Page:Ferdinand Buisson - Sébastien Castellion - Tome 1.djvu/182

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164 SEBASTIEN CASTELLION· JOSEPH VENDU (Genèse, chap. xxxvn.) SIMÉON, LEVI, RUBEN, JOSEPH, JUDAS, Les nixncxmrss. Snxâon. -— Voilà ce songeart : çà, mettons-le à mort, et jettons son corps en quelque caverne. ` Levi. —~ Mais que rapporterons-nous à nostre père de luy? Siméon. — Que quelque beste sauvage l’a mangé, nous verrons que ' voudront dire ses songes. Ronan. — Ce serait meschamment fait de souiller ses mains du sang d’un enfant! Mes freres, changez de vouloir. Vous ne sauriez faire plus grand dommage à nous, ou à nostre père. Sanson. - D`0u t’est venue cette nouvelle conscience? Veux-tu donc que nous laissons vivre celuy, qui par ses songes signifie que nous tous, voire nostre père et mère, le supplierons? N’est-il pas bien digne d’aIler songer en enfer? Ronan. — Mon frère, s’il doit ainsi advenir, comment s’en garderait- on? si non, de quoy as-tu peur? te semble—t—il un si grand mal, si un enfant qui ne sait rien a songe? Quel mal peut avoir en songes! Fina- lement, si vous êtes tant obstinés, que vous ne pouvez laisser vostre entreprinse, voicy un puits sans eau : à tout. le moins ne le tuez point, ` dévallez-le dans le puits, le péché ne sera pas du tout si grand. S1nÉoN.— Ruben, touchant toy, nous nous en rapportons it toy; de nous, nous avons délibéré de nous en déffaire. Josern. — Dieu vous gard, mes chers frères. Sunàoa. —— Et vrayement nous te baillerons un bon dieu vous gard, qui ` songes que tes frères t’adorent, lesquelz tu salues maintenant si gracieu- sement. Qà, descirons ceste robbe de livrée, de laquelle son père l’a `accoustré, le gorrier mignon ‘. Josarn. — Hélas Dieu, que rue voulez-vous faire? · _ Liîvi. — Nous te tuerons. Josern. - Ha non ferez. Siméon. — Ce est tout arresté. Josarn. —- O mes bons frères, pour l’amour du Dieu souverain, et pour l’amour de votre père, et le mien, qui mourra de douleu1·, je vous prie et supplie. Qu’ay-je fait, quelle est mon offense, et quelle folie et mauvais courage vous meine? Siniâox. — Tu as beau prier. Josaru. — Vostre frère? Siméon. —- Ce est tout conclud. JOSEPH. — Ha, je suis vostre, je suis vostre frère. Siméon. —— Tu pers ton temps. Dévalez—le. Ronan. — Je me retire d’icy, je ne pourraye voir une chose si piteuse. Josarn. — Las misérable que je suis, ou me fourre·0n? vers les mortz? · 0 père, père, que tu recevras une piteuse nouvelle de ton fils, que tu 1. Vestem hanc versicolorem qua pnter cum ornavit delicatuluin puellum.