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FABLES.

gue qui vous rendra le plus heureux et le plus puissant des hommes, pourvu que vous n’en abusiez jamais. Quand vous tournerez le diamant en dedans, vous serez d’abord invisible ; dès que vous le tournerez en dehors, vous paraîtrez à découvert. Quand vous mettrez l’anneau à votre petit doigt, vous paraîtrez le fils du roi, suivi de toute une cour magnifique : quand vous le mettrez au quatrième doigt, vous paraîtrez dans votre figure naturelle. Aussitôt le jeune homme comprit que c’était une fée qui lui parlait. Après ces paroles, elle s’enfonça dans le bois. Pour lui, il s’en retourna aussitôt chez son père, avec impatience de faire l’essai de sa bague. Il vit et entendit tout ce qu’il voulut, sans être découvert. Il ne tint qu’à lui de se venger de son frère, sans s’exposer à aucun danger. Il se montra seulement à sa mère, l’embrassa, et lui dit toute sa merveilleuse aventure. Ensuite, mettant l’anneau enchanté à son petit doigt, il parut tout à coup comme le prince, fils du roi, avec cent beaux chevaux, et un grand nombre d’officiers richement vêtus. Son père fut bien étonné de voir le fils du roi dans sa petite maison ; il était embarrassé, ne sachant quels respects il devait lui rendre. Alors, Rosimond lui demanda combien il avait de fils. Deux, répondit le père. Je les veux voir ; faites-les venir tout à l’heure, lui dit Rosimond : je les veux emmener tous deux à la cour pour faire leur fortune. Le père timide répondit en hésitant : Voilà l’aîné que je vous présente. Où est donc le cadet ? je le veux voir aussi, dit encore Rosimond. Il n’est pas ici, dit le père. Je l’avais châtié pour une faute, et il m’a quitté. Alors Rosimond lui dit : Il fallait l’instruire, mais non pas le chasser. Donnez-moi toujours l’aîné ; qu’il me suive. Et vous, dit-il, parlant au père, suivez deux gardes qui vous conduiront au lieu que je leur marquerai. Aussitôt deux gardes emmenèrent le père ; et la fée dont nous avons parlé l’ayant trouvé dans une forêt, elle le frappa d’une verge d’or, et le fit entrer dans une caverne sombre et profonde, où il demeura enchanté. Demeurez-y, dit-elle, jusqu’à ce que