Page:Ferdinand Buisson - Sébastien Castellion - Tome 1.djvu/187

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LES « DIALOGUES sxcnus ». 169 tout un travail de réflexion qui tient bien plus de la philo- sophie que de la rhétorique ‘. Les Grecs l’ont bien compris quand ils ont appelé Mvc; tout ài la fois la raiso11 et la parole. » Et c`est en partant de cette théorie que Camera- rius passait en revue tous les exercices des classes depuis la récitation des fables d’Esope jusqn’aux vers latins, aux dé- clamations, aux dissertations, pour en chasser la scolastique et y faire entrer le bon sens. Ce que disait Camerarins a \Vittemberg, un peu plus tard, Bamus le redira plus vivement a Paris; Erasme les avait pré- cédés tous deux dans les charmantes et fines remarques dont il avait semé ses traités, notamment le De pueris station ac liberaliler insliluemlis. C`est encore le mème esprit qui ins- pire a Rabelais ses imprécations moitié plaisantes, moitié _ émues contre « les geôles et geôliers de la pauvre jeunesse ». Mais ces idées générales, si dignement représentées par Melanchthon et sa phalange de pédagogues novateurs, ces boutades de Gargantua ou ces railleries érasmiennes, on est heureux de les trouver quelque part appliquées, traduites en un livre de classe, sortant de la forme négative et critique pour s’adapter ai l’enseignement. A cet égard, le mérite des Dialogues sacrés a été de tout temps reconnu. En 1830 Noel et Laplace donnaient encore dans leurs Leçons latines modernes comme un des modeles du genre le dialogue Nauclerus, Naulae, Jonas 2 a côté de dialogues emp1·untés a Erasme, a Vives et a Pétrarque. Cette valeur indiscutée de la latinité est le p1·emier intérêt que presentent les Dialogues sacrés. Mais ce n’est pas le seul, ni le principal. _ V Dans l’intention de l’auteur, les Dialogues sacrés sont bien moins un manuel de latin qu’un livre d’éducation protes- tante : c`en est le véritable trait caractéristique. 1. Proœmium, p. S. 4 9. ‘2° édition, Paris, in-8, p, 335-333.