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Page:Fenelon - Aventures de Telemaque suivies du recueil des fables, Didot, 1841.djvu/200

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LIVRE ix.

dans toute sa gloire, et que le lâche Pâris jouît encore en paix de ses infâmes amours avec Hélène. Philoctète, si longtemps malheureux et abandonné dans l’île de Lemnos, ne craignez-vous point de retrouver de semblables malheurs dans une semblable guerre ? Je sais que les peuples de la Laconie ont senti aussi les troubles causés par la longue absence des princes, des capitaines et des soldats qui allèrent contre les Troyens. Ô Grecs, qui avez passé dans l’Hespérie, vous n’y avez tous passé que par une suite des malheurs qui ont été les suites de la guerre de Troie !

Après avoir parlé ainsi, Mentor s’avança vers les Pyliens ; et Nestor, qui l’avait reconnu, s’avança aussi pour le saluer. Ô Mentor, lui dit-il, c’est avec plaisir que je vous revois. Il y a bien des années que je vous vis, pour la première fois, dans la Phocide ; vous n’aviez que quinze ans, et je prévis dès lors que vous seriez aussi sage que vous l’avez été dans la suite. Mais par quelle aventure avez-vous été conduit en ces lieux ? Quels sont donc les moyens que vous avez de finir cette guerre ? Idoménée nous a contraints de l’attaquer. Nous ne demandons que la paix ; chacun de nous avait un intérêt pressant de la désirer ; mais nous ne pouvions plus trouver aucune sûreté avec lui : il a violé toutes ses promesses à l’égard de ses plus proches voisins. La paix avec lui ne serait point une paix ; elle lui servirait seulement à dissiper notre ligue, qui est notre unique ressource. Il a montré à tous les peuples son dessein ambitieux de les mettre dans l’esclavage, et il ne nous a laissé aucun moyen de défendre notre liberté qu’en tâchant de renverser son nouveau royaume. Par sa mauvaise foi, nous sommes réduits à le faire périr, ou à recevoir de lui le joug de la servitude. Si vous trouvez quelque