial (ce que signifie le sanskrit Adi-bouddha) dont tous les autres ne sont

  1. Tous les noms religieux du bouddhisme ayant une forme sanscrite originale et une forme tibétaine qui en est la traduction, nous donnons tantôt l’une, tantôt l’autre, quelquefois les deux. Les abréviations sk. et tib. indiquent respectivement la forme sanscrite et la forme tibétaine.