Page:Ferdinand Buisson - Sébastien Castellion - Tome 1.djvu/203

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LA rssirn ma entrave. '185 'Un mois s`ecoule : on a trouvé chirurgien, portier, se1·vi— teurs et servantes, enterreurs, nettoyeurs ou « cureurs des maisons infectes >>; restait at trouver le ministre. , Le lundi 23 octobre 1542, « maistre Pierre Blanchet, mi- · nistre évangélicque >>, s’est ofl`ert << d’ung· grand CUClll‘ >>; le registre mentionne qu’0utre son gage, on lui donnera « ung · bossot de vin >>, le pain et le bois. ` Deux ou trois jours apres, Calvin ecrit it Viret' : \ Ici aussi la peste commence à sévir davantage, et de ceux qu’elle atteint, peu en réchappent. Il nous a fallu désigner un de nos collègues pour assister les malades. Pierre Blanchet s’étant offert, tous ont aisé- ment consenti a le laisser aller. S’il lui arrivait malheur, je crains bien _ ·qu’aprcs lui ce ne soit a moi de m’exposer au danger, car, comme vous le dites, si nous sommes débiteurs de chaque membre de l’Eglise en par- ticulier, nous ne pouvons pas l`aire défaut à ceux qui entre tous récla-· ment notre ministère. Et pourtant je ne suis pas d’avis qu’en voulant _ rendre service à une partie de l’Eglise, nous abandonnions l’Eglise tout entière. Mais, aussi longtemps que nous sommes dans cette charge, je ne vois pas ce que nous pourrions prétexter si, par peur du danger, nous · abandonnions ceux qui ont le plus besoin de notre secours. Belles et fermes paroles, dont la calme gravité, sans la moindre nuance d’emphase, nous fait lire jusqu`au fond de ces ames partagées entre le sentiment d`un double devoir. Calvin conclut, pour lui-méme connue pour Viret, qui etait et Lausanne dans la même douloureuse situation : << Il n’y aura pas a reculer; s’il ne se trouve personne, c`est tt nous » de remplir notre devoir »; mais il veut que la décision soit prise sérieusement, presque solennellement, « en réunion générale des freres », c’est-a-dire des pasteurs 2. Le 25 octobre, Pierre Blanchet était allé s’installer ai l’ho- pital « de sa spontanée volonté >>. Il vaqua sans défaillance a tous les devoirs de sa charge. _ 4 L’hiver calme la peste, et Pierre Blanchet peut quitter son poste en décembre. Mais l’épidémie recommence au prin- ·l. Trad. du texte latin. Opp. Calv., XI, 457. _?. Viret, quelques mois après, lui écrivait (29 mai 1543) : « Je me trouve en face de cette épidémie dans la même difficulte que l'anuée précedente. Si lc fléau continue irsévir, j`ui décidé d'aller visiter les malades, ii moins qu`il ne soit possible d'y pourvoir autrement. _ J’aimc mieux cela que de faire venir quelqu`un d’ail|eurs ou de forcer uu autre ai accepter , cet office ii contrecœur. Notre diacre, si je ne me trompe, ne s’y refusernit pas, mais je crains fort pour sa vie; il est très gravement malade en ce moment .... » (Ibid., Xi, 563.)